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Citations sur L'art de la thérapie (146)

Tant qu'un patient persistera à croire que ses problèmes principaux résultent d'éléments qui échappent à son contrôle -actions provenant d'autres que lui, nervosité, injustices sociales, gènes- le thérapeute ne pourra lui apporter qu'une aide limitée. Nous pouvons témoigner de la sympathie, suggérer des méthodes pour réagir aux agressions et à l'injustice de la vie ; nous pouvons aider le patient à acquérir la sérénité, ou lui apprendre à modifier son environnement avec plus d'efficacité.

Mais si nous espérons un changement plus significatif, nous devons encourager nos patients à assumer leur responsabilité - en d'autres termes, à appréhender la façon dont eux-mêmes contribuent à leur propre détresse. [...]

L'acceptation de la responsabilité est un premier pas essentiel dans le processus thérapeutique. Une fois que l'individu reconnaît son rôle dans la création d'une situation difficile, il prend conscience qu'il a, et lui seulement, le pouvoir de changer cette situation.

Revenir sur sa propre vie et accepter qu'on est responsable de son propre accomplissement peut déboucher sur un véritable regret. Le thérapeute doit anticiper ce regret et s'efforcer de le modifier. J'incite souvent mes patients à se projeter dans le futur et à réfléchir à la façon dont ils peuvent vivre désormais afin que d'ici cinq ans ils puissent regarder en arrière sans que le regret vienne les submerger à nouveau.

(P159)
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En outre la grande majorité des individus qui sont demandeurs d'une thérapie ont des problèmes relationnels fondamentaux ; dans la plupart des cas les individus sombrent dans le désespoir parce qu'ils sont incapables de nouer et de maintenir des relations interpersonnelles enrichissantes et durables. La psychothérapie basée sur le modèle interpersonnel a pour but d'éliminer les obstacles qui s'opposent à des relations satisfaisantes.

(P68)
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Lorsque je suis bloqué et n'arrive pas à répondre à un patient, c'est en général parce que je suis pris entre deux ou plusieurs considérations contradictoires. Je crois qu'on a peu de risque de se tromper en exposant son dilemme ouvertement.
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Souvenez-vous de ce principe fondamental de la thérapie : tout ce qui arrive donne du grain à moudre.
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Nous sommes les dépositaires de secrets. Chaque jour des patients nous font la faveur de nous confier les leurs, souvent connus de personne. Les partager est un privilège réservé à un très petit nombre. Ils nous donnent depuis les coulisses une vue de la condition humaine débarrassée de ses fioritures, de son côté théâtral, de ses excès ou de ses postures. Parfois les secrets me font mal et je rentre à la maison et serre ma femme contre moi et m'estime heureux. D'autres secrets résonnent en moi et éveillent mes propres souvenirs et élans fugitifs oubliés depuis longtemps. D'autres m'attristent quand je vois comment une vie entière peut être consumée par la honte et l'incapacité de se pardonner à soi-même.
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A propos du sens de la vie

Nous sommes des créatures en quête de sens par malchance jetés dans un univers qui n'en a intrinsèquement aucun. Une de nos tâches majeures est de lui en prêter un assez fort pour donner une raison d'être à la vie tout en niant par une manœuvre ambiguë être les inventeurs de ce sens. Nous en concluons donc qu'il était là "quelque part", à notre disposition. Cette quête permanente de système de sens nous plonge souvent dans des crises de sens.

Les individus qui suivent une thérapie parce qu'ils s'interrogent sur le sens de la vie sont plus nombreux que ne l'imaginent la plupart des thérapeutes. Jung rapportait qu'un tiers de ses patients venaient le consulter pour cette raison. Leurs plaintes prenaient différentes formes : "ma vie n'a aucune cohérence", "je n'ai de passion pour rien", "pourquoi suis-je en vie ? dans quel but?", "la vie a sûrement une signification plus profonde", "je me sens si vide - regarder la télé tous les soirs me donne l'impression d'être bon à rien, inutile", "même aujourd'hui à l'âge de cinquante ans je ne sais toujours pas ce que j'aimerais faire quand je serai plus vieux".

J'ai fait un rêve autrefois (décrit dans La Malédiction du chat hongrois) dans lequel j'étais au seuil de la mort dans une chambre d'hôpital, et je me trouvais soudain dans un parc d'attractions (dans un train fantôme de la maison des horreurs). Alors que le wagon pénétrait dans la gueule noir de la mort, j'apercevais soudain ma mère décédée dans la foule des spectateurs et je l'appelais : "Momma, Momma, comment suis-je?"

Le rêve, et surtout mon cri "Momma, Momma, comment suis-je?" m'a longtemps hanté, non à cause de la représentation de la mort dans le rêve, mais à cause de ses sombres implications sur le sens de la vie. Se pouvait-il que j'ai vécu toute mon existence avec pour objectif principal d'obtenir l'approbation de ma mère ? Parce que j'avais une relation difficile avec elle et attachais peu de prix à son assentiment quand elle était en vie, le rêve était d'autant plus incisif.

La crise de sens décrite dans le rêve m'incita à explorer ma vie d'une façon différente. Dans une histoire que j'écrivis aussitôt après le rêve, j'engageais une conversation avec le fantôme de ma mère afin de combler la brèche existant entre nous et de comprendre comment s'entremêlaient et s'opposaient les sens que nous donnions à la vie.

Certains ateliers expérientiels utilisent divers procédés pour encourager le discours sur le sens de la vie. Le plus courant est peut-être de demander aux participants ce qu'ils souhaiteraient en guise d'épitaphe sur leur tombe. La plupart des enquêtes sur le sens de la vie mènent à une discussion sur des objectifs tels que l'altruisme, l'hédonisme, le dévouement à une cause, la générativité, la créativité, l'actualisation de soi. Beaucoup ont l'impression que les projets prennent une signification plus profonde, plus forte s'ils transcendent le soi - en d'autres termes s'ils sont dirigés vers quelque chose ou quelqu'un d'extérieur à eux-mêmes, comme l'amour d'une cause, d'une personne, d'une essence divine.

Le succès précoce des jeunes millionnaires high-tech débouche souvent sur une crise existentielle qui peut être éclairante sur les systèmes de sens qui ne font pas appel à la transcendance de soi. Beaucoup de ces individus commencent leur carrière avec une vision claire -réussir, gagner beaucoup d'argent, avoir une bonne vie, acquérir le respect de ses collègues, prendre sa retraite tôt. Et c'est exactement ce que font un nombre sans précédent de ces jeunes trentenaires. Mais quand surgit la question : "Et maintenant? Qu'en est-il du reste de ma vie, des prochaines quarante années?"

La plupart de ces jeunes millionnaires continuent de faire plus ou moins la même chose : ils créent de nouvelles sociétés, tentent de renouveler leur succès. Pourquoi? Eux-mêmes disent qu'ils doivent prouver que leur réussite n'était pas due au hasard, qu'ils peuvent y arriver seuls, sans partenaire ni mentor. Ils hissent la barre plus haut. Pour être sûrs qu'eux-mêmes et leur famille sont à l'abri du besoin, qu'il ne leur faut plus un ou deux millions en banque, mais cinq, dix, voire cinquante millions pour se sentir en sécurité. Ils ont conscience de la vanité et de l'irrationalité de cette quête d'argent qu'ils ne peuvent dépenser, mais cela ne les arrête pas. Ils se rendent compte que c'est du temps qu'ils devraient consacrer à leur famille, à ceux qui leur sont proches, mais ils sont simplement incapables de cesser de jouer le jeu. "L'argent est à portée de main, me disent-ils. Je n'ai qu'à me baisser pour le ramasser." Ils doivent faire des affaires. Un promoteur immobilier m'a raconté qu'il aurait l'impression de disparaître s'il s'interrompait. Beaucoup redoutent de s'ennuyer -même la plus petite bouffée d'ennui les pousse à reprendre précipitamment leur activité. Schopenhauer disait que l'envie en soi n'est jamais assouvie - dès qu'un désir est satisfait, un autre naît. Bien qu'il puisse y avoir de très courts répits, une brève période de satisfaction, elle se transforme sur-le-champ en ennui. "Toute vie humaine, dit-il, est ballotée entre la souffrance et l'ennui."

Contrairement à ma façon d'aborder les autres ultimes préoccupations existentielles fondamentales (la mort, la solitude, la liberté), je préfère une approche oblique du sens de la vie. Il nous faut pénétrer dans un des nombreux sens possibles, en particulier dans celui qui est fondé sur la transcendance de soi. C'est un engagement essentiel, et c'est en identifiant les obstacles qui s'opposent à cet engagement, en participant à leur suppression, que nous, thérapeutes, avons notre utilité. La question du sens de la vie, comme l'a enseigné Bouddha, n'est pas édifiante. On doit s'immerger soi-même dans le fleuve de la vie et laisser la question s'éloigner.

(P153)
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Éliminer les obstacles à la croissance personnelle

Lorsque je faisais mes premiers pas d'étudiant psychothérapeute, l'ouvrage le plus utile qu'il m'ait été donné de lire fut Neurosis and Human Growth, de Karen Horney. Et le concept le plus utile que proposait ce livre était la disposition naturelle montrée par l'être humain à l'accomplissement de soi. Si les obstacles qui s'y opposent sont éliminés, d'après van Horney, chaque individu peut devenir un adulte mature, pleinement accompli, tout comme un gland devient un chêne majestueux.
"Tout comme un gland devient un chêne..." Quelle image merveilleusement libératrice et éclairante! Elle a changé pour toujours ma conception de la psychothérapie en m'offrant une nouvelle vision de mon travail : ma tâche était d'éliminer les obstacles qui bloquaient la voie de mes patients. Je n'avais pas à accomplir la totalité du travail ; je n'avais pas à insuffler à mon patient le désir de se développer, la curiosité, la volonté, l'amour de son prochain et de la vie, le sens de la loyauté ou une myriade de caractéristiques qui font de nous des êtres pleinement humains. Non, tout ce que j'avais à faire était d'identifier et d'éliminer les obstacles. Le reste viendrait de lui-même, nourri par les forces d'actualisation intérieures au patient.

(P19)
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La pensée que nous transmettons quelque chose de nous-mêmes, sans même en avoir conscience, offre une réponse probante à ceux qui prétendent que l'absence de sens et la terreur découlent inévitablement de notre finitude.
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Vous ne pouvez pas empêcher un patient de vous présenter sous un jour déformé à son prochain thérapeute. Gardez cela à l'esprit la prochaine fois que vous entendez un patient décrire le comportement scandaleux de son précédent thérapeute. N'en tirez pas immédiatement la conclusion que ce dernier était stupide ou malfaisant. Il est préférable d'écouter, de faire preuve d'empathie et d'attendre. Très souvent le patient finira pour fournir le contexte de l'intervention du thérapeute, lui donnant un éclairage différent.
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Le psychiatre Roy Grinker m'a décrit un incident survenu au cours de son analyse avec Freud lorsque le chien de Freud, qui était toujours présent durant la thérapie, se dirigea vers la orte au milieu de la séance. Freud se leva et fit sortir le chien. Quelques minutes plus tard le chien gratta à la porte ; Freud se leva, ouvrit la pote et dit : "Vous voyez, il n'a pas pu supporter d'écouter toute cette foutaise résistancielle. Maintenant il revient et vous donne une seconde chance."
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