Si je n’arrive pas à tuer M. Miller, quelque part, par un moyen quelconque, comment pourrai-je continuer à vivre ?
Ce premier rendez-vous avec Delia fut suivi d’un deuxième, puis d’un troisième. Nous allâmes danser ensemble, nager ensemble, nous allâmes faire du canotage sur un lac et nous promener dans les montagnes à bord de sa Porsche décapotable. Je l’embrassai, et ses lèvres étaient d’une indescriptible douceur.
Nos regards se rencontrèrent, le temps parut s’arrêter – et le rêve s’interrompit.
L’idée que je puisse avoir l’argent de Robert – sans être nécessairement obligée d’avoir Robert en même temps – ne m’avait jamais effleurée auparavant. Mais à présent qu’elle s’était imposée à moi, elle me plaisait bien. Avoir l’argent de Robert sans avoir Robert signifiait que je pouvais avoir William !
Quelle merveilleuse combinaison ! William et l’argent de Robert !
Il va sans dire que je restai fidèle à ma Delia, mais c’était tout de même agréable de savoir que des possibilités s’offriraient à moi dans la vie réelle si jamais j’en éprouvais le désir.
Arrivés à Summit Street, elle m’indiqua sa maison, et je m’arrêtai devant le porche. « Voulez-vous entrer prendre une tasse de café ? proposa-t-elle. J’aimerais que vous fassiez la connaissance de ma mère.
De ses yeux tendres, chauds et amicaux, elle me dévisagea ; de ses lèvres, faites pour être embrassées, elle me sourit. Puis, d’une voix aussi suave que le miel, elle me dit : « Comment pourrai-je jamais vous remercier ? »
Avoir pour amant un poète présentait des avantages, mais aussi quelques inconvénients, tels que la difficulté, parfois, d’attirer son attention.
Dans ce monde sinistre et cruel, je ne vois qu’un seul îlot de tendresse, de beauté et d’espoir, et c’est William.
Ma vie de tous les jours, mon travail, n’étaient rien d’autre que le complément nécessaire de mon rêve. C’était le rêve qui importait ; or le rêve n’allait pas bien, pas bien du tout