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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Février 1950. Germaine Tillion, dont le surnom est Kouri, part à l'Est pour témoigner au procès de deux anciennes gardiennes du camp Ravensbrück. Dans le train, Kouri se souvient de ses amies, de sa mère et de l'enfer qu'elle a vécu.

Le roman de Dorothée Werner est un voyage dur mais juste sur la vérité, la justice et l'humanité ! J'avais vraiment l'impression d'être avec Kouri dans ce train et d'écouter ses pensées avec elle. C'est pour moi une très belle biographie qui est certes romancée (et donc sûrement exagérée) mais on retrouve, il me semble, assez bien Germaine Tillion, sa souffrance mais aussi son sens de la liberté et de la justice. de plus, Dorothée Werner a une plume délicate qui est un délice à lire ! Vous l'aurez compris, c'est un roman que je recommande de lire !
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En février 1950, une rescapée d'un camp de la mort traverse la France et l'Allemagne en train pour aller témoigner au procès de deux anciennes gardiennes du camp.

Cette femme, surnommée Kouri par les résistants, est Germaine Tillion. Ce voyage sera l'occasion pour Kouri de replonger dans son passé et de se confronter à ses souvenirs du Monde Noir qu'elle ne parvient pas à regarder en face. Ce grand plongeon dans ces malheurs passés qui la poursuivront jusqu'à la fin de sa vie sont nécessaires puisqu'ils lui permettront de faire un choix. Les deux anciennes gardiennes du camp sont jugées pour avoir tranché la tête de prisonnières de camp. Kouri les croit innocentes de ces actes barbares en particulier mais elle sait également qu'elles en ont commis bien d'autres. Alors que faire ? Témoigner contre ces deux femmes qui ont recommencé leur petite vie tranquillement après la guerre, comme si de rien n'était? Les faire condamner pour un crime qu'elles n'ont pas commis et venger enfin, leurs victimes de toutes les autres horreurs qu'elles ont commises dans le camp? Ou alors défendre coûte que coûte la vérité quitte à ce que ces deux monstres soient relâchés? Opter pour la vérité n'est-ce pas trahir tous ces morts ? Mentir n'est-ce pas trahir ce pour quoi ces femmes ont cherché à survivre dans cet Enfer, c'est-à-dire trahir ce besoin de crier haut et fort la vérité et de dénoncer le sort qu'elles ont subi ?

Kouri sait que son témoignage pourrait faire basculer le verdict. le lecteur plonge dans son esprit qui tente de résoudre ce dilemme en se remémorant certains épisodes de sa vie en Afrique lorsqu'elle était ethnologue, puis ces terribles moments dans les camps avec sa mère et enfin la libération et le retour à une vie dite normale mais qui ne le sera plus jamais. Kouri revoit ses chers disparus; son père décédé lorsqu'elle était enfant, sa nourrice, sa mère et ses amies mortes dans les camps mais aussi l'homme qui l'a trahie ou les bourreaux du Monde Noir.

Ce roman est un long monologue qui s'inspire de faits réels mais qui n'est pas une biographie de Germaine Tillion. J'ai trouvé qu'il était plutôt difficile de débuter le roman. La forme peut surprendre puisqu'il ne se passe presque rien dans ce roman: les pensées vont et viennent et le lecteur les suit uniquement. Je crois que j'ai également mis du temps à accrocher à ce roman pour une cause qui lui est extérieure: j'avais envie de découvrir un peu plus la vie de Germaine Tillion récemment inhumée au Panthéon mais en ce début de vacances cette lecture était grave et peu légère. le style de Dorothée Werner est très beau. Une fois que l'on s'est plongé dans le début du roman, la suite se lit avec beaucoup de plaisir. Enfin, l'auteur pose des questions primordiales et qu'il est important d'avoir à l'esprit tout au long de notre vie sur le courage face à des événements extraordinaires, la justice et le plus souvent l'échec de la justice face à la barbarie, l'insoumission, la lâcheté, l'honneur, la fidélité à soi même et aux siens et le devoir de vérité et de mémoire.

Je remercie Babelio et les éditions JC Lattès pour cette lecture enrichissante !

Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
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le 27 mai 2015, Germaine Tillion, ethnologue et résistante auvergnate a fait son entrée au Panthéon.

En février 1950, Kouri, nom de code dans la résistance, survivante du camp de Ravensbrück, est appelée en tant que témoin décisif à Rastatt en Allemagne pour le procès de deux anciennes gardiennes du camp, coupables d'avoir tyrannisé des centaines de prisonnières
mais pas du crime précis dont on les accuse!

De ces faits réels, Dorothée Werner, grand reporter au magazine Elle, imagine un roman autour de la vie de Germaine Tillion, y mêle son écriture et celle de Kouri.

"Train 9573, voie 3, le quai s'affiche dans un bruit de roulette russe.
Un troupeau anxieux se met en branle[...]
Demain elle témoignera officiellement, quoi qu'il en coûte.
Pour dire quoi et pour servir quelle cause?
Elle a tout le voyage pour y réfléchir, mais c'est là que l'affaire se corse".

Ce livre fait l'aller-retour entre la vie après la Shoah et les souvenirs de l'enfer absolu.
Les pensées de Kouri se chevauchent, le présent se mêle au passé, les voyageurs du train se superposent aux bourreaux...

Durant son enfermement au camp, Kouri a tout consigné avec l'obsession de témoigner après, de rendre justice.

Ce livre rend compte également des difficultés des rescapés à retrouver le monde des vivants après avoir connu celui des morts.

"Kouri et tout ce qu'elle savait désormais des hommes, était une moisissure sur la peau offerte d'une pêche. Les revenants ne sont jamais les bienvenus, personne ne veut de leur malheur, personne ne veut savoir jusqu'où ils sont allés, encore moins entendre ce qu'ils n'auraient jamais dû savoir des hommes".

Un voyage dur mais juste sur la vérité, la justice et l'humanité !
Un texte dramatique qui a une résonance contemporaine.


Lien : http://jeblogueunpeubeaucoup..
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J'ai attendu quelques jours avant d'écrire ce billet car voici un livre qui nous rappelle l'horreur de l'univers concentrationnaire. Comment vivre après tout cela, sans sombrer dans la folie, la vengeance ou l'amertume?
Alors que l'héroïne doit se rendre à un procès dans "la ville aux rats", procès de deux anciennes gardiennes du camp, elle passe par tous les états d'âme et se rend compte que finalement, c'est seul que les survivants de l'horreur doivent trouver à nouveau des raisons de vivre. Personne ne veut vraiment écouter leur histoire: on a tant envie de passer à autre chose après ces années de privations.
C'est sans acrimonie que nous est raconté ce lent retour à la vie "normale" des personnes qui ont le plus souffert durant ces années noires. Si elles sont seules, elles n'en sont pas moins accompagnées de tous ceux qui ont été dépossédés de tout par le "monde noir", y compris de tout ceux dont ne reste que le prénom mainte fois égrené et qui ne sont pas revenu des plaines de l'est.
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