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Citations sur Stoner (106)

Tout cela n'était, et ne serait jamais rien d'autre, qu'un long moment à endurer...
... et il savait qu'il devait s'en inquiéter. Seulement il était trop engourdi et ne parvenait plus à se convaincre que cela pouvait avoir la moindre importance. [...]

Ils faisaient l'amour, parlaient et s'aimaient de nouveau. Ils étaient comme ces enfants que leurs jeux ne lassent ni n'épuisent jamais.
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Son long visage s'était adoucit avec les années. Sa peau avait toujours cet aspect de cuir tanné, mais elle n'était plus si douloureusement tendue à la saillie des pommettes. Les milliers de virgules, de guillemets et de parenthèses que le temps avait imprimé autour de ses yeux et de sa bouche avait fini par l'assouplir... Ses yeux gris toujours aussi vifs et lumineux s'étaient enfoncés dans leur orbite de sorte que leur diligence, sans avoir rien perdu de sa perspicacité, était devenue plus discrète. Ses cheveux autrefois châtains avaient foncés avec l'âge, même si les tempes commençaient à grisonner un peu. Le sablier du temps lui était indifférent et il ne lui serait pas venu à l'idée de s'en plaindre, mais quand il se croisait dans un miroir ou qu'il apercevait son reflet sur les portes vitrées devant Jesse Hall, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un léger choc.
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Bien qu'il fût censé apprendre des bases de grammaire et de composition écrite à un groupe de jeunes étudiants des plus hétérogènes qui soit, il était impatient et enthousiaste de s'atteler à cette mission qu'il abordait avec le plus grand sérieux. Il prépara ses cours pendant la semaine qui précédait la rentrée et ce premier travail de déchiffrage entrabâilla la porte du monde infini qui s'offrait à lui. Il comprenant le rôle de la grammaire et percevait comment, par sa logique même, elle permettait, en structurant un langage, de servir la pensée humaine. De même, en préparant de simples exercices de rédaction, il était frappé par le pouvoir des mots, par leur beauté, et avait hâte de se lancer enfin pour pouvoir partager toutes ces découvertes avec ses étudiants.

[...]

Mais pendant ces semaines loin d'Edith, il lui arrivait, lors de ses cours, de se laisser emporter par son sujet et de s'y perdre si intensément qu'il en oubliait ses doutes, ses faiblesses, qui il était et même les jeunes gens assis devant lui. Oui, il lui arrivait d'être tellement pris par son enthousiasme qu'il en bégayait. Il se mettait à gesticuler et finissait par délaisser complètement ses notes. Au début, il fut décontenancé par ces emportements comme s'il craignait de s'être montré trop familier avec les auteurs ou les textes qu'il vénérait et finissait toujours par s'excuser auprès de ses élèves, mais quand ils commencèrent à venir le voir à la fin des cours et que leurs devoirs manifestèrent enfin quelques lueurs d'imagination ou la révélation d'un amour encore hésitant, cela l'encouragea à continuer de faire ce que personne ne lui avait jamais appris.
Cet amour de la littérature, de la langue, du verbe, tous ces grands mystères de l'esprit et du coeur qui jaillissaient soudain au détour d'une page, ces combinaisons mystérieuses et toujours surprenantes de lettres et de mots enchâssés là, dans la plus froide et la plus noire des encres, et pourtant si vivants, cette passion dont il s'était toujours défendu comme si elle était illicite et dangereuse, il commença à l'afficher, prudemment d'abord, ensuite avec un peu plus d'audace et enfin... fièrement.

[...]

Quand il était très jeune, William Stoner pensait que l'amour était une sorte d'absolu auquel on avait accès si l'on avait de la chance. En vieillissant, il avait décidé que c'était plutôt la terre promise d'une fausse religion qu'il était de bon ton de considérer avec un septicisme amusé ou un mépris indulgent, voire une mélancolie un peu douloureuse. Mais maintenant qu'il était arrivé à mi-parcours, il commençait à comprendre que ce n'était ni une chimère ni un état de grâce, mais un acte humain, humblement humain, par lequel on devenait ce que l'on était. Une disposition de l'esprit, une manière d'être que l'intelligence, le coeur et la volonté ne cessaient de nuancer et de réinventer jour après jour.
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Pendant plus d'un mois, il passa la voir deux ou trois fois par semaine tout en veillant à ne jamais rester plus de deux heures d'affilée de peur de l'ennuyer et, pour cette même raison, il ne passait que s'il était sûr pour pouvoir lui être réellement utile dans son travail de thèse. Avec une sorte d'amusement un peu affligé, il réalisa qu'il préparait ses visites avec autant de soin et de conscience professionnelle que ses propres cours puis finit par se l'avouer un jour : ce peu, ces miettes de vie lui suffisait et il serait heureux de la voir et de bavarder avec elle aussi longtemps qu'elle supporterait sa présence...
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Les années avaient passé, ses épaules avaient continué de se voûter et il avait appris à ralentir ses mouvements pour que la maladresse de ses grandes mains et de ses longues jambes de garçon de ferme semblât une attitude plutôt qu'une péquenauderie de naissance.
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Il n'arrivait pas à se résoudre à se savoir vieux. Parfois le matin, lorsqu'il se rasait, il ne se trouvait rien en commun avec ce visage qui le regardait étonné. Mais à qui donc appartenaient ces yeux clairs au milieu de cette figure grotesque ?
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Les premières années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale furent les plus excitantes sur le plan professionnel et furent aussi, d’une certaine façon, les plus heureuses de sa vie. (…) Ces étudiants, si singuliers de par leur maturité, étaient extrêmement sérieux et méprisaient tout ce qui ne les élevait pas intellectuellement. Ils se fichaient des modes, des ragots et des codes. Ils venaient étudier comme Stoner avait rêvé toute sa vie qu’un étudiant le fît. Ils se fichaient des notes, des cursus et des examens. Ils venaient en cours comme si le seul fait d’apprendre était la vie en soi et non pas un moyen de parvenir à des fins plus triviales. Il savait que plus jamais son rôle de passeur n’aurait la même valeur et s’y consacra absolument. (…) Il sacrifia à son métier toute l’énergie dont il fut encore capable en espérant que, ce faisant, sa présence ici-bas lui semblerait enfin un peu légitime…
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De l'accumulation des années vécues, des séquelles du hasard et des circonstances et de tout ce qu'il avait du traverser pour essayer d'y voir un peu clair...Il prenait une sorte de plaisir amer et jouissif à ressasser que le peu de connaissances qu'il avait réussi à acquérir jusque-là l'avait mené à cette seule et unique certitude : en définitive, tout, toute chose, et même ce magnifique savoir qui lui permettait de cogiter ainsi, était futile et vain et finirait par se dissoudre dans un néant qu'il avait été incapable ne serait-ce que d'égratigner. (page 245)
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« Il avait quarante-deux ans. Il n’y avait rien devant qui le motivât encore et si peu derrière dont il aimait se souvenir. » (p. 245)
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« Tout ce qu’il l’émouvait, il l’abîmait. » (p. 153)
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