Si c'est la fin du monde

Mais tout a une fin. C'est ainsi. Et je ne voudrais pas vous déprimer ni rien de la sorte, parce que je sais que c'est bien la dernière chose dont nous avons besoin en ce moment. Mais ça n'en reste pas moins vrai. Il n'y a rien en quoi je crois plus que cette vérité. Ni paradis, ni enfer, ni qu'une quelconque part de nous-mêmes survivra si... si ça arrive. Mais ce que je peux affirmer, c’est que, pour moi, ça en valait quand même la peine. Je veux dire, ça valait la peine d'être vivante.

Dans une seconde, la vraie pluie arriverait. C'était ça Seattle : une saloperie de bruine perpétuelle, entrecoupée d'averses diluviennes. Exactement comme la vie ; une merde perpétuelle entrecoupée de merdes encore pires. Et pour finir, un gros rocher qui vous tombait sur la tête.

L'endroit était toujours calme, parce que personne ne moisissait dans la bibliothèque s'il pouvait l'éviter. C'est-à-dire, personne à par les bibliothécaires qui trottinaient derrière le comptoir ou dans les allées et confiaient de mauvaise grâce leur précieux bouquins.
À leurs yeux, les étudiants semblaient être essentiellement des individus à qui il fallait imposer le silence ; On pouvait avoir toute une conversation avec l'un d'entre eux qui se réduisait à une kyrielle unilatérale de "chut"

C'est pour ça que j'adore cet astéroïde, déclara-t-il. On passe toute notre vie plantés sur un rebord comme celui-là, sauf qu'on fait semblant de ne pas le voir. Tout le monde va au boulot, économise son fric, élève ses mômes, et il suffit d'une petite poussée... et hop, on se casse la gueule. J'ai toujours eu l'impression d'être le seul à m'en apercevoir. Mais plus maintenant. Maintenant, tout le monde en est au même point.

C’était la plus irréfutable négation de la mort qui pouvait exister : l’extase farouche du corps, l’invincibilite du cœur.

Deux mois pour nous aimer, pour être libres, pour être heureux.
Deux mois pour laisser une trace.
Deux mois pour réaliser nos rêves.
Deux mois pour vivre.
Pour vivre vraiment.

« La vie était-elle trop courte ? Bien sûr que oui – il n’y avait jamais assez de temps pour faire tout ce qu’on voulait faire. Et bien sûr que non – si elle durait plus longtemps, on l’apprécierait beaucoup moins qu’on ne le faisait. Était-il mieux de vivre pour son propre intérêt, ou pour l’intérêt des autres ? Pour son propre intérêt, évidemment – c’était folie que de prendre la responsabilité du bonheur d’autrui. Et pour l’intérêt des autres, évidemment – l’égoïsme n’était qu’une autre façon de s’isoler, alors que tout le monde savait que le véritable bonheur nichait dans l’amour et l’amitié. »

C’était incroyable, la manière dont les gens continuaient d’avancer, même s’ils étaient en train de mourir d’un cancer du pancréas, d’un abus de drogue ou de l’apocalypse elle-même.

Comme un soleil éclatant contient la promesse d’un orage.

Une fourmilière hystérique d’adultes, tellement habitués à avoir la situation sous contrôle qu’ils ne s’apercevaient même pas que le temps du contrôle était terminé.