Ça commençait bien pourtant : une jolie couverture aux couleurs sobres, annonçant le programme sans fioritures. le pitch lui aussi était alléchant : une histoire de vengeance entre le Wyoming et le Montana en 1876. Bref un western quoi, s'il fallait un dernier argument pour finir de me décider à choisir ce titre lors de la dernière MC graphique.
Une attirance un peu malsaine pour cette thématique vindicative sûrement, me rappelant les petits bijoux du genre que sont Bravados, Sept hommes à abattre, La chevauchée de
la vengeance, La mort était au rendez-vous et autre Nevada Smith... Bref, pas la loi du Talion qui manque dans les westerns. Tout cela augurait donc un bon petit divertissement et, cerise sur le Smith & Wesson, cette BD est arrivée une semaine avant la date prévue. M'y suis plongée dare-dare.
Et malheureusement... sur un thème certes archi rebattu mais toujours passionnant, c'est quasiment une obligation de se montrer original ; une qualité que cette Vengeance ne cultive pas, loin s'en faut. En 90 pages (ressenti : 12), on assiste à une traque vide, machinale et difficilement réaliste. A croire que les États-Unis sont grands comme le Liechtenstein.
Le personnage qui crie vengeance est lui même très basique : simple éleveur qui, après l'assassinat de sa femme, poursuit ses trois assassins, entraînant de force sa fille et son fils dans cette expédition punitive, insensible et sourd à la détresse de ces derniers, prêt à risquer leur mort à eux aussi pour accomplir sa justice de veuf éploré. Encore une fois, un manque de réalisme assez flagrant, même si j'imagine qu'on doit comprendre par là que, submergé par le chagrin, les outils de la raison ne sont plus accessibles mais ici ça ne fonctionne pas du tout, rapport à la psychologie des personnages pour laquelle on repassera. L'alternance d'un encrage bleu froid et jaune chaud avant/après est presque plus profonde qu'eux.
Un point tout de même m'a semblé intéressant concernant les vilains, d'autant plus perceptible dans cette BD qui accumule les poncifs : les trois tueurs n'avaient pas l'allure plus ou moins habituelle des truands dans ce genre d'oeuvres. Non. Ici, des gonzes lambdas, âge mûr, calvasse, moustache. Plutôt même une gueule de shérif pour Jim Pickford le meneur, sosie de
Gene Hackman. C'était bien vu, ayant d'habitude droit à des binettes à la jonction de
Bud Spencer, Lee van Cleef et
Klaus Kinski pour qu'on comprenne bien qu'à moins de cultiver des tendances suicidaires, mieux vaut changer de vallée si on a le malheur de les croiser.
En conclusion, si cette BD avait été un premier tome, présentée en guise d'intro à une histoire plus profonde, voire au développement de certains personnages (la fille du justicier par exemple, genre de Mattie Ross en devenir) ou éventuellement un préquel sur – par exemple – pourquoi les trois assassins en sont arrivés là, mais non, semblerait qu'il s'agisse d'un one shot et qu'il faudra s'en contenter... le temps qu'elle se fasse oublier... dans trois jours je dirais.
Voilà c'était ma 200ème critique, contente que ce soit tombé sur une MC, dommage que ce ne fut pas sur un chef-d'oeuvre (souvenir encore ému des Frères K), tant pis. Que tout cela ne m'empêche bien sûr pas de remercier comme il se doit les éditions Anspach.