"On n'est pas toujours responsable de ce qu'on est, mais je crois qu'on peut toujours se réveiller et prendre sa vie en main."
Deux handicapés du sentiment, voilà ce qu'ils étaient devenus. Et Edward pensait que c'était irrémédiable.
Ils n'y arriveraient pas. Ils n'y arriveraient plus. C'était trop tard.
Plus il courrait, plus il se savait perdu. Seul dans ce labyrinthe mortel et sans issue que les autres nomment la famille. Un refuge sacré pour la plupart des gens, un enfer pour d'autres.
« Retrouver sa communauté,se sentir connecté à des centaines de joueurs en ligne, se glisser dans la peau de puissants avatars et prendre son envol. [...]Vivre, bon sang ! Vibrer autrement que dans cette stupide réalité. » (p. 10 édition Actes Sud 2014).
L'inhumanité était insupportable aux yeux des hommes. Elle soulevait le cœur, l'âme et déchiquetait la peau à rendre fou. Mieux valait-il détourner les yeux que de regarder en face la monstruosité dont les humains étaient capables?
Adopter un jargon étranger, revêtir une autre personnalité, rester aux aguets; se fondre dans une partie de jeu, c'était comme partir en voyage. Quand il jouait, le monde alentour s'évaporait. Plus de murs, plus de temps, plus de parents, ni de devoirs.
Pour certains, pensa-t-il, fuir la réalité était une façon de vivre apaisé.
Les gosses n'étaient pas toujours en sécurité dans leur maison, car c'était là que pour certains leur vie se faisait bousiller à jamais. Une violence sans témoins, bien calfeutrée derrières les doubles rideaux.
Pour certains, pensa-t-il, fuir la réalité peut être une façon de vivre apaisé.
Je t'aime un peu, beaucoup, passionnément, mais sans folie.