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Daniel Mauroc (Traducteur)
EAN : 9782020306492
408 pages
Seuil (21/11/1996)
3.73/5   220 notes
Résumé :


Vue kaléidoscopique de l'Amérique depuis un bus conduit sous acide, Acid Test est une invite à un voyage sans retour.

En 1964, Tom Wolfe s'embarque avec un groupe de marginaux californiens, les Merry Pranksters, dans leur bus scolaire conduit par Ken Kesey (auteur de Vol au-dessus d'un nid de coucou) et Neal Cassady (héros de Sur la route de Jack Kerouac).

Organisation de concerts-happenings (les Acid tests) et consomm... >Voir plus
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Début janvier. La tempête fait rage. Je lis Acid Test de Tom Wolfe, avec un jus d'orange tout frais sorti du frigo contre la gueule de bois des fêtes… Issu de la mouvance du « nouveau journalisme », ce roman-reportage fait l'article d'un phénomène contemporain de l'auteur, dans l'Amérique des années 60 d'Hunter Thomson (Hell's Angels), Jack Kerouac (sur la route), Neal Cassady, Larry Mc Murtry (lonesome dove) et de quelques autres : celui de Ken Kesey (vol au dessus d'un nid de coucou) et sa communauté de camés.
Je regarde dehors, les arbres prennent vie ; Leurs silhouettes se meuvent, ombres menaçantes au dessus de ma tête. Tout se déforme et se décline en mille couleurs d'éclairs. Et tourne, tourne ma tête…:::::: Kesey, perso principal de l'aventure, fait partie de ces auteurs dont la célébrité vient autant de son talent que de sa réputation pour son « expérience » de la drogue, dont il devient l'ambassadeur. Gourou de la libération des sens et de l'abolition des frontières enchaînant nos cerveaux, il prône la libéralisation des drogues, afin d'atteindre notre subconscient et d'abolir toutes limites à nos capacités sensorielles.
Le vent s'engouffre et m'envahit de bruiiiit ::::: souffle lancinant et brutal, choc des gouttes sur les vitres, un ploc transparent et sonore multiple de l'infini, la couleur bleue qui éclate et éclabousse mon visage, se divise, se multiplie, emplit mon cerveau ; bruit de l'eau qui s'écoule, pommes de pin qui tombent et cognent sur ma tête pleine d'eau , plouf ; les tuiles qui bougent kliiiiiiiiing, les troncs qui grinccccent.:::::::::: Avant le succès de ses livres, Ken Kesey se fait de l'argent comme cobaye, embauché pour tester de nouvelles molécules, de nouvelles drogues médicinales…
Le feu nourri des balles de grêle crépite dans ma tête ; explosion de blancheur dans mes tempes.
Ces substances lui ouvrent de nouvelles perspectives, sensations ; « expériences », qu'il veut partager au monde entier. En commençant par sa petite bande de fidèles, sa communauté qu'il trimbale en bus, équipé pour l'expérience : de caméras, de micros destinés à amplifier, déformer, faire vibrer la réalité pour la vivre pleinement sous toutes ses coutures. Et de toutes drogues sous toutes leurs formes pour décupler les expériences.
No limit. Sauf l'acide dans le jus d'orange, qui est seulement pour les grandes occasions ::::::: AVALANCHE de couleurs dans moi, tout le monde devient transparent : je VOIS enfin les gens et ils sont moi, aucune frontière entre nous. Couuuuucou vous - Compris. Tom Wolfe me livre les clés de ce monde sans frontières où tout est limpide, comme cette pluie divine qui délite mes chaînes.
J'ai soif, ce livre m'assèche la rétine mais ce jus d'orange, foutument acide, apaise ma brûlure. Je « salive-live-live-live-live ». Ken Kesey, l'évidence ; tout explique ce « vol au dessus d'un nid de coucou », qui rejaillit plus fort en moi, sous cet éclairage nouveau.


Et Tom Wolfe de poursuivre le récit de ce very bad trip en bande désorganisée, promouvant l'expérience du présent universel, joueurs de flûte sillonnant l'Amérique sur le toit d'un bus, pour réveiller les consciences, être tous « synchro » et ne faire qu'un : être l'Autre, accéder à sa conscience, ses sensations. « Savoir » tout de lui, ce qu'il pense.
Alors ils font le film de leur « présent », pour créer une nouvelle manière de diffuser leurs idées. Car l'écriture est dépassée : « nous sommes prisonnier d'une syntaxe, dominés par un instituteur imaginaire, avec son stylo bille rouge, qui nous colle un zéro pointé à la moindre infraction. ». Visualiser ce film de leur « présent » désormais passé questionne l'existence du présent : nous subissons toujours le décalage qu'il faut pour réagir à quelque chose. « Nous sommes tous condamnés à passer notre existence devant notre film. Nous ne faisons que réagir à ce qui vient de se produire (…) Nous croyons vivre dans le présent mais c'est faux ». « Le présent que nous connaissons n'est qu'un film de notre passé ». « Il nous faut surmonter ce décalage ». Car « Nul ne peut créer vraiment sans commencer par surmonter tous ces décalages ». Pour ça, il faudrait être plus… speeeeeeeeeeed. Comme durant cette rencontre avec les Hell's Angels grâce à Hunter Thomson.
Bon sang ce qu'il est acide, ce jus d'orange.:::::: « Ils avaient triomphé du pire handicap que connaissent les intellectuels - le complexe de la vraie vie. Les intellectuels étaient toujours paralysés par cette impression qu'ils n'accrochaient pas à la vie réelle. »


L'art de Tom Wolfe est de nous plonger à la fois dans l'acide psychédélique du bus, bourré de hard rock et et de stroboscopes, tout en y mêlant la parole du journaliste plein de recul qu'il peut être, nous livrant presque une étude scientifique du mouvement sociologique qu'il décrit, pointant ses points communs avec les religions et sectes qui l'ont précédé : « Je me suis efforcé non seulement de raconter l'histoire des Prankers, mais aussi d'en créer l'atmosphère mentale, la réalité subjective. Je ne crois pas qu'on aurait pu, sinon, comprendre quoi que ce soit à pareille aventure ». Au final, il l'analyse autant de l'intérieur que l'extérieur. Un roman d'un nouveau genre sur un Ken Kesey en « Christ à la coule » ou « mystique moderne », ses incroyables « party » surveillées par les « chaussures noires » du FBI, sa paranoïa, ses démêlés avec la justice, sa fuite au Mexique avec les briques de jus d'or…
Oh purée, le jus d'orange ! ::::::….. Qui l'a mis dans mon frigo ? Qu'avez-vous mis dedans ? Vous voulez tous ma mort, c'est ça ?! Est-ce que c'est toi Chou, tu veux la maison pour toi tout seul ? Ou est-ce Berni_29, qui veut récupérer son exemplaire d'Anna Karénine ? Ou alors Pierigwenn, qui aime tant la neige, cette sacrée poudre blanche de Noël et qui la veut tout pour sa consommation perso… Overdose-dose-dose ;;;;;;;;; ??? L'éclair explose mes vitres, mes veines, mon sang jaillit, phosphorescent dans le noir intempestif tombé du ciel. Silence. Ça roule, gronde, claque, grince ; scalpels sur mes nerfs à vif. La foudre et tout prend feu, mon livre brûle, mes yeux piquent et mes neurones se barrent mais je poursuis.
Ça y est je l'ai : la « vue kaléidoscopique de l'Amérique depuis un bus conduit sous acide » annoncée par la quatrième. Ça file. A toute vitesse. Sans les limites. C'est parfois drôle, et parfois long, éprouvant, ce road-TRIP-movie : « Le voyage en autobus devenait toute une allégorie de la vie. »
Mais de la vie, personne n'en sort vivant. Sauf les Morts. Reconnaissants (Grateful Dead). Ouvrez vos chakras les amis, buvez du jus d'orange acide… « Pouvez-VOUS passer le test de l'acide », « et passer à travers tout ça sans crouler »…?


Mais pssssssst, t'inquiète, si t'as pas pris de jus d'orange avant de lire ça, tu peux aussi compter sur ce résumé masqué, et boire de l'eau fraîche…:
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Début des années soixante, l'Amérique découvre le LSD, Tom Wolfe raconte…
Ken Kesey à la suite d'un stage universitaire dans un hôpital psychiatrique découvre l'existence du LSD et écrit « vol au-dessus d'un nid de coucou ». Rapidement il rassemble autour de lui une communauté de marginaux, de rebelles, une jeunesse épris de libertés, les Merry Pranksters et dont le projet sera d'accéder à l'ultra conscience, une pensée universelle et omnisciente qu'a notamment décrite Aldous Huxley dans son ouvrage « les portes de la perception » (1954). Lui-même avait fait certaines expérimentations hallucinatoires lors de la prise de mescaline. Pour Ken Kesey, le LSD sera l'élément déterminant dans sa démarche. Ils font l'acquisition d'un bus Harvester 1939 (les cars jaunes de ramassage scolaire), le repeignent aux couleurs Day-Glow, l'équipent de micros, hauts parleurs, magnétophones, caméras et partent sur les routes des États-Unis se filmer. En ressortira un documentaire de 40 heures.
On est dans une démarche culturelle créatrice et avant-gardiste.
Le magnétisme de Ken Kesey charme, fédère cette communauté comme le gourou d'une secte dédiée aux plaisirs de la chair et des sens, et à la recherche perpétuelle d'un bonheur hors des sentiers battus. Il rassemble autour de lui une jeunesse égarée assoiffée d'aventures qui n'a pas encore trouvé sa voie. C'est au moment où l'on attend plus rien de la vie, qu'elle a le plus à donner. Mais il n'y a pas que des « pommés », Allen Ginsberg, Neal Cassady et d'autres célébrités vont se joindre au mouvement.
Ils rejettent le modèle parental, les clichés. Ils entretiennent une anarchie chaotique pour qu'il en naisse une nouvelle société, un avenir beaucoup plus trippant, rempli de surprises et d'innovations.
Au lieu de se conformer au schéma : travail-mariage-pavillon-enfant-famille, ils cherchent un autre chemin, une autre voie, n'y a-t-il pas une vie par-delà la vie ? N'y a-t-il pas derrière cet avenir conformiste une autre façon de la vivre ? Si la vie est un décor, qu'y a-t-il derrière ?
Ils expérimentent donc le LSD ou acide qu'ils distribuent lors de grandes réunions (Acid test) où des groupes de musique jouent sur scène, à commencer par les Grateful Dead menés par Jerry Garcia. Janis Joplin, Big Brother and the Holding Company ne sont pas loin. Un mouvement musical naitra et des gens comme Frank Zappa et les Mothers of invention, Jefferson airplains et bien d'autres s'en inspireront largement. le courant musical psychédélique vient de naitre.
Ils découvrent le stroboscope lors de leurs soirées déjantées. Les flashs des lumières qui s'allument et s'éteignent au rythme des battements du coeur les plongent dans des transes similaires à celles des drogues qu'ils prennent.
Ken Kesey initie l'idée d'une synchronisation des pensées du groupe. Plusieurs pensées qui n'en font plus qu'une grâce au LSD. Il promeut le Kaïros. le concept de Kaïros apparaît chez les Grecs sous les traits d'un petit dieu ailé de l'opportunité, qu'il faut saisir quand il passe. (Wikipédia)
Toute cette aventure n'est pas sans affoler les populations et surtout la police. Car, bien sûr, la drogue est un fléau, un mal (nécessaire ?!?). Les gens qui militent pour le bien de l'humanité sont souvent les dictateurs du bonheur de masse.
Mais comme le LSD est encore légale, ils n'ont comme charge contre eux que la détention et la consommation de Marijuana. C'est ce qui poussera Ken Kesey à fuir au Mexique puis à être condamné à quelques mois de prison dans une ferme d'état lors de son retour.
L'ouvrage de Tom Wolfe est un formidable reportage sur cette période de l'histoire des États-Unis, partagée entre la guerre du Viêt-Nam et les hippies, le psychédélisme, la beat génération.
L'auteur décrit parfaitement les situations avec humour et ironie. Certains passages partent haut dans les sphères d'un trip sous acide et Tom Wolfe s'autorise beaucoup de libertés dans la narration. Il ne prend jamais parti et ne juge pas les comportements. Mais il intellectualise parfois son récit, on reconnait en cela son dandisme new-yorkais.
Lui qui a dénoncé, parodié dans « le gauchisme de Park Avenue » les « radical chic » (notre « gauche-caviar »), en apparait un digne représentant, une émanation de cette « boboïtude », dans sa perception des agissements des Merry Pranksters. Se vautrer dans la fange, mais en costume trois pièces ivoires.
Mais c'est là tout le génie de l'auteur, inventeur du new journalisme, de prendre les choses sous l'angle de la raillerie, de les moquer avec bienveillance.
Traduction de Daniel Mauroc.
Editions du Seuil, 520 pages.
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Traversée loufoque de l'Amérique dans un bus conduit sous LSD, Acid Test est une sorte de voyage sans retour. En 1964, Tom Wolfe s'embarque avec un groupe de marginaux californiens, les Merry Pranksters, dans leur bus scolaire conduit par Ken Kesey (auteur de « Vol au-dessus d'un nid de coucoux) et par Neil Casady (héros de « Sur la route » de Jack Kerouac). le but officiel du voyage est de relier la côte ouest à la côte est et de rencontrer Ginsberg et Leary, les maîtres à penser des marginaux de l'époque. Ils organisent des concerts-happenings (les Acid tests) et consommation de LSD au coeur du voyage. Confrontations hilarantes avec la police et trips divers se télescopent ensuite dans un joyeux chaos. Chronique empathique et distanciée, ce livre-reportage donne à revivre la genèse et la généralisation du mouvement psychédélique. Né de la rencontre d'un intellectuel mondain et de pionniers de l'aventure intérieure, il nous fait découvrir comme personne l'Amérique des années soixante, cette culture hippie qui atteindra son paroxysme à Woodstock et révolutionnera le monde. Au fil des pages, voyager dans le bus devient alors plus qu'un plaisir : une urgence, car le talent de conteur de Wolfe fait de la soif d'expériences étranges et contagieuses une odyssée initiatique moderne.
Ce sont les prémisses d'un grand mouvement auxquels nous assistons. Aux Pranksters viennent s'agréger musiciens (Grateful Dead, Jefferson Airplane) peintres, écrivains, drogués, vagabonds,étudiants branchés et marginaux divers. le groupe recevra même la visite des Beatles,(qui s'inspireront de l'expérience dans « Magical Mystery tour »), participera aux " Trip Festivals " et à la première convention nationale de l'Underground, sans cesser d'avoir le FBI aux trousses.
Jeune reporter à l'époque, Tom Wolfe fera de cette expérience son premier succès, un coup de maître devenu maintenant un véritable témoignage historique.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Que de difficultés pour finir cette chronique… Je suis pourtant habituellement friande de ce genre de récits, qui plus est dans ce style bien halluciné qui part dans tous les sens. Mais, cette fois, j'ai trouvé que c'était peut-être justement trop halluciné à mon goût : Tom Wolfe décrit, parfois par des phrases à rallonge, des scènes pas toujours compréhensibles, en mélange plusieurs sans logique aucune, ou encore enchaîne les évocations de personnes qui l'entourent, au point de s'y perdre face à leur multitude, surtout au début. Cela ne me dérange pas forcément d'habitude (j'ai par exemple lu avec beaucoup de plaisir les chroniques musicales de Lester Bangs qui fonctionnent de la même façon), mais la longueur (un peu plus de 400 pages en petits caractères) m'a donné pour une fois une sensation de lecture assez indigeste.

Je n'ai ainsi pas réussi à adhérer aux pérégrinations psychédéliques des Pranksters. Certes, cet ouvrage permet de toucher au plus près les expérimentations physiques et psychiques, notamment permises par les drogues, des années 1960, et de suivre dans leurs aventures Ken Kesey ou encore Neal Cassady, mais la narration m'a laissée complètement en dehors de tout ce qui pouvait être décrit. Tout y est trop désincarné, évoqué de manière impressionniste pour prendre du sens, et donc pour que j'en éprouve de l'intérêt à la lecture – même si c'est la meilleure façon d'écrire pour mimer toutes ces expérimentations.

Un point positif malgré tout : Tom Wolfe décrit cet univers qu'il a décidé de suivre sans aucune complaisance, avec le maximum d'objectivité, donnant à sa chronique un véritable caractère journalistique, d'ailleurs renforcé par le fait qu'il se soit aussi appuyé sur tout ce qu'avait pu filmer, écrire, etc. les Pranksters durant leur périple.

Même si l'expérience n'en fut pas des plus aisées, je ne regrette pas d'avoir lu Acid Test, puisqu'il fait partie de ces classiques, en lien avec la Beat Generation notamment, incontournables pour moi.
Lien : https://lartetletreblog.word..
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Qu'on ait déjà vu ou non des éléphants bleus pendant notre jeunesse, nous connaissons tous plus ou moins les sixties, les hippies, Woodstock et l'acide. "Acid test" n'apporte aucun éclairage nouveau sur le sujet (même si à l'époque le livre a pu paraitre pionnier) et nous catapulte au milieu des délires sous influence des Merry Pranksters. le livre est parfois drôle mais reste superficiel, tel un long plan fixe sur un groupe d'allumés. A conseiller sur le même sujet "Voir la lumière" de T. C. BOYLE, fiction à hauteur d'homme racontant la désintégration progressive d'un groupe en général et d'une famille en particulier. Bien plus intéressant, mieux écrit, mieux traduit et sans cette saturation un peu nauséeuse qu'on retrouve dans le roman de Tom Ford.
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Je louai donc une auto et commençai à me balader dans San Francisco. Mes plus fortes impressions de la ville me ramènent à une formidable conduite intérieure de louage vrombissant sur les +côtes, montées et descentes, et patinant sur les rainures et les bords ds rails de tramway. Elle glissait et dérivait sur la route de North Beach, la fabuleuse plage de North Beach, Mecque de la bohème de la côte ouest, toujours pleines de fils-à-papa-Untel et de m'as-tu-vu et de petites Wasps (Initiales de "White Anglo-Saxon Protestant3 (N.d.t).) et de petites Juives aux longs cheveux qui s'en donnaient à cœur joie avec les négrillots _ et voilà que North Beach était fini. North Beach n'était plus que revue à tétons. Au célèbre Q.G. de la Beat Generation, la librairie City Lights, Shig Murao, l'oracle nippon du lieu, trônait, la barbe pendante comme une de ces enluminures de lierre et de fougère que les architectes mettent sur leurs dessins ; il sombrait dans les œuvres de Kaklil Gibran, près de la caisse enregistreuse, tandis que des dentistes rassemblés pour un congrès de la profession fouinaient ici, entre deux spectacles de tétons, à la recherche des beatniks. North Beach n'était que Seins Nus et strip-teaseuses qui s'élargissaient la poitrine avec des injections de silicone.
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Il y avait aussi des gens que cela changerait un peu de la pauvre vie-de-chien qu'ils menaient dans leur patelin de vieux bonhommes, une dactylo quelconque, à qui la vue de l'autobus inspirerait... un certain frisson, ou du moins quelque désarroi devant cette invitation au voyage. Dans l'un ou l'autre des cas, se disaient les Voyageurs Intrépides, il restait un espoir. Ces gens-là n'étaient pas complétement perdus.
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Les chaises, les tables, les lits, _ plus rien n'avait de pieds. On vivait ensemble par terre pour ainsi dire, bien que personne ne parlait de "vie communautaire" de "tribus" ou de trucs de ce genre. Ils ne professaient aucune religion particulière, quelques vagues réminicences de Bouddhisme, et d'Hindouïsme hérités de la pèriode Beat et l'idée empruntée à Huxley des portes qu'il fallait ouvrir dans son esprit, c'était tout, pas de style de vie bien distinct à part cette amputation de tous les pieds des meubles... C'était... Des gens merveilleux, des Beautiful people, tout simplement_ pas des "étudiants", des "employés", des "vendeuses", des "cadres stagiaires"_ Bon Dieu ne me ressortez pas vos étiquettes pro à la noix ! Nous sommes les Beautiful People surgis de vos dépotoirs de robots.
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Et ils s'y mirent, par milliers, en grande tenue, à agiter des clochettes, à chanter des hymnes, à danser avec extase, à se défoncer d'une façon ou d'une autre, et, dans un geste satirique qui leur état cher, à offrir des fleurs aux flics, pour enterrer les cognes sous de tendres et juteux pétales d'amour. Oh Seigneur, Tom, c'était fantastique, un cirque à vous faire péter la cervelle, des milliers de camés éperdus d'amour qui faisaient perdre le nord aux flics et à tout le monde, dans un festival d'amour et d'allégresse.
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Il y avait un orage, des éclairs ont jailli, et, brusquement, ça m'a fait comme une autre peau, une peau d'éclairs, d'électricité, un costume d'électricité, et j'ai compris que nous pouvions être des super-héros, et que nous devions devenir des super-héros, ou rien.
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