Connaissez-vous le Potus ?
Moi non plus.
Mais grâce à
Westlake, nous saurons désormais qu'il s'agit de l'anagramme de President Of The United States.
A part ça, que trouve-t-on dans ce roman tardif (2002) de
Westlake ?
Francis Xavier Meehan, voleur de profession, vient de tomber pour crime fédéral (il a braqué par erreur un camion postal !) et son avenir est fortement compromis.
C'est alors que le Comité de réélection agissant pour le compte du Potus, lui propose la liberté.
Seule condition : il doit récupérer une cassette vidéo compromettante pour le pouvoir.
Un cambriolage ? Ça semble dans les cordes de Meehan qui n'a qu'un seul credo, respecter les "dix mille règles", celles qui permettent d'éviter les ennuis. Par exemple : "Quand tout roule, il faut continuer à foncer" ou "On ne sait jamais ce que demain peut nous apporter".
Vous voyez le genre…Ce n'est donc pas gagné.
Où on se rend compte que
Westlake ne dispose pas que du seul Dortmunder dans sa manche. Dans un genre proche, Meehan se distingue par une incroyable décontraction, voire d'un amateurisme professionnel dans sa faculté à prévoir au minimum et tout baser sur l'improvisation.
Les turpitudes politiques amusent fortement un aussi mauvais esprit que celui de
Westlake qui s'en donne à coeur joie en décrivant un système peuplé d'idéologues branques, de fonctionnaires déconnectés et retors. Imaginez un peu, la menace ultime adressée par le Potus à un de ses donateurs indélicat : le rayer de la liste des invités au bal d'inauguration de la Maison-Blanche !
Comme d'habitude avec le grand
Westlake, les dialogues sont savoureux, les situations absurdes et les voleurs sont sympathiques. Attention, ce n'est pas non plus une vulgaire pochade. Meehan ne s'intéresse pas le moins du monde à la politique, mais il est lucide sur les autres et lui même.
Le personnage de père divorcé est une figure classiquement banale dans les romans. Mais combien, comme Meehan osent dire qu'ils ont choisi de ne pas voir leurs enfants de peur de les décevoir le jour où la prison les rattrape ?
Autre preuve de lucidité, à propos des journalistes cette fois : "Est-ce que vous n'êtes pas toujours à mi-chemin sur l'échelle, à lécher le c.u.l de celui qui est au dessus de vous et à balancer des coups de pied à la figure de celui qui est en dessous ? "
Enfin, admirons en conclusion la sagesse de Meehan au terme de ses exploits : " ...si ça lui chantait, il pouvait probablement décider du résultat de la prochaine élection présidentielle là tout de suite, à lui tout seul. Mais cela voudrait dire qu'il lui faudrait regarder ces gens, ces candidats, s'impliquer sérieusement, étudier leur histoire et leur programme, prendre une décision en connaissance de cause ; alors, qu'ils aillent tous se faire foutre. Que les Américains fassent le tri par eux-mêmes. Pouvaient-ils vraiment faire un si mauvais choix que ça ? "
Ce n'est pas un des chefs-d'oeuvre de
Westlake, mais un livre jubilatoire par les temps qui courent, ce n'est pas négligeable.
Traduction de Dough Headline (Head Line = Manchette ;-)