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3,68

sur 729 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce genre de livres, on croit le reconnaître de suite même s'il est unique. Il y a une musique familière, elle ressemble à la mélodie du dépouillement d'une âme, aux accents de sincérité traumatisée. Elle vous infuse dès les premières phrases, peu importe presque ce qui se racontera, peu importe qui se racontera. Est-ce Ocean Vuong, est-ce un double narrateur ? C'est « Little Dog » plus sûrement, tel qu'il se présente : « J'ai 28 ans, je fais 1,63 m, 51 kg. Je suis beau sous trois angles exactement, et sinistre de partout ailleurs. Je t'écris de l'intérieur d'un corps qui autrefois t'appartenait. Autrement dit, je t'écris en tant que fils. »
C'est donc sous une forme épistolaire à sens unique que s'engage cette confession, une longue lettre écrite à sa mère analphabète qui ne pourra pas la lire : « Petite fille, tu as regardé, depuis une bananeraie, ton école s'écrouler après une attaque américaine au napalm. À cinq ans, tu n'as plus jamais remis les pieds dans une salle de classe. » C'est aussi sous la forme de flashs, de scénettes pas forcément chronologiques que se révèle son histoire morcelée. Il y interroge sa construction identitaire et ses origines, plus généralement le déracinement de Vietnamiens expatriés aux USA, la violence de la société américaine, la découverte de l'homosexualité, à travers la schizophrénie de sa grand-mère traumatisée à jamais par les bombes américaines au Vietnam, mais aussi son premier amour dramatique, ou son grand-père qui n'en était pas vraiment un.
Mais c'est surtout par la langue que ce livre porte le lecteur. Une langue à la fois tendre et sulfureuse, à la jeunesse fougueuse, crue et poétique, à ingurgiter à petites doses. Une belle langue, avec des mots qui peuvent glisser ou dire, suggérer ou transcender. Il faut parfois leur laisser le temps pour imprégner la conscience, pour que les scènes se déposent au fond des rétines, qu'elles se déclarent à l'émotion. Jusqu'à entendre « l'impossibilité même que tu lises ceci » comme « la seule chose qui me permet de te le dire », et qui fait résonner l'écriture de ce livre comme un pansement pour son auteur.

« Bien joué mec, m'a dit un jour un homme lors d'une soirée, tu fais un massacre avec ta poésie. Tu les exploses tous ». Avec ce premier roman, Ocean Vuong fait aussi une entrée pour le moins remarquée en littérature.
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Un premier roman flamboyant…nous faisant passer tout au long de la narration du désespoir à la joie… lecture aussi époustouflante qu'éprouvante !

Ce jeune poète Ocean Vuong nous donne à lire, les plaies ouvertes de trois générations d'exilés vietnamiens aux États-Unis…. le déracinement, la violence omniprésente, les multiples discriminations ,le mal-être des personnes transplantées, la drogue, les dérives multiples, etc.

Un premier roman des plus singuliers…dont le style est très étonnant : tour à tour haché, fluide, rempli de poésie et d'hyper-réalisme… Un texte perturbant mettant en scène un jeune garçon d'origine vietnamienne, transplanté en Amérique, élevé par une mère analphabète, qui se tue au travail dans un salon de manucure, une grand-mère aimante mais schizophrène (à cause de la guerre du Vietnam, et des bombes), délirante…Le récit se présente comme une longue lettre d'un fils à sa mère ; lettre qu'elle ne pourra jamais lire, celle-ci n'ayant jamais pu maîtriser l'anglais, la nouvelle langue de l'exil, après la terre vietnamienne…les traumatismes de la guerre…Le jeune garçon lorsqu'il était auprès de sa mère l'aidait dans son quotidien, à se faire « comprendre » :
« Ce soir-là je me suis promis que les mots ne me manqueraient plus jamais quand tu aurais besoin que je parle pour toi. C'est ainsi qu'a commencé ma carrière d'interprète officiel de la famille. A compter de ce jour, à chaque fois que je le pourrais, je comblerais nos blancs, nos silences, nos bégaiements. Je me suis reprogrammé. J'ai retiré notre langue et arboré mon anglais comme un masque, afin que les autres voient mon visage, et par conséquent , le tien. (p. 47)”

Un jeune garçon , en butte aux discriminations car il est différent, il est « jaune »… ne maîtrise pas bien sa nouvelle langue… Il découvre en grandissant qu'il est « gay »…différence qui s'ajoute aux autres facteurs d'exclusion… le parcours de ce jeune garçon est un mélange de désespérance, de survie, et d'infimes instants de splendeur et de tendresse… à l'image de la belle et touchante illustration choisie pour la couverture : cette biche à la fois douce, élégante , attendrissante…sur des passages cloutés… dans les dangers supposés de la ville !

« Parfois, quand je suis insouciant, je crois que survivre est facile : il n'y a qu'à continuer à avancer avec ce qu'on a, ou ce qu'il reste de ce qu'on vous a donné, jusqu'à ce que quelque chose change – ou jusqu'à prendre conscience, enfin, qu'il est possible de changer sans disparaître, qu'il suffisait d'attendre que la tempête passe sur vous pour découvrir – eh bien oui – que votre nom est toujours rattaché à une chose vivante.”

Comme l'exprime justement une phrase du 4ème de couverture : « Un livre d'une justesse bouleversante sur la capacité des mots à panser les plaies ouvertes depuis des générations »… sans oublier la tendresse et la compassion venant contrebalancer l'insupportable, la violence, la noirceur de certains humains , sans oublier les Etats entraînant dans la guerre leurs peuples!...

Un réquisitoire sous-jacent contre toutes les guerres qui abiment le monde et plusieurs générations, chaque fois. Les cicatrices sont longues à se guérir !. Reste que cette Lettre à sa mère si vaillante garde, envers et contre tout, la tendresse, l'Espoir...l'amour de la Vie qui passe par l'amour des mots !

« Depuis tout ce temps je me disais que nous étions nés de la guerre, mais je me trompais, Maman. Nous sommes nés de la beauté.
Que nul ne nous confonde avec le fruit de la violence-mais cette violence a beau avoir traversé le fruit, elle n'a pas réussi à le gâter. « (p. 270)

Près de 60 critiques 5 mois après sa sortie…Résultat riche de promesses, pour un tout premier roman… Critiques que je ne lirais pas avant , d'avoir rédigé mon “propre ressenti”. Un vrai choc de lecture dû à la fois à l'intensité du contenu et à la Musicalité très colorée de sa prose , prodigue en images fulgurantes, couleurs, sons et odeurs , liées harmonieusement…
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Ce roman raconte l'histoire de Little Dog un jeune homme d'origine vietnamienne, né en 1988, qui est hanté par la guerre du Vietnam qu'il n'a pas connue. Ce roman est présenté comme une longue lettre que le fils adresse à sa mère et dans laquelle il retrace l'histoire de sa famille.

Rose sa mère est la fille d'un soldat américain, sa grand-mère Lan était obligée de se prostituer pour survivre. Lan restera traumatisée toute sa vie par les bombardements américains. À cinq ans, Rose a vu son école s'écrouler après une attaque américaine, elle n'a plus jamais mis les pieds dans une salle de classe. Aujourd'hui analphabète elle use ses mains dans un salon de manucure.

Par petits flashs, l'auteur nous entraîne dans l'horreur de cette guerre. Des villages entiers qui partent en fumée, dix mille bombes lâchées par l'armée américaine sur un pays pas plus grand que la Californie, davantage que le nombre de bombes déployées pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Il n'y a rien à manger, les gens mettent de la sciure de bois dans le riz pour le rallonger. Quand il y a un rat au menu, c'est un jour de chance. Rose souffre d'un syndrome post-traumatique, elle frappe son fils, elle n'est pas normale, elle est malade du cerveau.

La seconde partie du roman tourne autour du personnage de Trevor, qui va être pour Little Dog la révélation de son homosexualité, l'auteur ne nous épargne aucun détail de cette passion dévorante et les ravages de la drogue.

L'écriture de ce roman est splendide, poétique, violente, crue, mais la lecture m'a semblé difficile. La construction du récit est faite de juxtaposition, de séquençage, des époques différentes se chevauchent en permanence. Je dois dire que j'ai été un peu déstabilisé par cette fragmentation de l'histoire bouleversante de ce jeune homme à qui on a appris à se rendre invisible pour être en sécurité.
Un roman d'une grande richesse sur la violence de la guerre, du déracinement, sur des plaies qui ne se refermeront jamais, sur la différence, sur le racisme, sur le mirage du rêve américain.
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Un fils adulte s'adresse à sa mère, évoque les souvenirs, bouscule le tabou du passé, se raconte jusqu'à l'impudeur.

Little Dog, petit garçon métis, petit-fils de GI, dépositaire de l'histoire dramatique de sa mère et de sa grand-mère ayant fui la guerre du Vietnam, soutien de famille d'intégration en étant seul capable de parler la langue du pays d'adoption. Une famille déracinée dans l'Amérique des années 90 et suivantes.

Les premières pages se méritent, rendues obscures par un mode narratif un peu décousu et métaphorique, sans doute pertinent pour évoquer la psychologie brouillée de l'enfance faite de compréhensions aux perceptions tronquées. Peu à peu le lecteur s'adapte car les souvenirs s'organisent et se concentrent sur une histoire familiale au quotidien impécunieux, sur l'apprentissage d'un jeune garçon confronté à une nouvelle culture et à son homosexualité évoquée très crûment.

On évoque un jeune prodige littéraire pour ce premier roman puissant, à l' écriture originale, comme débordante et désordonnée. J'ai trouvé cette lecture éprouvante, souvent fragmentée, certains passages d'une beauté poétique quand d'autres restent confus.
Inspirée du parcours personnel de sa famille, Ocean Vuong écrit sur le déracinement et les traumatismes de guerre, sur les déshérités de la société américaine, où violence, pauvreté, délinquance et racisme envers les minorités se mêlent.
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Me voilà bien embarrassée : trois étoiles et demie seulement pour l'Océan, mais une petite voix au fond de moi me crie qu'il en vaut bien plus … le problème, c'est, je pense, que ce roman est tombé au mauvais moment, et que je ne l'ai peut-être pas accueilli avec toute l'attention avec toute la curiosité qu'il méritait. Je le regrette mais ainsi sont les choses.

Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien – qui aurait pu s'appeler groin de cochon, crâne de buffle ou bâtard - nous parle des ravages de la guerre du Vietnam, vue des victimes. Comme cette dame qui vient faire masser son pied amputé, son pied fantôme, son pied souvenir. Moment d'une infinie tendresse qui a réussi à réconforter cette partie amputée de mon coeur blessé. Petit miracle de la lecture.

Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien nous parle aussi construction, espoir, projet, malgré la douleur, malgré la perte et la folie des hommes. Car « toutes les boîtes finiront par s'ouvrir avec le temps, avec les mots. »
Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien évoque pour nous son désir naissant, cette chose si frêle et pourtant dévastatrice, cette soif de l'Autre dans lequel on aimerait échapper à soi-même. Et avec lui j'ai eu envie de repousser un peu plus loin les barreaux de la prison qui nous tient enfermés.

Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien nous parle avec justesse de l'écriture qui libère, des virgules auxquelles on demande d'être des points, des mots qui disent tout d'eux en restant simplement immobiles, en se contentant d'être. Des mots qui sauvent une vie en lui donnant un sens.

Trois étoiles et demie, mais je vous en prie, si le coeur vous en dit, foncez découvrir ce quand même beau récit. Et je serai très heureuse de lire votre billet qui soutiendra la myriade de constellations que vous lui accorderez, j'en suis sûre.
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J'ai choisi de lire ce roman pour la poésie qui se dégage de ce magnifique titre et pour la couverture, pleine de grâce, de charme et de fragilité. Un bref instant de splendeur
Cette biche qui regarde le lecteur est-elle Ocean Vuong qui ne sait s'il peut traverser ou pas au passage piéton ? Que trouvera-t-il de l'autre côté s'il décide de s'engager et de traverser ? Et nous, que trouverons-nous après la lecture de ce roman ?
Cette couverture dégage autant de poésie que de crainte, d'incertitude.
*
« Un bref instant de splendeur » est une longue confession, celle d'un fils à sa mère. Une longue lettre sans tabou, sans censure.
Une lettre qu'elle ne lira jamais. Une lettre d'amour, une lettre de haine. Une lettre criante de sincérité, de vérité. Une lettre pour lui dire ce qu'il n'a jamais pu lui avouer, et en particulier son amour pour elle, malgré tous ses manques. L'auteur commence son récit par ces mots :
« Chère Maman,
J'écris pour me rapprocher de toi – même si chaque mot sur la page m'éloigne davantage de là où tu es. »
*
Ecrire pour exorciser ses blessures et révéler par écrit ce qui ne peut être dit.
« Depuis tout ce temps je me disais que nous étions nés de la guerre- mais je me trompais, Maman. Nous sommes nés de la beauté.
Que nul ne nous confonde avec le fruit de la violence- mais cette violence a beau avoir traversé le fruit, elle n'a pas réussi à le gâter. »
*
Avec beaucoup de finesse et de poésie, l'auteur a choisi le récit épistolaire, s'inspirant en parti seulement, de sa vie pour nous révéler un passé où se déploient fractures, manques, peurs, folie.
Mais au-delà de cette confession, le récit d'Ocean Vuong amène des réflexions intéressantes sur la guerre, l'exil, le déracinement, le racisme, la pauvreté, l'envers du décor du rêve américain, l'éveil du désir sexuel

Les mots de l'auteur nous transpercent. le ton est souvent délicat et fin, mais aussi violent et cru.
Beaucoup de pages sont bouleversantes. Pourquoi ? Parce que magnifiques, parce que difficiles, parce que tristes, parce que révoltantes.
Si je devais résumer ce roman par trois mots, je choisirais : perte, désir, amour.
*
Ce roman se découpe en plusieurs parties.
La première, celle que j'ai préférée, nous immerge dans la guerre du Vietnam. Nous faisons la connaissance de la mère et de la grand-mère du narrateur. Leur histoire personnelle est touchante, toutes deux traumatisées par la violence, les horreurs de la guerre et la nécessité de quitter leur pays.
« Je ne savais pas que la guerre était toujours en toi, ni même qu'il y en avait eu une, de guerre, et qu'une fois que ça pénètre en vous ça ne vous quitte jamais – mais ne fait que résonner, un écho qui dessine le visage de votre propre fils. Boum. »

A mi-parcours, le roman devient plus intime, mais aussi plus cru. le récit se nourrit de souvenirs plus récents, comme si l'auteur déroulait un fil conducteur jusqu'à ce jour. le narrateur révèle à sa mère qui il est vraiment. Découverte de son corps, de celui de l'autre.
Cette deuxième partie ne m'a pas touchée autant que la première. Il m'a manqué, pour la trouver remarquable, plus de retenue, plus de pudeur sur cette relation.
*
L'écriture d'Ocean Vuong est très originale, mais aussi complexe.
Parfois courtes et saccadées, parfois très longues, les phrases de l'auteur sont le reflet de ses émotions. C'est comme si écrire était un combat intime et faisait mal. Comme si le narrateur avait peur de s'arrêter d'écrire, comme si le moindre arrêt dans ses pensées l'empêcherait de poursuivre ses révélations, de continuer à être sincère.

Mais ce que je retiens aussi et surtout, c'est le récit totalement déstructuré, entre passé et présent, mélangeant plusieurs souvenirs, plusieurs époques, sans parfois aucun repère temporel. Les idées rebondissent de l'une à l'autre, ambivalentes, se croisent, s'entrecroisent, mélangeant la beauté à la laideur, la douceur à la cruauté, le silence à la folie.
Son histoire familiale, entrecoupée de parenthèses philosophiques déstabilisantes, plus difficiles à lire, m'a souvent demandé une relecture pour en apprécier les idées. L'auteur utilise souvent des images et des métaphores pour exprimer ses émotions. Les animaux, monarques, bisons, macaques, élans, soutiennent son propos.
Ce « flottement » dans le récit, m'a troublée et m'a souvent éloignée de l'histoire. Je dois avouer que quelques passages me sont restés nébuleux.
*
Il reste qu'Ocean Vuong a du talent. Il signe un beau roman, étrange et déroutant. le récit est poignant, douloureux. Les personnages bien dessinés, marquants, esquintés par la vie, m'ont touchée.
Mais ce long monologue fait de tranches de vie, de souvenirs, de réflexions philosophiques demande aussi des efforts de la part du lecteur pour être compréhensible.
*
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Avec ce premier roman, Ocean Vuong, américain né à Saigon, écrit une lettre à sa mère qu'elle ne lira jamais car elle ne parle pas anglais. Elle est née d'un soldat américain et d'une vietnamienne pendant la guerre du Vietnam.

La tutoyant, il lui parle à coeur ouvert mais avec pudeur de son enfance, de leurs souvenirs communs, de Lan sa grand-mère et plus tard de Trevor, l'homme qu'il aime. On sent beaucoup d'amour pour sa mère et sa grand-mère, malgré les failles de chacune, malade de la tête, à jamais meurtrie par la guerre et ses horreurs. Sa mère le frappe à plusieurs reprises alors qu'il est encore petit, sa grand-mère le protège.

Le narrateur est très attachant et évoque avec poésie, dans un superbe flot, le fait d'être «jaune» dans un pays de blancs et homosexuel dans un pays intolérant. Enfant puis adolescent timide, il se cherche une place, dans une nation qui ne veut pas de lui et la trouve auprès de Trevor dans une relation amoureuse puissante et autodestructrice, hélas ponctuée par l'usage de drogues. Il la trouve aussi et surtout dans les mots, dans les livres et dans l'écriture, seul diplômé de sa famille.

La langue très vivante et imaginée de Ocean Vuong m'a transportée. On aimerait noter les phrases dans un petit carnet pour s'en souvenir. Les métaphores animalières apportent encore davantage d'empathie à cette jolie lettre et la couverture l'illustre parfaitement.

Le texte est cependant très morcelé, sans chronologie, passant d'un instant à l'autre, ce qui m'a un peu perturbée. À mon sens, il manque un souffle romanesque et du liant à tous ses «fragments qui flottent».

Un premier roman juste, abordant les thèmes essentiels que sont la race, l'identité sexuelle, la filiation et l'exil. J'attends son prochain texte avec impatience !
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"Un bref instant de splendeur" est une lecture exigeante, je l'ai lu par petites touches, pas trop à la fois. On rentre dans une intimité, celle d'un enfant à sa mère, sous la forme d'une lettre qu'elle ne lira sans doute jamais.
Océan Vuong a eu le besoin d'exprimer comme une sorte de thérapie ce qu'il a vécu, de révéler pour elle et surtout pour lui ce qu'il n'a pas été capable de dire à l'époque, tous ces sentiments, ces ressentis, ces questions sans réponses.
On ne sait pas à certains moments ce qui relève de ce qui a été vécu, rêvé ou déformé par son regard et ses souvenirs d'enfant.
Un livre qui traite également des traumatismes de la guerre pour les civils, de l'intégration dans un pays étranger, des méfaits de la drogue, de la découverte de la sexualité.
Une histoire familiale singulière où l'on pénètre, sans aller jusqu'au voyeurisme mais avec une certaine gêne parfois. C'est une langue belle, poétique, bravo à Marguerite Capelle, la traductrice, d'avoir si bien su trouver les mots pour retranscrire ces émotions.
Ocean Vuong est, sans doute, un grand écrivain en devenir. Ce premier roman envoûte le lecteur et le laisse heureux de l'avoir croisé.
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"Je ne suis pas un monstre. Je suis une mère"

Océan Vuong est un poète américain né à Hô Chi Minh-Ville en 1988. Il a été transféré avec sa famille dans un camp de réfugiés aux Philippines en 1990 avant de pouvoir gagner les États-Unis, où il a grandi dans le Connecticut. Ce roman est la lettre qu'il adresse à Rose, sa mère analphabète qui ne pourra donc jamais la lire. Rose est la fille d'un soldat américain et d'une paysanne vietnamienne, elle parle à peine anglais et travaille dans un salon de manucure aux États-Unis.

Avec cette lettre, Océan Vuong, surnommé "Little Dog", remonte son histoire familiale, il revient sur son enfance auprès d'une grand-mère dont la schizophrénie a été aggravée par la guerre et d'une mère aimante mais violente, toutes deux traumatisées par la guerre, hantées par le napalm. Sa mère est "le pur produit de la guerre du Vietnam", il la perçoit parfois comme un monstre mais "être un monstre, c'est être un signal hybride, un phare : à la fois refuge et avertissement... Peut-être que lever la main sur son enfant, c'est le préparer à la guerre..."

Au-delà de l'histoire de sa famille, il parle également de la découverte de son corps, de son homosexualité et de son premier amour.

Un beau récit autobiographique sous forme d'une lettre-confession poignante qui commence par ces mots "Chère Maman, j'écris pour me rapprocher de toi", une lettre dans laquelle l'auteur se livre à une introspection qui révèle sa sensibilité à fleur de peau.
La narration n'est pas linéaire, le langage est parfois cru, les souvenirs sont souvent effroyables, des scènes choc restent en tête une fois le livre terminé, comme la scène de sa grand-mère, jeune femme tenant sa fille dans les bras, face aux soldats américains en 1968. On perçoit la marque indélébile que cette guerre qu'il n'a pas vécue (il est né en 1988) lui a laissée, une guerre qui ne cesse de le miner comme elle hante les générations de survivants exilés aux États-Unis " Une guerre, une fois que ça pénètre en vous, ça ne vous quitte jamais."
Il nous parle de déracinement, de racisme, d'incommunicabilité, de violence et des ravages de la drogue dans une Amérique très sombre. Les questions de race, de classe et de masculinité traversent tout le roman.
Une lettre d'amour déchirante, un texte très puissant servi par une langue d'une grande beauté. le mode narratif m'a parfois perdue dans l'histoire, mais j'ai accepté de me laisser porter par l'écriture de toute beauté.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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"Little Dog" est un jeune homme d'origine vietnamienne, qui vit aux Etats-Unis. Pur produit de la guerre du Vietnam, comme il dit, il écrit à sa mère une longue lettre qu'elle ne lira jamais, puisqu'elle est illettrée. Cela lui permet de tout livrer, de passer de l'enfance au présent, des souvenirs aux confidences.
Enfant battu, il a grandi avec cette mère perdue, née d'un père occidental, qui a fait ce qu'elle a pu pour se sortir de sa condition, et qu'on devine sans grande intelligence; avec sa grand-mère Lan, elle aussi marquée par la guerre et les coups de la vie. Et puis, ce jeune garçon va raconter les coups, les questions, et son homosexualité, encore si taboue et si décriée pour ses origines.

Ce n'est pas un roman - il ne faut pas le lire comme tel - presque un Journal, un récit d'enfance et d'adolescence adressé à un "toi" qu'on oublie au fil de la lecture. Certains passages sont très crus, d'autres très durs, à la limite de l'insoutenable, d'autres encore très doux, très poétiques. En tout cas ce livre inclassable ne laisse pas indifférent: pendant toute la première partie de ma lecture, j'étais bien incapable de dire si j'aimais ou pas!
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