Citations sur Les Trois Médecins (38)
Je me suis inscrit parce que mes parents y tenaient absolument. Ils voulaient que je sois médecin. Ils disaient que ça montrerait aux autres de quoi on était capable, dans la famille. Moi, ça me faisait chier de bosser comme un abruti et de faire des études aussi longues ; tout ce qui m’intéressait, c’était la musique. Leur fils, musicien ? S’ils avaient pu me tuer, ils l’auraient fait.
Alors ils ne m’ont pas lâché pendant toute l’été qui a suivi mon bac, et avant la rentrée, ils ont décidé de me payer des cours de soutien.
Leurs voisins avaient des amis dont la nièce était étudiante en troisième année de médecine ; elle était prête, d’après eux, à donner des cours pour se faire un peu d’argent de poche. Comme mes parents ne voulaient pas que je pète les plombs, ils l’ont invitée à dîner un soir pour qu’elle me
parle du concours, mais sans me dire qu’ils l’avaient engagée pour m’aider à le passer. Quand je l’ai vue, je me suis dit qu’ils étaient complètement cinglés : elle était... ravissante. Ils croyaient vraiment que j’allais m’asseoir à côté d’une fille pareille et bosser ? Le plus drôle c’est que très vite
elle m’a avoué que ça lui pompait l’air de donner des cours, mais qu’elle avait besoin d’argent. Elle était embêtée de me dire ça. Je lui ai dit qu’au moins sur ce point-là, on était faits pour s’entendre.
Et elle a ri.
Plus tard, il me demande s'il peut m'examiner. À regret, je le laisse faire. Quand il soulève ma chemise, il voit mon ventre déformé par les éventrations.
- J'ai eu huit grossesses. C'est dégueulasse, hein ?
- Pourquoi dites-vous ça ?
- Je trouve ça abominable. Je suis monstrueuse.
- Mais non. Ce qui est monstrueux, c'est qu'on vous laisse le croire.
Je sais, tu sais aussi, que la vie peut basculer d'une seconde à l'autre, que la frontière est ténue entre la vie et la mort. Alors, si l'on doit emprunter une voie plutôt qu'une autre, il faut la choisir vite : l'an prochain, ça peut être jamais. Vivre, ça se fait tout de suite.
Il nous regarde avec ses yeux mauvais, et se met à nous cracher dessus. Il a commencé en disant que nous étions des veaux, des bons à rien, et comme les voix s'élevaient il a réagi immédiatement en criant qu'il lui suffisait de ne pas faire cours pendant un mois pour qu'on soit tous dans la merde, et bien malins ceux qui sauraient ce qu'il nous balancerait au concours ! Alors, évidemment, tout le monde s'est tu, à commencer par les redoublants. Il fulmine, il a l'écume à la bouche, on dirait qu'il va lui sortir de feu par les yeux. Il lève le bras, tend l'index vers nous et vomit : La plupart d'entre vous ne sont que de petits crétins.
AVERTISSEMENT
Nés de l'union féconde entre réalité et littérature, la bonne cité de Tourmens, sa faculté de médecine et les personnages de ce roman sont, bien entendu, imaginaires. Toutefois, un certain nombre de d'événements relatés ici sont rigoureusement authentiques... Il ne serait donc pas surprenant que certains lecteurs (se) reconnaissent (dans) ces pages et les figures qui les habitent.
C'est la sensation que l'on éprouve en entrant dans la seconde moitié de sa vie, et en réalisant qu'on n'est plus au seuil, mais dedans, et qu'il n'y a pas de retour possible.
C'est la sensation épouvantable que l'on éprouve en prenant conscience que tant de choses sont à conjuguer au passé, et qu'on ne sait plus exactement quand on s'est mis à changer de temps.
C'est la sensation déprimante que même si les gens que l'on a aimés ne sont pas morts, ce que nous avons partagé avec eux, hier ou avant-hier, est devenu imaginaire, car le souvenir lui-même s'estompe, se transforme, se dilue.
C'est la sensation déprimante que même si les gens que l'on a aimés ne sont pas morts, ce que nous avons partagé avec eux, hier ou avant-hier, est devenu imaginaire, car le souvenir lui-même s'estompe, se transforme, se dilue.
C'est la sensation épouvantable que l'on éprouve en prenant conscience que tant de choses sont à conjuguer au passé, et qu'on ne sait plus exactement quand on s'est mis à changer de temps.
Cette histoire démontre ce que je pense depuis très longtemps : le soin, ça n'est pas une question de compétences ou de titres, c'est une question d'attitude. Quand on veut soigner, on sait faire la différence entre un geste de soin et une démonstration de puissance. On ne peut pas à la fois soigner et exercer le pouvoir. Quand il y a du pouvoir, il n'y a pas de soin possible. Car le pouvoir, c'est mortel. p.504
Les sentiments, c'est pareil que les caresses et les coups, ça fait du bien ou ça fait mal, mais quand ça fait mal, ça reste à l'intérieur, et là-dedans y'a pas de pansement qui tienne. p.261