En route pour le bush australien, dépaysant et splendide de naturel !
Quel court recueil que celui-ci ! Vite lu, vite digéré, il est néanmoins fort instructif car il s'appuie à identifier l'Australie dans ce qu'on appelle le bush c'est-à-dire la campagne, loin des grandes villes urbaines. C'est au travers de trois nouvelles, que je qualifierais plutôt d'encarts, qu'on intègre certaines notions du bush de l'époque (début du XXème siècle). Ce sont des instantanés qui sont livrés ici dans toute la soudaineté et le naturel de personnalités et de paysages pris sur le vif.
La première nouvelle montre comment les indigènes s'intègrent aux foyers de riches propriétaires terriens. Ils sont chargés des tâches ménagères mais sont priés de rester à bonne distance des enfants. Dans la famille que nous suivons c'est une jeune indigène Picky qui est adoptée par une famille de blancs. Malgré l'éducation stricte qu'elle reçoit d'une fervente catholique, Picky semble malgré tout fascinée par les gens de couleurs et par la vieille Mary avec qui elle a fui lorsque les "troopers" (police à cheval) les ont chassé en tuant l'essentiel de leur tribu d'appartenance. Et si les racines reprenaient le dessus?!
Deuxième nouvelle et toute autre ambiance. Nous sommes avec les Murphy, famille pauvre où tous travaillent même le fils Pat. Celui-ci tombe malade ce qui influe sur le moral de tous. On apprend que dans les régions rurales du bush, la médecine peine à parvenir aux malades même les plus fiévreux. C'est tout un décalage et on se rend compte qu'il y a encore fort à faire dans les campagnes (et pas seulement dans les australiennes).
Troisième nouvelle et là aussi on découvre un autre angle de vue. C'est à Forbes qu'un mystère plane puisque des moutons disparaissent régulièrement du domaine des Campbell. Personne n'est particulièrement soupçonné mais on ouvre l'oeil. Parallèlement, une jeune cavalière, Nora, sème le trouble chez notre narrateur, Mac Tavish. Deux éléments perturbateurs qui pourraient malgré tout avoir un lien. C'est une sorte de mise en scène où les cowboys ont leur place et où le bétail est surveillé de près.
L'avantage des nouvelles est qu'on est immédiatement dans le bain, dans le feu de l'action de cette atmosphère très spéciale et qui m'était inconnue : le bush. Cela peut être un inconvénient car les histoires sont très peu développées, les personnages ne semblent pas avoir de psychologie qui nous les rendent particulièrement attachants (ils en ont sans doute mais sont plus dans les faits et gestes que dans le développement introspectif).
Pour une entrée en matière j'ai trouvé que ces nouvelles étaient malgré tout très efficaces : le style de
Wenz est concis, ciselé... à la manière de ces grands écrivains sortis d'un entre temps.
Le vocabulaire empli de ce jargon australien nous met d'autant plus dans l'ambiance qu'on se laisse prendre au jeu, qu'on tourne les pages avec entrain, assimilant tout un contexte et une époque.
Une jolie découverte !