Histoire de la Peinture européenne

Le XVe siècle est avant tout le siècle de la Renaissance. Dans son acception originale, ce terme désigne un renouveau de l'Antiquité classique, et en fait, l'étude des classiques joua un grand rôle dans les aspirations du quattrocento. Les meilleurs esprits s'efforçaient de vivre selon les principes de l'Antiquité, les œuvres des grands écrivains latins retrouvaient un public enthousiaste, et l'on vit un admirateur de Platon, le florentin Alberti, tout à la fois poète, architecte et mathématicien, écrire un Traité de peinture inspiré des meilleurs exemples de l'art gréco-romain.

Les premiers, les Romains se sont essayés au portrait psychologique. Leurs bustes d'hommes et de dames romaines sont d'une authenticité et d'un modernisme inattendus. Ce même modernisme nous frappe dans les fresques de Pompéi. Beaucoup d'entre elles sont de qualité médiocre et ne méritent guère leur célébrité ; il s'agit souvent d'exécutions machinales dues à des artisans plus qu'à des artistes. Pourtant, quelques-unes sont de grande qualité. Ce qui nous émeut surtout, dans ces fresques, c'est la mélancolie dissimulée sous une apparence de frivolité. En cela, les mœurs romaines s'accordent avec la tradition grecque. Par-dessous la frivolité manifeste d'une vie sensuelle, dépourvue de spiritualité, on devine le pressentiment d'une fin inéluctable.

Cette association entre Vidée de nouveauté et Vidée de beauté, si particulière à l'Europe, est loin d'avoir été établie ailleurs. En Orient, en Extrême-Orient, à Byzance, dans la Russie des XVIe et XVIIe siècles, rien n'empêchait qu'un artiste fût très grand tout en se bornant à reproduire, en le perfectionnant sans cesse, un modèle traditionnel. Dans de nombreuses sociétés, on ne remet jamais en cause cet idéal ; on se transmet les procédés, les secrets, les savoir-faire.

L'oeuvre d'art n'est pas un monologue, mais le premier terme d'un dialogue qui se renoue à chaque génération, et toujours différemment, entre l'artiste et « l'amateur » — le collectionneur, le visiteur des musées, le badaud de la Foire du Trône, l'assidu des galeries d'art, et vous» même, à présent, qui êtes engagé à leur suite.

La beauté des cathédrales gothiques réside d'abord dans leurs qualités architecturales, mais il ne faut pas en oublier les sculptures. Parfois même, comme dans la cathédrale de Reims, l'attrait de la façade réside uniquement dans les sculptures dont elle est ornée.