Free Soul

Le manga est la puissance montante de la BD. Beaucoup de gens méprisent à tort ce médium, qui couvre pourtant une infinité de sujets avec des styles de plumes très divers. Que vous aimiez le foot, que vous jouiez dans un groupe d'électro-pop, que vous soyez chirurgien, ou si vous êtes amoureuse folle de votre voisin de palier, vous trouverez nécessairement un manga qui raconte votre histoire.

Celui que je choisis de vous présenter est Free Soul, le cinquième opus de Ebine Yamaji. Cette mangaka illustre ici le segment de vie d'une jeune auteur de manga lesbienne qui, recueillie par une vieille artiste de 80 ans, tente de composer son premier ouvrage avec toutes les difficultés que son coeur connaît. Rejetée par sa mère, séparée de son père après le divorce de ses parents, amoureuse transie d'une belle musicienne de jazz, Keito se projette dans l'héroïne qu'elle met en scène : Angie, une chanteuse black et lesbienne. Keito fait partie de ces esprits libres, indépendants qui errent sans faire de bruit, cherchant l'épanouissement sans emprunter les traces de quiconque.
Cette brève nouvelle graphique est très fraîche, traitée sans parti-pris sévère ou élitiste. L'humour qui accompagne le récit, par petites touches de fraîcheur charmantes, est un véritable plus qui contribue au véritable plaisir de la lecture. La psychologie des personnages est fine, à l'image du trait délicieux d'Ebine Yamaji. Free Soul est un bien joli conte, approfondi et rafraîchissant. L'homosexualité féminine y est vraiment abordée sereinement, délicatement. En toute liberté et sans complexe.

Ebine Yamaji est une auteure dont j'ai beaucoup apprécié l'oeuvre, et avec celle-ci mon avis se confirme. Cela dit, je ne pense pas non plus que je chercherai beaucoup plus loin, les trois que j'ai lus me suffisant au final.
Ce manga est très proche de Love my life et Indigo blue (beaucoup plus proche de ce dernier d'ailleurs), avec une histoire d'amour lesbien qui explore bien plus le côté émotionnel que véritablement sexuel ou amoureux. L'amour arrive vite, sans que le personnage ne se pose des milliers de questions sur son existence, et laisse place à tout ce qui peut se nouer autour d'une relation. Ebine Yamaji se met plus en scène dans ce manga, notamment avec l'idée de l'auteure de manga qui tente de faire apparaitre l'homosexualité dans son oeuvre. C'est dommage que cette piste n'ait pas été plus exploitée, car elle apportait une très bonne mise en abyme.

Niveau dessin, c'est toujours le trait de l'auteure, qu'on aime ou pas (personnellement j'aime bien), mais je reconnais que les têtes changent peu d'un manga à l'autre. On retrouve des traits de visages quasiment identiques d'un livre à l'autre, et rien que ça me refroidit un peu sur la question de lire un autre ouvrage de l'auteure : j'ai l'impression qu'elle ne varie pas énormément. Ou alors tout a été produit dans le même laps de temps et le trait a évolué ensuite, je ne sais pas. Mais ça m'incite plutôt à rester sur cette bonne impression sans chercher à explorer plus avant.

Si vous avez déjà lu une oeuvre de Ebine Yamaji, celle-ci pourra vous plaire : ce sont les mêmes thématiques, encore une fois bien employées pour raconter une histoire sensible et en finesse. Pour ceux qui ne connaissent pas l'auteur, je recommande quand même de lire Love my Life, qui reste la meilleure oeuvre de l'auteure selon moi.