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3,78

sur 632 notes
Là, j'ai marqué un bon panier en lisant ce livre de Tom Wolfe. C'est un pavé léger (650 pages) tellement il se lit bien. le langage est adapté aux personnages et adaptable à toutes situations conceptuelles. C'est ‘fucking' bien mais pas seulement et pas tout le temps sur cet aspect, puisque la vulgarité suit un schéma savamment étudié dans un paragraphe donné pour paramétrer et stigmatiser la jeunesse en son milieu. Ainsi trouverons-nous également des dialogues délirants ou s'expriment les voix des instances dirigeantes, Président, Professeur et Coach lorsqu'elles s'affrontent.
Extrait :
La boulette de graisse et de ressentiment ne dirigeait pas sa vindicte contre l'entraîneur, cependant, car il n'osait pas regarder cette force de la nature dans les yeux : c'était au président qu'il s'adressait.
« Si Mr Roth veut s'occuper d'une bande de chimp..., euh, de sportifs dont la taille est inversement proportionnelle à la masse cérébrale, c'est son affaire. Quant à moi, je pense qu'il est de sa responsabilité de les tenir à l'écart de cours dispensés par des enseignants qui prennent leur métier au sérieux. »
Buster Roth avait viré à l'écarlate, soudain. Il s'est penché vers Quat, essayant d'attraper son regard.
« Hé, attendez un peu ! Vous ne savez même pas de quoi vous parlez !
― Vraiment ? a rétorqué le professeur sans pour autant regarder Roth en face. Eh bien, il se trouve que j'ai ‘quatre' de vos ‘sportifs-étudiants' dans mon cours, vautrés côte à côte tels des billes de bois. Je les appelle la Quadrilogie des singes : ‘'Ne vois pas le mal, ne parle pas mal, n'entends pas le mal et ne fais jamais marcher ta cervelle'' ! »
Cela virait à la prise de bec entre poissonniers, de sorte que le président s'est estimé forcé d'intervenir.
« Vous êtes certain que vous voulez employer le terme de ‘singes' Jerry ?
― Quoi ? Si je suis sûr que... ? »
Cutler a observé avec satisfaction la lueur paniquée apparaître dans les pupilles de Quat lorsque la boule de suif s'est rappelé que trois des quatre étudiants en question étaient noirs.
« Ah, je ne voulais pas... Je veux dire que... C'est juste une formule... (p.499-500)
.
Mais, venons-en à Charlotte puisque c'est autour d'elle que gravite désormais toute cette symbolique de la puissance quels que soient les domaines et la hiérarchie d'où elle sévit.
Moi, Charlotte Simmons, pour quel dessein ? Partagée entre mes choix et turpitudes. Poursuivre mon chemin tout tracé, celui de l'excellence et persévérer dans ma solitude. Ou suivre le mouvement, entrer dans le troupeau pour y stagner, y jouer un rôle. Risquer de n'être plus personne de ce personnage que j'ai placé si haut. Débattre entre moi et moi, du physique ou de la morale, du corps ou de l'esprit.
Et si ce livre pouvait nous remettre en bonne concorde dans la perspective évolutive du conflit générationnel ?
Charlotte ? Elle vient de Sparta, Caroline du Nord, Montagnes Bleues, neuf cents habitants, mais ne vous inquiétez-pas, vous n'en avez jamais entendu parler et c'est pareil pour tout le monde...
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« C'est le sottisier d'une Amérique qui brade ses élites dans la pétaudière de la branchitude, de la coolitude, de la paresse et de la servitude sexuelle ». Nul mieux qu'André Clavel, dans L'Express, ne pourrait mieux décrire l'univers de ce roman de plus de 1000 pages !

Cette description dans les moindres détails d'une prestigieuse université, celle de Dupont, m'a happée - je ne vais pas dire dès les premières pages, car pendant un temps qui m'a semblé très long, j'ai failli l'abandonner – et m'a horrifiée, oui, horrifiée. Que viennent faire tous ces étudiants, l'élite, parait-il, à part boire et coucher ? Les fameuses « fraternités » ne sont que le repère de débauches continuelles entrecoupées de causeries ineptes devant une télévision où ne défilent que des matches sportifs... Les garçons ne pensent « qu'à ça », et les filles aussi ! Et les conversations, émaillées de « fuck », de « putain » ne rehaussent pas le niveau, loin de là !
Et puis il y a les Sportifs, les Stars : ceux qui viennent à l'université uniquement pour jouer, pour lancer leur future – improbable – carrière sportive. Et ceux-là sont quasi intouchables : malheur aux professeurs qui oseraient leur infliger un échec ! Ils profitent donc d'un programme adapté à leur niveau intellectuel et ils ont les filles à leurs pieds (toutes des « tepu »...).

C'est dans cette pétaudière qu'arrive Charlotte Simmons, une petite jeune fille très intelligente, qui croit que l'université est le repère des plus grands cerveaux, qui croit que le but ultime des étudiants est de s'élever intellectuellement, de prouver au monde qu'ils méritent l'honneur d'appartenir à Dupont. Elle tombe de haut, Charlotte ! Toute pétrie de son éducation rurale, honnête et naïve, elle va devoir se frotter aux grands méchants loups de tous poils, et ça va faire mal, très mal !

Tom Wolfe a réussi à me captiver alors que j'étais complètement dégoûtée ; il a réussi, malgré moi, à m'entrainer dans les arcanes de ce monde estudiantin et j'étais impatiente de retrouver chaque jour (car il en faut, des jours, pour venir à bout d'un univers de 1000 pages !) les joies et les déboires de Charlotte, de Jojo Johanssen, le grand basketteur au coeur pas si corrompu, de Hoyd Thorpe « le play-boy le plus cool du monde », d'Adam, l'intellectuel pur et encore puceau malgré lui, de toutes ces filles riches, odieuses et gâtées, de toutes ces autres filles pauvres, boursières et mal dans leur peau.

Comment faire partie de la société ? Comment ne pas être seul, finalement... Pour s'intégrer, faut-il se renier ?
Sous le couvert d'une chronique mouvementée de la vie estudiantine pendant quelques mois, Tom Wolfe pose les bonnes questions, celles qui dorment au fond de chacun de nous.
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Charlotte Simmons ou la chute d'un idéal (d'une illusion?). Brillante lycéenne à Sparta, Caroline du Sud, pétrie de morale et de bonnes intentions, sérieuse,... La parfaite petite étudiante en devenir. Qui plus est, elle est admise comme boursière à la prestigieuse Dupont University. Alors qu'elle prépare son emménagement, elle se réjouit d'avance d'intégrer l'élite intellectuelle, de partager de hautes discussions sur de passionnants sujets. Elle se promet de se donner à fond aux études et de briller par son intelligence et ses excellents résultats.

L'arrivée à Dupont arrive enfin. Elle rencontre sa camarade de chambrée et la réalité d'un monde inconnu. Sa morale est d'emblée choquée par la mixité de la résidence. Et ça, ce n'est qu'un début. Où sont les étudiants épris de recherche et de culture? Ou sont les discussions hautement intellectuelles? La petite Charlotte découvre qu'en fait ce qui prédomine se résume à sexe, alcool et fêtes.
En terme de camaraderie, elle se retrouve avec une sale gosse de riches égocentriques et qui ne pensent qu'à s'envoyer en l'air avec les types les plus populaires. Charlotte croit trouver de la gentillesse auprès d'un membre d'une fraternité, qui se révèle pourtant un beau salaud qui cherche un coup entre deux beuveries.

Tom Wolfe offre un portrait dur et grinçant du monde universitaire et de la jeunesse américaine. Il faut s'accrocher pour venir à bout de son pavé tant le constat suscite de dégoût et d'amertume. A travers son personnage naïf et moral de Charlotte, il pose une question d'importance et qui vaut pour ce milieu comme pour tant d'autres : faut-il renoncer à soi-même et à ses convictions pour s'intégrer et entrer dans le moule?

Un roman choc, non sans quelques longueurs, mais qui contient de belles pépites. Les apparences peuvent être trompeuses et le parcours de Charlotte sera riche en surprises de tous genres.
Le bûcher des vanités m'attend et j'espère y trouver autant d'intérêt.
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Tom Wolfe revisite, à sa façon, le mythe de Cendrillon, non sans, au passage, attaquer au lance-flammes les grandes universités américaines, leurs équipes sportives antichambres des ligues professionnelles, et les élites qu'elles sont censées former à grands coups de dollars.
Les personnages sont, comme d'habitude, légèrement caricaturaux ce qui ne les rend que plus attrayants. Commençons par Cendrillon-Charlotte, brillante étudiante issue d'un milieu très modeste et d'une contrée rurale perdue, soudainement propulsée dans une université branchée et renommée. On l'imagine instantanément comme une variante d'Audrey Hepburn projetée chez les beaufs et les poufs. Vous voyez le décalage, le choc des cultures !
Pour les beaufs, il y a Jojo, un des basketteurs vedettes de l'université auréolés de leur titre de champion universitaire l'an passé. Jojo, comme ses coéquipiers, met un point d'honneur à bien montrer à tout le monde que les cours et les études, il n'en a rien à battre (pour rester dans un niveau de langage compatible avec le sien). Toujours dans cette catégorie fournie, il y a Thorpe, le beau gosse friqué dont l'univers est borné par l'alcool, le sexe et le narcissisme. Lui aussi est une vedette, genre playboy « trop cool », les filles en sont folles. Fils à papa, il n'est guère préoccupé par les études, assuré qu'il est de décrocher sans se fatiguer un salaire à six chiffres. Il enfile les « bons coups » sans perte inutile de temps ce qui lui a valu le surnom envié de « M. sept minutes ». Ne croyez pas que ces deux-là soient des cas isolés, non, pas du tout, c'est juste le haut du panier. Ce sont deux des fleurons de l'élite de Dupont University, deux phares, deus stars que chacun rêve d'imiter et chacune d'approcher d'un peu plus près si vous voyez ce que je veux dire. Et puis, en bas de la hiérarchie, très loin des grands singes dominants précédemment cités, il y a les besogneux comme Adam. Pas d'argent, intelligent, travailleur mais toujours puceau. Pas cool, quoi ! Pour survivre, il livre des pizzas et sert de répétiteur à un sportif vedette, cette année c'est Jojo. Dans répétiteur, comprenez souffre-douleur, larbin, esclave, convoqué à minuit et sommé de rédiger le devoir en lieu et place de sa majesté pour le lendemain huit heures.
Côté poufs, on a l'embarras du choix. Commençons par Beverly, la « camarade » de chambre de Charlotte, une pétasse friquée arrogante, méchante et snob que l'on finirait par plaindre tant l'auteur décharge son fiel (une de ses qualités essentielles) sur ce triste personnage, détestable mais indispensable faire-valoir, chez Wolfe comme chez Disney. Après, la galerie est bien remplie, de Gloria, Nicole, Crissy, Lucy, Samantha ou Marilyn qui finit par avouer pendant un court moment de lucidité post-coïtal du géant Jojo qui s'interroge (soudain subjugué par Charlotte, il s'est inscrit à un cours sur Socrate):
« Je vois que tu es une fille bien, alors…pourquoi tu fais ça ? Tu ne me connais même pas.
_ Tu es sérieux, là ?
_ Mais ouais… Pourquoi ?
_ Tu es une star.
_ Et donc ?
_ N'importe quelle fille veut… baiser… une star – Comme tout le reste, elle avait énoncé cela avec gentillesse, douceur et sincérité – N'importe quelle fille qui prétend le contraire est une menteuse. »
Rajoutez le sénateur de Californie surpris sur le campus en galante compagnie (je surveille mon niveau de langage) que Tom Wolfe (qui ne censure pas celui de ses personnages) traduit par « la nuit de la turlute », le coach de l'équipe de basket, l'homme le mieux payé du campus, un professeur gauchiste intraitable avec les compromissions, des copines jalouses, une bande d'intellos qui se voient devenir les éminences grises du siècle nouveau et vous obtenez le cocktail jubilatoire du dynamiteur de la société américaine qu'était Tom Wolfe, nous offrant, comme à l'accoutumée, un excellent moment de lecture en suivant les aventures de Charlotte que je me garderai bien ici de déflorer (je parle bien sûr des aventures. Pour Charlotte, les candidats ne manquent pas).
Un excellent Tom Wolfe, incisif, amusant, et qui donne à réfléchir.
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La jeune Charlotte Simmons réalise son rêve. Brillante élève de la petite bourgade de Sparta en Caroline du Sud, elle est reçue comme boursière dans la glorieuse Dupont University. Mais, Charlotte débarque avec des valeurs et une envie d'apprendre qui va très vite s'avérer très loin des objectifs de ces nouveaux camarades. D'autant plus, que Charlotte est un poil naive. Ici, le temps consiste à s'éclater aux joies pernicieuses d'une jeunesse nantie et dont les études ne sont pas au centre de leurs intérêts.
Première lecture de Tom Wolfe, et un vrai plaisir , car l'auteur au costume blanc mets en opposition avec beaucoup de malice deux Amériques l'une puritaine et à cheval sur les principes et une autre qui ne voit que par le paraitre et la popularité. Wolfe dans un roman remarquablement documenté, mélange humour et cynisme et entraine la pauvre Charlotte dans un apprentissage de la vie bien loin de ces espoirs. Même si le roman s'essouffle par moment le style puissant et les dialogues qui sonnent étonnamment justes lèvent à eux seuls l'entousiasme. Excellent.
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On suit ici l'éveil brutal d'une jeune fille, Charlotte Simmons, à l'éducation et aux règles morales irréprochables, face à la sexualité et aux réalités sociales telles qu'elles existent au sein de grand campus élitistes américains. C'est une immersion totale pour Charlotte comme pour nous! On découvre ici l'innocence même qui s'ouvre, voir qui se confronte le plus souvent, à la débauche de la vie estudiantine.

Bien qu'un réel pavé ce roman se laisse dévorer à vitesse grand V, c'est extrêmement bien écrit et Tom Wolfe nous fait partager à merveille l'analyse psychologique de ses personnages (Tel Fiodor Dostoïevski avec Rodion Raskolnikov dans le sublime crime et châtiment, rien que ça!)

Bref une petite bombe exquise!

Livre lu sur les conseils de Frédéric Begbeider (il en parle dans son dernier roman l'homme qui pleure de rire).
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Avec ce docu roman de 1008 pages (quand même !) Tom Wolfe a décidé de tailler un gentil costume sur mesure aux universités américaines. L'image des petits intellos de la Côté Est a pris un sérieux coup dans l'aile et tout ça pour notre plus grand plaisir.

Même si la description en devient presque caricaturale (si il n'y avait que des demeurés qui sortaient des prestigieuses universités américaines, je crois qu'on l'aurait déjà remarqué...), il n'y a pas de fumée sans feu. Ayant d'ailleurs moi-même poser mes fesses sur les bancs d'une bonne école de commerce à la française, je ne doute pas un seul instant de la véracité de certains aspects de la vie estudiantine d'aujourd'hui : sexe, alcool & rock'n roll ! C'est à ce moment précis que l'expression : “profite de la vie étudiante, ce sont tes meilleures années” a d'ailleurs pris tout son sens pour moi. Quand on me disait ça au collège, je ne pouvais pas m'empêcher de penser “Ben ça promet, si ça ce sont mes meilleures années...”.

Bref, revenons plutôt à “Moi Charlotte Simmons” de Tom wolfe. Imaginez une jolie brochure qui vante la vie de l'esprit et qui se targue de former l'élite américaine de demain dans un cadre idyllique et formateur en présence des plus grands professeurs des États-Unis. Regardez la belle image qui illustre ce bla bla : des étudiants assis en cercle sur une pelouse verte (elle est synthétique ou quoi pour être aussi verte ?!), un jeune couple qui discute près d'un arbre, d'autres, livres à la main, qui se tiennent debout devant la magistrale statue de Charles Dupont, fervent symbole de leur future réussite professionnelle, un grand soleil et un magnifique campus dans l'une des plus belles oeuvres architecturales jamais construite par l'homme. Pas mal non ?!

Mais approchez vous, regardez de plus près : les jeunes sur la pelouse sont en réalité complètement ivres et en train de faire un jeu d'alcool, le jeune couple ou plutôt la jeune fille, appuyée sur l'arbre centenaire (il a du en voir des vertes et des pas mûres celui-là !) semble exécuter des mouvements peu catholiques, quant au petit groupe devant la statue, il se fait gentiment passer un joint de main en main et les livres sérieux que l'on imaginait dans leurs bras ne sont autres que des Cosmopolitain, Grazia et autres presses creuses (mais idéales pour la plage et le train, je vous le confirme). Et que dire de la bâtisse ? Une fois entré à l'intérieur fini la belle pierre et le prestige qui y est associé et bonjour le lino troué, les relents d'alcool et la débauche quotidienne qui se joue là ! Vous grattez un peu la surface du tableau et bim vous ne voyez plus du tout la même chose ! Hé bien c'est exactement ce que va vivre Charlotte Simmons au cours de ces 1007 pages !

C'est à dire une belle déception en bonne et due forme qui va mettre un peu de plomb dans la cervelle de notre belle héroïne qui, sortie de ses livres, est à 1 millions de kilomètres de connaître les codes culturels et sociaux de ses pairs. Elle, le petit prodige, le génie des Montagnes bleues qui a intégré l'une des plus prestigieuses universités américaines ne sera pas au bout de ses peines dans cette jungle d'étudiants plus dépravés les uns que les autres. Ses principes et ses convictions rigoristes autant que catholiques (oui effectivement, ça fait beaucoup pour une seule personne !) vont être soumis à de sérieux tests de conformité !

Originaire de Sparta, Caroline du Nord, petit bled pauvre et perdu où il ne se passe pas grand chose, Charlotte va être confrontée aux hordes de fils à Papa et de fi-filles à Maman, d'étudiants sportifs aux passes droit injustes et injustifiés, au sexe, à l'alcool, à la débauche, à un vocabulaire outrancier à base de fuck, fuck, fuck et à tout un tas d'éléments qu'elle n'aurait jamais pu imaginer, elle la petite fille pure et innocente des montagnes.

Va t-elle céder à la pression du groupe ? Cette réponse vous l'aurez assez vite car la naïveté de Charlotte aura rapidement raison de ses principes. Tiraillée entre ses origines de petite américaine puritaine et sa volonté de s'intégrer à cette jeunesse américaine qui ne jure que par la popularité et l'argent, Tom Wolfe ne va rien lui épargner. Trouvera t-elle son salut auprès du petit groupe d'étudiants qui se fait appeler les mutants du millénaire (qu'est ce que c'est ce que ce nom sans déconner ?!), les seuls qu'elle ait rencontrés et qui semblent être à Dupont pour apprendre et étudier ?

J'ai eu envie de la baffer autant que de la réconforter cette petite Charlotte. Véritable cliché ambulant de la provinciale coincée, paumée, complètement à la masse, elle est parfois fort agaçante et à la limite de la crédibilité, Tom Wolfe y est allé un peu fort mais c'est certainement pour accentuer les contrastes entre l'idée que l'on a de l'université américaine et la réalité. Les personnages qui gravitent autour de Charlotte sont également très travaillés bien que fortement caricaturés parfois. Il y a beaucoup de détails, le tout donne un bouquin vraiment sympa mais qui n'est toutefois pas à la portée de tout le monde de par sa longueur. Car oui, il faut l'admettre, on aurait pu faire plus court. Même si j'ai pris plaisir à lire chaque page, j'ai mis du temps à vraiment m'accrocher. Les 300 premières pages sont un peu longues, ce qui fait beaucoup pour les impatients, nous serons tous d'accord là dessus ! Quelques mièvreries sont également à dénoncer, mais elles sont étroitement liées au personnage de Charlotte.

Globalement je dirais que c'est un bon bouquin qui se lit très bien, surtout lorsqu'on pense au message qu'il est censé faire passé. La destruction d'un système éprouvé comme celui-là, ce n'est pas courant, autant vous dire que Tom Wolfe ne s'est pas fait que des amis. La société américaine est un puits d'inspiration sans fond pour notre auteur, il va chercher les informations à la source et c'est ce qui donne du cachet et de la matière à ses bouquins !

Est ce que je recommanderais ce livre ? Oui mais aux “initiés”. J'entends par initiés des gens qui apprécient une large variété de littératures, qui n'ont pas peur de se lancer dans des mastodontes, qui aiment l'opulence du détails et cet aspect docu roman si propre aux romans de Tom Wolfe. Tout ça m'a bien donné envie de me lancer dans Bloody Miami, le petit dernier !

Lien : http://www.nola-tagada.fr/ca..
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Wolfe est un romancier qui aurait pu faire de la mise en scène. Lire et voir plutôt comment il monte et surtout démonte cette hallucinante scène de bal qui s'achève dans une grandiose et démesurée orgie. Disciple de Zola, appartenant à cette nouvelle génération d'écrivains journalistes d'investigation, Wolfe s'appuierait sur de solides docus touchant la vie étudiante américaine qui aurait résolument tourné le dos à la pruderie et au puritanisme de ses pères fondateurs. Pourquoi pas, quand nous connaissons les précautions d'un prof de fac à recevoir dans sa salle de cours une étudiante. Ce livre pourrait se présenter comme l'antidote d'une certaine hypocrisie américaine qui n'hésiterait pas à descendre en flèche son président qui succomberait à quelques gâteries qui n'ont bien sûr rien d'innocent, et en dédouane un autre qui construit une guerre de cent ans sur un canulard pétrolier. Somme toute, monsieur Wolf est grand, très grand et Charlotte Simmons son insigne prophétesse. A lire sans modération
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C'est bien compliqué de rester Charlotte Simmons, sérieuse, intelligente, pure, pleine d'idéaux quant aux sommets d'épanouissement intellectuel qu'elle pense rencontrer au sein de la mythique (et fictive) université Dupont, Pennsylvanie, quand, quittant sa provinciale Caroline du Nord, elle se retrouve jetée au centre de ce cloaque de gosses de riches ParisHiltonisés jusqu'aux franges de leurs jean Diesel, buvant, baisant et festoyant en boucle , soudés dans des codes de classe dont la petite Charlotte est bien loin d'avoir la clé.

Idéaux à perdre, coeur à prendre et avenir à risquer: Tom Wolfe concocte à sa mignonne héroïne un chemin d'apprentissage particulièrement corsé et ne nous épargne rien de ses émois sentimentaux de jeune fille - laquelle jeune fille va prendre cher pour s'être crue autorisée à côtoyer le beau monde. Mais c'est pour mieux mettre en relief la stupidité crasse, la ridicule arrogance et l'inanité sans nom de ses congénères bien nés, et fustiger à travers eux l'écosystème qui leur permet de prospérer : hypocrisie du système universitaire, farce des programmes sport-étude et de la discrimination positive, vacuité trash de la vie estudiantine en miroir de la vacuité intellectuelle des "étudiants" immatures et enfants-rois, implicitement autorisés à n'apprendre rien si ce n'est de conforter leur imbrication dans l'élite à laquelle ils appartiennent, tout cela passe sous le scalpel aiguisé et féroce du méchant Tom qui se délecte dans les moindres détails des moeurs de cette peu ragoutante fourmilière. L'argent est roi ,les intellos sont des loosers et les idéaux sont morts, fermez le ban. Et dire que cela (et derrière ce cela Wolfe met dans un même sac toutes les prestigieuses facs américaines) fait encore rêver la nation...

J'ai adoré ce gros roman, un peu lourdingue dans ses dialogues djeuns déjà démodés et truffés jusqu'aux yeux de "fuck", mot valise qui pour ces étudiants décérébrés mais si coool veut absolument tout dire, un peu trop long peut-être mais absolument jouissif!
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wolfe est un auteur américain originaire de virginie. Populaire , excentrique ( ses fameux costumes blancs et son chapeau à larges bords), conservateur, mais surtout doté d'un immense talent de conteur, ses romans connaissent des succès mondiaux retentissants. Adaptation de ses oeuvres au cinéma, invitation dans les émissions de télé les plus regardées, Wolfe est un cas à part dans la littérature américaine contemporaine. Ses romans , pour la plupart des pavés de près de 1000 pages, décortiquent la société américaine avec talent et précision. Fort d'un véritable travail d'investigation, Wolfe, lauréat de nombreux prix de journalisme, n'a pas son pareil pour s'attaquer à tous les maux de la société américaine. Ses thèmes de prédilection ( racisme, rapports voir conflits sociaux, ) sont abordés dans chacun de ses romans et font de son oeuvre un témoignage unique sur l'amérique contemporaine.
* Mon humble avis : Wolfe est un écrivain unique. Ses romans sont à chaque fois un prodige de précision et de talent. L'auteur aborde le sujet de la société américaine sous tous ses aspects et nous livre des sagas passionnantes et addictives. La sortie de chacun de ses romans est attendu dans le monde entier et unanimement salué par la critique. On ne peut que s'incliner devant un tel talent mais aussi devant une somme de travail qu'on devine immense. Je recommande particulièrement la lecture d' un homme, un vrai ou moi, charlotte Simmons qui sont deux romans prodigieux à mon humble avis. le style de Wolfe est aussi élégant que son accoutrement et ses romans, malgré leurs longueurs, m'ont procuré un immense plaisir de lecture. A la manière d'un sociologue, il critique la société américaine avec talent et aborde des sujets brulants d'une manière unique et captivante. Vous l'aurez compris je suis fan de cet auteur qui prétend s'inspirer de Zola ou de Dickens et dont je ne vois pas l'équivalent dans la littérature moderne (peut-être en France avec l'insouciance de Karine Tuil ?) . Un grand auteur, des romans palpitants, une exigence rare, des personnages inoubliables, n'est-ce pas tout ce qu'on demande à un auteur de talent ? Wolfe remplit son contrat haut la main et j'ai hâte de découvrir sa prochaine production annoncée pour 2018.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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