Eh bien, voilà un livre qui m'interroge quand à mon ressenti...
A la fin de ce roman, deux sentiments contraires m'habitaient...
Version une : , je n'ai pris aucun plaisir à cette lecture . la prose sèche et journalistique, les allers-retours passé-présent, font que j'ai été éloignée de toute identification, que j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire et à y rester, n'ayant qu'une envie avec ce roman, c'était de faire l'école buissonnière, de sauter des lignes , des pages...
[" Oui, mais l'auteur a eu deux Pulitzer, fais-pas ta feignasse !"]
Version deux : J'ai du mal à lire ce livre , parce que le sujet est fort. ... Atroce. Atrocement supportable...
Dans la Floride des années 60, un jeune garçon noir , élevé par sa grand-mère ( les parents étant allés voir ailleurs...), est super sérieux, super intelligent. Un disque de
Martin Luther King éveillera sa conscience politique, la possibilité que le monde change .
Arrivé à la fin du lycée, un de ses professeurs l'informe d'une nouvelle loi, les universités s'ouvrent aux minorités, une place lui est réservée.
Et c'est là, que son destin bascule...faisant du stop , montant dans une voiture volée, il sera envoyé en prison sans que la justice se préoccupe de son innocence, pour la simple et bonne raison qu'il est black. Envoyé dans une maison de redressement, la Nickel Academy , il subira les pires sévices , comme tous ces petits camarades... noirs de préférence ...
Le roman commence avec la découverte d'un charnier d'ossements humains, histoire de nous mettre dans l'ambiance, de nous démontrer qu'on est pas là ( le lecteur) pour rigoler. D'autant que ces événements sont historiques, que l'auteur a juste changé le nom de la prison.
De voir que des gamins innocents( pour la plupart, ou n'ayant pas eu de chance, de famille ), soient envoyés en prison, ça secoue. de voir que la vie là-bas était loin de leur offrir la deuxième chance , l'éducation dont ils avaient tant besoin, ça secoue.
De voir que ces gamins faisaient des taches d'intérêt général, qui en fait intéressaient surtout les bourgeois, les notables de la ville, qui trouvaient là, des travailleurs non rémunérés, des esclaves . Ça secoue, ça énerve,ça questionne, ça révolte .
Et de lire , que ces gosses étaient torturés, violés, tués etc... C'est difficilement supportable . D'où mon envie d'aller lire ce livre à reculons...
Je pense que ce roman a eu un prix grâce à son sujet. Très fort le sujet...
[ " S'inspirant de faits réels, l'auteur continue d'explorer l'inguérissable blessure raciale de l'Amérique et donne grâce à ce roman saisissant une sépulture littéraire à des centaines d'innocents.."]
Mais il n'y a pas que le sujet, il y a la construction avec ce qu'il advient de l'amitié entre ces deux gamins Elwood le sage et Turner le fonceur. La façon dont l'un fait perdurer cette amitié. Ce qui est beau aussi , c'est le symbole du restaurant dans lequel la grand-mère d'Elwood travaille, qu'on retrouve à la fin, comme un clin-d'oeil, une leçon d'histoire.
C'est un roman puissant, non "séducteur" , qui reste longtemps en tête grâce à son sujet, qui interroge , qui révolte.
Un roman difficile à lire, comme tous les romans qui méritent notre attention, parce que c'est plus qu'un roman ...