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EAN : 9782268067797
Les Editions du Rocher (30/11/-1)
4.4/5   5 notes
Résumé :
De la " Commandante ", cette veuve qui vit altière et secrète sur ses terres de Prusse-Orientale, nous ne saurons ni le prénom, ni le nom de famille.

Elle administre avec autorité son domaine et elle s'entend aussi à dominer, en elle-même comme chez les autres, la servitude des passions.

Mariée à la hâte, au sortir de l'enfance, elle n'a connu de la vie que des déceptions. De retour de captivité en Afrique, Michel, enfant du pays, a p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comme à chaque fois ,après la lecture d'un roman d'Ernst Wiechert, j'en ressors groggy!.
Mais je peux dire ayant presque lu toute son oeuvre,que ce roman ,pour moi est un des plus beaux de cet écrivain.
Il existe en deux versions que je me suis procurée avec difficultés, les romans d'Ernst Wiechert n'étant pas réédités,.
Le premier roman traduit par : Blaise Briod,s'appelle : le revenant ,édité sous l'égide de : FEUX CROISÉS,Âmes et Terres étrangères.
Librairie Plon-Paris 1940
Autorisation n° 13010
Je l'ai feuilleté,apparemment l'histoire est la même sauf quelques mots qui changent.
L'autre livre ,plus récent ,traduit par P.Hofer-Bury est édité chez Calmann Lévy en 1962 et s'intitule : La Commandante.

Dans ce roman d'Ernst Wiechert, j'ai retrouvé un thème cher a l'auteur : La renaissance à la vie d'un homme après une période sombre d'internement et de déportation.
Cet homme s'appelle : Michel Fahrenholz mais aux yeux des habitants du village ,il est mort ,son nom est gravé sur la plaque commémorative du monument aux morts.
Un soir lors de sa promenade coutumière, à cheval,celle que l'on nomme La Commandante ,apercoit un homme qui traverse le marais au lieu de prendre les chemins plus sécurisants.Cet homme là connait la région et surtout l'endroit où il se trouve.Il se dirige vers elle et par les paroles échangées, la Commandante en sera intriguée car l'homme la connaît.
Le matin suivant cette rencontre,elle a eu un sommeil agitée et à très mal dormi ,elle entend des coups sourds ,de sa fenêtre elle aperçoit le monuments aux morts et quelqu'un frappe,frappe sur la pierre,empoignant avec fébrilité ses jumelles,elle a la clé de l'énigme.Cet homme s'appelle Michel Fahrenholz ,il est vivant et est en train d'effacer son nom sur la liste des morts.
Et tout le roman va être basé sur l'approche , parfois la confrontation de Michel et de la Commandante .
Tout les oppose,ils ne sont pas issus du même milieu.
Là Commandanteest une femme forte ,qui en a " bavé" autrefois ayant été mariée trop jeune a un baron volage et sans morale.Commandant il fut tué pendant la guerre 14/18.Son fils suit les traces de son père,.Elle est veuve très jeune mais très fière elle dirige son domaine d'une main de fer avec une idée très élevée de la justice.
Respectée de tous ,sa vie va basculer après la rencontre avec Michel.Elle doutera de certains principes ,de certaines règles qu'elle s'est contrainte à suivre avant l'arrivée de Michel.
Elle ignore tout de cet homme mais décèle chez lui une profonde tristesse et un dégoût de la vie,et c'est le plus naturellement qu'elle va lui proposer un travail : garde -chasse ,et une maison abandonnée dans ses bois .Sa nourriture lui sera apportée tous les midis par une servante.
Elle espère le ramener à une certaine morale ,aussi elle veut en faire un homme civilisé et non ce nomade désabusé qu'elle a devant elle.
Cela m'a beaucoup fait penser au personnage du baron Amédee dans le Très beau roman du même auteur: Missa Siné Nominé ,où après un internement dans un camp de déportation ,ce baron aura beaucoup de mal à reprendre goût à la vie, aidé en cela par son cocher Jacob et la nature.
Ici pour Michel ,il en va de même, sa réadaptation se fera grâce à sa vie dans la forêt et au tact de la Commandante.
Beaucoup de subtilité,de non-dits dans cet oeuvre et c 'est ce qui en fait toute sa force.
Pour moi ,je le répète ,un des plus beaux romans d'Ernst Wiechert que je vous incite a lire .⭐⭐⭐⭐⭐

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Pour qui connait cet auteur, on retrouve l'atmosphère et les lieux si chers à E.Wiechert: la Prusse orientale avec ses marais, ses forêts et ses fermes domaniales où le petit peuple s'échinent toute sa vie.
Il s'agit dans ce roman du retour de Michel qu'on croyait mort à la guerre et qui réapparaît mais pourtant toute le monde le rejette, pensant que c 'est un fantôme animé par le diable.
Seule la commandante, comtesse du domaine, va lui tendre la main et nouer avec cet homme meurtri une relation pleine de pudeur et de retenue, remarquable!
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Michel revient de la guerre, son père qui n'a pas ses deux autres fils le prend pour un mort. La Commandante, personnage solitaire, fière et autoritaire, l'embauche comme garde chasse sur son domaine. Les deux personnages ont un douloureux passé à effacer. Ce livre parle autant de la nature que de la relation difficile et impossible entre deux êtres qui ont connu de grandes douleurs.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Après la lecture :d'Impressions Soleil Levant,de Roger Raynal, un roman d'Ernst Wiechert s'imposait.....

Oui,sans doute,elle a voulu aller trop vite,car l 'homme,en colère, envoie promener de côté, du bout de son pied,une pomme de pin qui se trouvait sur le sentier,et les mots qu'il commence par murmurer entre ses dents ne ressemblent en rien à une formule de bénédiction. Ici,pas question d'une génération qui doit s'imposer ou assurer la relève d'une autre ,explique-t-il ensuite;il s'agit d'une génération maudite.Ceux qui sont directement rentrés au foyer n'ont pas eu de mal à franchir d'un bond les quatre années de guerre, comme on franchit un fossé ;ils n'avaient qu'à reprendre leur existence au jour précis où ils l'avaient laissés, quatre ans auparavant.Parce que tout de même, s'ils étaient partis,ceux-là,c'était pour sauver leur charrue.Mais quand on revient au bout de vingt ans,ce n'est pas un fossé qu'il's'agit de franchir; c'est un océan. Et puis,ce n'est pas de la guerre qu'on revient ,mais de l'enfer; enfin le pire,c'est que cet enfer est une oeuvre des hommes.Quand on voit quelqu'un torturer une bête ,disons.... une heure durant ,on trouve qu'il est méchant; si l'on voit torturer un homme des milliers d 'hommes ,non pas une heure,mais des années durant,toute une vie,et même des vies entières, on ne peut plus parler de méchanceté ; il faut reconnaître que c'est abominable ,que c'est diabolique,à tel point qu'il ne peut pas exister de Dieu capable de laisser faire une chose pareille,à moins d'être lui-même un fou ou le maître de tous les démons. Quand on a vu cela,c'est fini,jamais plus on ne sera capable de marcher sur un rythme régulier,car c'est une des choses qu'il fallait faire là-bas.Jamais plus on ne sera capable de prendre un instrument en main ,car c'est aussi une des choses qu'il fallait faire là-bas. On n'est pas non plus capable d'arroser son travail avec la sueur de son front ,car c'est encore une de ces choses qu'on vous forçait à faire là-bas. On n'est plus bon à vivre comme vivent les autres,selon l'ordre établi,la discipline et la loi;il faut s'arranger ,une existence où l'on puisse crier tout son saoul quand on en sent le besoin,tout seul dans un vaste espace, pour ne pas faire peur aux enfants,une existence où l'on puisse courir à sa guise,quand le besoin s'en fait sentir,à travers champs ,sans aucune limite à l'horizon. Et puis ,de temps en temps---pas trop souvent,mais quand même --il faut boire,il faut s'enivrer pour essayer d'oublier certains faits qui se sont passés,vraiment passés là-bas, d'homme à homme.Car il existe des images qui ne veulent pas s'éloigner de vos yeux.Il faut alors trouver moyen de les éteindre,vos yeux ,par la mort ou bien l'ivresse;eh Oui! par l'ivresse!( Page 59/60).
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Mais ,entre temps le pasteur a pris par malheur l'initiative de sauver cette situation épineuse.Il fait dévier la conversation vers les 《 valeurs humaines universelles》 et sur les liens sacrés qui existent entre le pasteur et ses anciens élèves, liens qui subsistent même si l'on revient du désert ou des forêts vierges qu'habitent les indiens,Et en outre ,ce faisant, il prouve combien il est accommodant ,puisqu'il accepte de s'effacer quand il s'agit de céder la place d'honneur à l'un de ceux qu'il a confirmé jadis.
--Ah! Michel ,commence -t-il sur le ton chaleureux propre à sa fonction ,te souviens - Tu, mon fils,de l'époque où tu étais assis aux pieds du Seigneur? Tu étais alors un bon enfant.Tu ne disais pas grand-chose,c'est vrai ,tu ne parlais guère. Et je me souviens que les versets ,tu n'aimais pas beaucoup les apprendre!Pourtant ,c'est une matière essentielle ,d'autant plus qu'ils ont dû bien souvent t'apporter un réconfort dans la sombre vallée où tu as été condamné à errer ,selon les desseins impénétrables du Tout -Puissant.
《Bête à manger du foin! 》 pense la Commandante comme elle ne se gêne hélas ! pas pour le faire quand elle se trouve en face de gens qui ne savent pas se taire au bon moment. Mais de toute façon il est trop tard pour intervenir.
Là tasse de thé est vide ,à présent ; néanmoins,le garde -chasse ne peut pas admettre de partir sans avoir relevé l'allusion aux versets de la Bible. D'autant plus qu'il y a fait un séjour un peu trop long à son goût dans cette 《 sombre vallée 》. Aussi considére-t-il le pasteur avec autant d'attention qu'il a regardé auparavant la dame puis il ajoute posément que jusqu'à présent ,les versets ne lui ont pas servi à grand-chose ,car ils produisent peu d'effet dans les vallées où seules règnent la cravache,la baïonnette ou les menottes.
--Enfin ,d'autre part ajoute-t-il il ne me semble pas très à propos que monsieur le pasteur me tutoie quand il me parle ,tant que Mme la Commandante ne me tutoie pas,ce qu'elle n'a encore jamais fait jusqu'à ce jour.
Humm hum .Voilà de nouveau une réponse fâcheuse, qui incite tous les invités en prenant de drôles de mines ,à baisser le nez dans leur tasse ou à se tourner vers la Commandante. Mais ne dirait-on pas ,--c'est tout de même un peu fort !--que la Commandante esquisse un léger sourire et même lorsqu'elle voit le garde -chasse se lever et prendre en main sa carabine .(Page 95/96),
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--Ah mais voilà une chose des plus interessantes ,s'écrie un monsieur dont la joue gauche s'orne de deux balafres;il examine le nouveau venu du bout d'un télescope imaginaire.Fahrenholz, le mort vivant!.... Ah! Vous nous en avez donné du fil à retordre mon bon! C'est qu'il en est sorti tout un dossier ,de votre histoire.... pas banale au reste!
Dire《 mon bon》 à Michel n'est pas spécialement heureux; le garde déteste ces formules de cordialité artificielle, surtout quand elles s'accompagnent d'un certain petit sourire condescendant;d'ailleurs ,tout en parlant,le monsieur s'occupe avant tout d'allumer à la flamme d'une allumette la cigarette qu'il tient entre ses lèvres.
- De mon côté, répond Michel sans se départir de son calme ,j'en ai eu aussi ma part ,de fil à retordre ,et ce qui a permis à ces messieurs de composer tout leur gros dossier.
Hum! Ce n'était pas tout à fait la réponse qu'on attendait; mais ,que voulez-vous ,ces soldats rapatriés trop tard conservent toujours une étrange susceptibilité. Curieuse,à part ça, cette teinte brune basané qu'à la peau de cet individu.
-Il a dû en connaître, des aventures ,là-bas, dans le désert ! s'exclame une des dames aux lèvres plus rouges que nécessaire, en train de boire sa citronnade.
Avant de répondre à cette remarque,le garde commence par bien considérer la dame qui vient de la lui lancer.Il la toise d'un air glacial,avec cette sûreté de coup d'oeil qu'on peut acquérir uniquement à force de marcher ,des années durant,sur les routes ,toujours à pied, tandis que ces dames violemment fardées, bien installées dans leur voiture rutilante ,ont à peine un regard blasé pour la poussière dont le vagabond est couvert.
-Oh! oui,en quantité, réplique t-il finalement avec un sourire.
Bon Dieu ,que ce thé peut être chaud! Mais voilà que Michel ,heureusement arrive déjà à la moitié de sa tasse.
-- Il vaudrait mieux,sans doute,ne pas trop insister sur les choses passées, propose la Commandante, en se tournant vers ses invités qu'elle regarde de face,l'un après l'autre.Biens des gens ,vous savez ne tiennent pas à colporter d'un public à l'autre le récit de leurs expériences. ( Pages 93/94).
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Mais c'est trop tard ,car déjà la Commandante se lève, vient à lui sans attendre et lui tend la main sans hésitation.Il lui semble qu'elle rougit légèrement ;il est vrai que cette arrivée doit la mettre dans un certain embarras.D'une part,un homme en uniforme militaire,d'un ton kaki passé au soleil,qui porte des bandes molletières aux jambes,et,à la main ,un fusil à répétition;d'autre part ,toute une élégante réunion qui prend le thé ;messieurs à pantalon rayé et dames coiffées de toques coquettement inclinées sur de savantes ondulations .Le garde ,lui,ne rougit pas,mais son visage s'assombrit,et s'il était à la place de la commandante ,c'est sûr ,il rougirait comme elle.
Comment se tirer d'affaire?Eh bien ,il faut se tourner uniquement vers la Commandante, lui glisser quelques mots et s'éclipser le plus tôt possible.Mais les choses ne se passent pas ainsi,car la Commandante est une femme courageuse.Au premier moment,elle s'est sentie assez décontenancée en voyant qu'il avait eu l'idée de venir jusque chez elle ,en plein jour,sans craindre de traverser les champs où sont occupés bien des gens.
--Voilà Michel Fahrenholz ,explique -t-elle très vite;il est revenu d'Afrique et il assume la surveillance de ma forêt ....
Poussez-vous un peu ,s'il vous plait mon cher pasteur pour lui faire une petite place; cela lui permettra de prendre ici sa tasse de thé.
Ah! C'est donc le pasteur ,celui-là. Pas facile à reconnaître ; il s'est un peu empâté;tous les gens qu'envahit la graisse se ressemblent.Toutefois,son visage est resté assez mobile pour que le garde puisse voir se dessiner sur son front des plis de mécontentement. Cela prouve combien l'ont sidéré et offusqué les étranges manières de la Commandante. Mais voyons ,ce n'était pas l'intention du garde de déloger le pasteur,si bien installé à côté de la maîtresse de maison ;il pensait encore moins à s'y asseoir lui-même. Cette aventure risque fort de mal finir;(Page 92/93),.
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Et finalement,la Commandante gravit l'escalier de pierre blanche aux marches inondées de lumière muette.À l'instant où elle pose sa main sur la poignée de la porte,le métal lui donne une sensation de froid.Elle se retourne une fois encore.Les toits dessinent leurs lignes noires et raides sur le vaste pourtour de la cour où s'engouffre le clair de lune;dans un coin ,un Soc de charrue lance un éclat vif comme du verre.C'est là tout un royaume ,qui dort à ses pieds,sous les toits des communs ou celui des étables; tous reposent face contre face .Et tous savent qu'ils recevront leur dû quand,au matin ,la petite cloche fera entendre sa voix,à l'heure où la maîtresse des lieux ouvrira sa fenêtre au-dessus du portail gris.
Alors la Commandante dénoue le fichu blanc qu'elle portait encore sur ses épaules avant d'entrer ,la tête haute,dans sa gra de maison,silencieuse et vide.(Page 249/250).
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