Plus jamais on ne dira le jour d'hier, le jour d'autrefois, le jour de demain. Plus jamais on ne brodera une histoire à partir d'un "Il était une fois" naïf ou arrogant. Plus jamais on ne dira touche-moi là, le lieu de la tête, le lieu du thorax, le lieu du ventre. Mais où est ma tête ? Où est mon corps ? Pourquoi ce vide autour de moi ? Le seul contact visuel et un ciel profond, à nul autre pareil. Plus rien ne séparera la carte des goûts, la carte des douleurs et celle des remords.
(dans "Terminus")
Le génocide rwandais est le premier reconnu par la communauté des nations depuis 1948. Quel anthropologue redira que les sociétés se construisent autour d'un crime commis ensemble ?
Notre humanité exige de donner, ne serait-ce que pour quelques instants, visage, nom, voix et, partant, mémoire vive aux centaines de milliers de victimes pour qu'elles ne soient pas simplement synonymes de chiffres, au pire, précipitées dans les caveaux de l'oubli et au mieux dormant dans les colonnes de quelques tableaux plus ou moins officiellement reconnus par la conscience qu'on dit collective et qu'il faut raffermir de jour en jour, souvent dans l'urgence et par à-coups, ce qui n'est pas très recommandé au plan de l'efficacité.
Wole Soyinka , non sans provocation ,a repris a son compte dans un récent essai,cette citation devenue célèbre : " Un mort est une tragédie, un million de morts est une simple statistique"
Quand une dent est pourrie il faut savoir l’arracher à temps avant qu’elle ne contamine toute la bouche.
Ils savaient exactement où était leur place,car on ne peut pas se vouloir à la fois la paume et le dos de la main.
Wole Spyinka a repris à son compte , dans un recent essai,cette observation devenue celebre " Un mort est une Tragedie. Un million de morts une simple statistique."