C'est une belle histoire n'est-ce pas, Rose ?
Les psychologues appellent cela la "blessure première"
Je songeai avec un pincement au cœur à l'élégante maison de Ted à Putney, avec son jardin clos et son salon jaune. Il avait été épuisant d'y emménager – une fatigue agréable puisque nous venions tout juste de nous fiancer, deux semaines auparavant. L'avenir semblait se dérouler devant nous comme le ruban d'une autoroute sans encombre. Mais à peine partis, on avait pris le fossé et on avait dû se faire remorquer dans la honte. Alors voilà : mon mariage était parti à la casse et j'avais dû refaire mon baluchon.
Chère Rose, je viens d'épouser un homme qui a un nom de famille assez embarrassant. Quand je me présente les gens ricanent et font toutes sortes de remarques idiotes. J'aimerais reprendre mon nom de jeune fille mais je sais que cela blessera mon mari et sa famille. Que devrais-je faire ? Mme Derche.
Pourquoi est-ce qu'elle n'y avait pas pensé auparavant ? Pour lui éviter de blesser son mari, je lui suggérai de mettre un trait d'union entre leurs deux patronymes -à moins que son nom de jeune fille ne soit "Gros".
En aidant les autres, nous nous aidons nous-mêmes à guérir.
Ensuite, bougez-vous! Allez au gymnase, comme moi, et suivez des cours de boxe thaie. Rouez votre instructeur de coups, Fran...Croyez-moi, ça vous remontera le moral. Parce que vous ne rencontrerez pas l'homme de votre vie avant de vous sentir heureuse et sûre de vous.
Je leur réponds habituellement que, d'après moi le bonheur, c'est vouloir ce qu'on a déjà, pas ce qu'on n'a pas. Maintenant, je n'en suis plus si sûre.
Tout ce que je sais, c'est que l'univers ne reste jamais stoïque et que je veux que ma vie bouge, elle aussi.
J’ouvris les plis du jour. Serena les fait toujours passer aux rayons X dans la salle du courrier, parce que, de temps à autre, on nous envoie des trucs dégueulasses, comme des préservatifs usagés - pouah! - ou des culottes en dentelle, ou de la pornographie.
Un plateau à thé de Wedgwood frôla son oreille gauche en sifflant, avant de se fracasser contre le mur du jardin.
- Et ça !
Il leva les mains pour se protéger de la tasse assortie au plateau, bientôt suivie de la soucoupe.
- Tu peux prendre ça, aussi !
Trois assiettes tournoyèrent vers lui comme des frisbees.
- Et ça !
La soupière fila dans les airs.
- Rose ! s'écria Ted en se penchant pour éviter les projectiles en porcelaine. Rose, arrête tes conneries !
- Non !
- Veux-tu bien me dire où tu veux en venir ?
- ça me défoule !
Ted réussit à dévier la trajectoire de la saucière et des deux assiettes à dessert.
[...]
- Ce n'est de la faute de personne, dit-il. Ces choses-là peuvent arriver.
- Ne te fous pas de ma gueule !
- Mais j'étais tellement malheureux, Rose. J'étais à bout. Je ne supporte pas de passer après ton boulot.
- Mais mon boulot, c'est important pour moi, répliquai-je en lacérant la couette matrimoniale de mon plus grand couteau à steak. Et puis ce n'est pas qu'un boulot, c'est une vocation. Ces gens ont besoin de moi.