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Citations sur Les Trois Médecins (38)

Comment leur dire qu'on apprend à soigner en étant soi-même parce que tout est là, dans mon corps fait pour jouir et pour souffrir, semblable au corps de l'autre, et c'est là seul que nous pouvons puiser pour comprendre ce que nous faison ici, bordel ! Parce que ton corps, mon autre, m'est toujours étranger même si je me perds dedans, et c'est dans le mien - et dans le mien seulement - que je sens, que je sais si tu souffres, si tu jouis, si je te soigne ou si je te martyrise !
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Ouais, les médecins ne sont pas des gens faciles. Les médecins, ça connaît des trucs qu’on n’imagine même pas. Les médecins, ça sait sur nous des choses qu’on aimerait mieux ne pas savoir. Les médecins, ça fait peur.

Les médecins, parfois, on aimerait savoir ce que ça a dans la tête. Mais on se le demande jamais. Ça fait trop peur d’y penser.

Les médecins, on se demande d’où ils sortent. On se demande s’ils se souviennent qu’ils n’ont pas toujours été médecins. On se demande s’ils ont été jeunes, un jour. On se demande si ça leur est arrivé de souffrir et d’avoir à aller chez le médecin.

Parce que, s’ils sont vraiment si éduqués que ça, pourquoi a-t-on parfois le sentiment qu’ils ne savent pas dire ni bonjour ni au revoir ni pourriez-vous me prêter une cuillère ni s’il vous plaît ni merci, ni un geste en sortant ni un sourire en passant quand on les croise dans l’escalier ?

C’est vrai, quoi, certains médecins sont tellement malpolis qu’on se demande qui les a élevés.

Jusqu’au moment où on se met à travailler dans une faculté de médecine.

Et là on comprend.

Enfin, quand je dis qu’on comprend, je ne veux pas dire qu’on accepte que tant de médecins soient si mal embouchés, si mal aimables, si mal élevés, si malotrus, si malfaisants.

Mais qu’on soupçonne comment ils le sont devenus. Ou restés.

Parce que les études de médecine, c’est pas une éducation. C’est la douche écossaise. Du chaud qui brûle, du froid qui glace, sans prévenir, pendant toutes leurs études.

Deux années de concours pour éliminer ceux qui ont du sentiment, ceux qui ont de la gentillesse. Les plus faibles, les plus fragiles – ceux qui nous ressemblent le plus.

Et puis pendant les deux années qui suivent, on leur dit qu’ils vont être les meilleurs… s’ils ne relâchent pas leurs efforts. S’ils font exactement ce qu’on attend d’eux. S’ils suivent bien les enseignements de leurs professeurs. S’ils apprennent tout par cœur. Sils ne se laissent pas distraire. Par rien. Et surtout pas par eux-mêmes.
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Certains médecins, on se demande d'où ils sortent. On se demande s'ils se souviennent qu'ils n'ont pas toujours été médecins. On se demande s'ils ont été jeunes, un jour. On se demande si ça leur est arrivé de souffrir et d'avoir à aller chez le médecin. (p. 246)
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Et j'ai pensé que l'amour, c'était ça aussi: soigner quelqu'un d'autre, ensemble
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- Son médecin, c'est toi. Tu ne lui imposes pas la vérité : elle te la demande.
- Est-ce que je vais avoir la force...
- C'est elle qui meurt. S'apitoyer sur soi devant quelqu'un qui meurt, c'est indécent. [...] Va lui parler.
(p. 550)
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Être médecin, c'est un métier défensif : on se défend de la peur de la maladie, de la peur de la mort, en faisant semblant d'y pouvoir quelque chose.
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Vivre, ça ne se programme pas pour l'an prochain : l'an prochain, ça peut être jamais. Vivre, ça se fait tout de suite.
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Comment leur dire que soigner, ça ne s'apprend pas le stylo sur la page mais les yeux sur les lèvres et les doigts sur la peau et la bouche à l'oreille et mon corps sur ton corps.
Comment leur dire que soigner, c'est comme vivre, ça n'attend pas qu'on ait appris, ça se fait tout de suite
Comment leur dire que soigner s'apprend avec les autres - tous les autres : ceux qu'on admire, ceux qu'on déteste, ceux qui nous font vomir et ceux qui nous attirent, celles et ceux qui nous font peur et nous maltraitent, ceux qui nous entourent et ceux qui nous sont hostiles, nos amis nos ennemis, nos frères nos sœurs, ceux qui sont assis là autour de nous et que nous ne connaissons pas, et qui ont tous quelque chose à nous dire si seulement nous voulions tendre un peu l'oreille, si seulement nous voulions bien les toucher du doigt.
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Et la colère m'emplit quand je pense aux femmes croisées depuis que je suis née, aux femmes qui ont porté grossesse sur grossesse, en espérant que, de temps à autre, une fausse couche les délivrerait ; aux femmes mortes en couches parce que le médecin n'est pas arrivé à temps ; aux femmes déchirées, mutilées par un bébé trop gros sorti trop vite ; aux femmes mortes d'hémorragie parce qu'on ne les a pas surveillées ; aux femmes stériles que l'on a répudiées ; aux femmes à qui on arrache leurs enfants ; aux femmes violées contraintes de mettre au monde l'enfant de leur agresseur ; aux femmes soumises à l'inceste de leur père ou de leur mère ; aux femmes à qui on a refusé une contraception et qui sont mortes d'une grossesse - la grossesse de trop... ; aux femmes aliénées que l'on stérilise 'pour leur bien '; aux femmes que l'on contraint à porter un enfant qu'elles abandonneront à la naissance en le donnant à des étrangers ; aux femmes atteintes de cancer que l'on ampute sans hésiter ; aux femmes qui saignent et à qui un homme fait 'sauter l'utérus 'parce que c'est plus simple
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Moi, je devais l’avoir, le concours. Il fallait que je l’aie : tout le monde est médecin dans ma famille, de père en fils. Mes frères aînés le sont déjà. Ma sœur a passé le concours l’an dernier. Si je ne l’avais pas passé, moi aussi, ça aurait été la honte ! Maintenant, je me demande si je suis fait pour ce boulot. Parce que les gens malades, moi... Bon, avec toutes les spécialités qui existent, je vais bien en trouver une qui me conviendra.
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