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EAN : 9782743638924
340 pages
Payot et Rivages (11/01/2017)
3.7/5   10 notes
Résumé :
« Cocktail molotov littéraire » selon Colum McCann, ce premier roman nous plonge dans une manifestation populaire à l'aube des années 2000, à Seattle, avant-goût d'Occupy Wall Street ou de Nuit debout. 50 000 personnes sont venues dire leur envie d'un monde meilleur. Cela se terminera par des visages en sang, des arrestations et des polémiques. Inspiré d'un événement réel, le texte n'est pas un reportage, mais bien un roman qui dévoile les histoires et les émotions ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Souvenez-vous, il y a vingt ans à Seattle : des militants altermondialistes bien préparés réussissent pendant 4 jours à empêcher le bon déroulement de ce qui devait être le sommet des accords millénaire de l'OMC.

C'est sur cette base historique récente que Sunil Yapa - traduit par Cyrielle Ayakatsikas - construit Ton coeur comme un poing. La construction chorale convoque peu à peu des protagonistes qui n'auraient jamais dû se rencontrer et que les circonstances vont mettre au même endroit, au même moment : Un commandant des opérations, une flic, un diplomate, un jeune fugueur devenu militant, un vétéran des luttes... La confrontation va rassembler leurs vies et leurs différences le temps de quelques heures.

Même si l'écriture de Yapa est vive, engagée, dynamique, se mettant au service d'une tension installée dès le début et qui est sensée monter crescendo, je suis malheureusement passé à côté de ce livre en raison de ses trop nombreuses longueurs. L'auteur explore en effet les vies passées de chacun de ses personnages pour tenter de les faire entre en résonance avec leur présence ce jour-là à Seattle, mais c'est là qu'il m'a perdu, car le lien n'est pas toujours évident, car ce choix se fait au détriment de l'action, et car ces coeurs et ces vies finissent par faire trop d'histoires dans l'histoire.

Cela n'enlève cependant rien aux qualités littéraires de Sunil Yapa que je relirai certainement lors d'un prochain livre.
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Sunil Yapa situe son premier roman dans un contexte fortement imprégné de gaz lacrymogène et explore dans la grande manifestation de Seattle, la notion d'engagement.
c'est très original. Alors si ça vous tente, on va faire une manif !

En ce jour de 1999, une manifestation géante organisée par des mouvements altermondialistes, sema un désordre monumental dans la ville qui accueillait un sommet de l'OMC et empêcha les réunions de se tenir. Pour les accords favorables aux pays sous développés, de toute façon, les carottes étaient déjà cuites .

Les personnages de ce roman choral représentent les protagonistes de cette affaire dans la rue. On a les activistes violents, John Henry et King, des jeunes assez charismatiques, qui ont bourlingué dans les dictatures sud américaines ou ailleurs et qui ont une expérience précise de l'action directe. Victor, fils métisse d'un policier, influençable et fragile, en rupture familiale il est à la recherche d'un sens à sa vie. Bishop, son père, chef d'une police urbaine dépassée par le nombre a du mal à faire respecter une certaine éthique . Julia et Park, les flics de base sont confrontés à leurs propres démons. Au milieu de tout ce bazar, Charles, le délégué du Sri Lanka aimerait signer un bon accord de développement pour son pays, et voit avec horreur des jeunes qui ne connaissent rien, prétendre savoir mieux que lui, ce qui est bon pour son pays.

L'idée est assez brillante, c'est parfois un peu fumeux , sans vouloir faire de jeux de mots débiles sur le gaz poivré dont on est copieusement abreuvé. En effet, on se perd un peu dans les réflexions des personnages sur leur passé et il y a là quelques longueurs .

Le point de vue est assez pessimiste sur des formes d'engagement vaines et destructrices qui ne permettent aucune évolution positive pour quiconque, car elles agrègent des groupes hétéroclites et n'ont pas de traduction politique opérationnelle adaptée à un monde complexe.

En cette époque terrible, où on se demande beaucoup comment faire évoluer les choses pour améliorer la vie de tous sans détruire la planète, ce petit roman un peu confus, comme la manif en question, a le mérite de faire réfléchir sur les moyens d'y parvenir.

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Un roman qui frappe comme un coup de poing au coeur, une très belle découverte de Nathalie Zberro : Sunil Yapa est un romancier à découvrir absolument !

Ce roman est fort parce qu'il sonne juste, il est puissant parce qu'il touche à des thématiques déterminantes. J'ai aimé le fait que l'auteur s'approprie un fait historique afin de lui donner une nouvelle résonance, une mise en perspective contemporaine, donner la parole à de multiples protagonistes pour percevoir tous les aspects de l'Histoire.

Il y a deux points forts à ce roman : d'une part le fait de mélanger l'intime et la grande Histoire, le fait de démontrer que cette dernière n'est que l'assemblage de plusieurs histoires personnelles; d'autre part le fait de choisir la construction narrative du roman choral. C'est un exercice très difficile car il présente de nombreux risques : que le lecteur ne s'attache qu'à un personnage et délaisse les autres, qu'un protagoniste soit développé mais pas ces compagnons. Ici Sunil Yapa réussit à leur donner vie, corps et âme, leur donner parole et les rendre tous intéressants.

Ce livre peut être lu comme une fiction qui croise la réalité, il peut être aussi lu comme un miroir de notre époque (pas si lointaine de cette première manifestation altermondialiste), afin de se demander si nous avons perdu cette faculté à résister, à défendre nos idéaux ou si nous sommes prêts à nous battre pour des valeurs comme l'égalité, la solidarité. du fait des événements récents, j'ai lu ce livre en me questionnant et dès lors les différents niveaux de lecture mettent en lumière la valeur de ce récit.

En définitive, un roman fort et intense que je conseille vivement !
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Il y a dans ce roman quelque chose d'âpre et de juste qui vous colle à la peau dés les premières pages.
Ce quelque chose qui vous fait traverser l'atlantique à la vitesse grand V, le passé avec, et qui vous projette violemment dans les rues de Seatle, en cet hiver 1999, où plus de 50000 personnes ont manifesté contre la conférence de l'OMC.
Et là, subitement, à travers les yeux et les gestes de ces différents protagonistes, du militant jusqu'à celui presque là par erreur, du flic « carapacé » au plus haut gradé, vous subissez. Non, attention, vous ne subissez pas la lecture. Vous subissez les coups de matraque, les chants, les yeux bouffés par les gaz lacrymo et vous sentez presque ce goût de sang dans la bouche.
L'auteur passe de l'un à l'autre, on tente de ne pas se laisser gagner par le tournis. Les passages s'enchaînent, les coups aussi. La clameur monte et ne fléchit pas.
Et au milieu de ce nuage cauchemardesque, de cette violence qui finit par se déchaîner, il y a les histoires de chacun qui, à défaut d'expliquer, montrent l'humain, dans tout son courage et toute son horreur.
Un roman coup de poing !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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critiques presse (2)
Liberation
20 février 2017
Un coup au cœur, un livre tout en force et finesse.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
03 février 2017
Un reportage engagé mais captivant sur l'altermondia­lisme et ses accès de colère.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
King sait ce qu'ils sont en train de faire est important et juste. Elle est convaincue que si les Américains voyaient quelles souffrances leur mode de vie engendre dans le monde, ils réagiraient. Les Américains sont un peuple au grand coeur.
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Il a sur lui plus de cannabis collant, odorant, aux poils violacés que jamais encore dans sa courte vie, et la jubilation que cela lui procure, la quantité vertigineuse de possibilités offertes lui tournent la tête.
Parce que l’herbe c’est du fric, et qui dit fric, dit un billet d’avion sur la compagnie et pour la destination de son choix. Il va vite oublier la manière dont il s’est procuré cette herbe parce qu’elle lui fournit la vitesse de libération nécessaire pour s’arracher à l’implacable force gravitationnelle qui le maintient ici, à son port d’attache. Seigneur, laisse-nous nous envoler. Oui, se déplacer à l’agréable vitesse de croisière de huit cents kilomètres heure jusqu’à un joli coin sombre du monde. Que pilote et copilote lisent leurs cadrans et recensent les oiseaux ; Victor n’a qu’une envie : incliner le dossier de son siège et voir la frontière disparaître sous lui comme une procession de fourmis remontant une traînée de sucre jusqu’à sa source.
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Les gens le regardent bizarrement et il sait pourquoi : c’est à cause de sa paire de Nike aux grosses languettes qui dépassent. Ouais, des Nike blanches avec la silhouette rouge d’un Noir suspendu dans les airs. Allez-y, matez. C’est ce qu’il cherche, il en a besoin : être à la marge, à des kilomètres d’eux, les emmerder. Porter une paire de chaussures provenant d’un atelier de misère dans une manif qui dénonce justement ces conditions de travail – quoi, vous croyez qu’elles viennent d’où, vos fringues ? voudrait-il leur dire. Moi, quand je porte mes Nike, elles me rappellent que je suis tout petit et que le monde est immense, et qu’est-ce qui vous donne le droit de me juger pour ça ? Le monde est immense et je suis tout petit : sa première pensée au réveil. Ce qu’il s’est dit quand il s’est recueilli devant la tombe de sa mère deux jours plus tôt. Ça fait maintenant quatre ans.
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Protéger un défilé anarchiste, voilà à quoi ils en sont rendus, mais Ju est belle et robuste, et, quel est le mot, déjà ? Élancée ? Park se moque complètement de la reluquer de cette manière. Elle est comme l’une de ces sublimes héroïnes de jeu vidéo, voilà tout, et il essaie de l’inviter à boire un verre depuis qu’il a intégré la police de Seattle. Ça fait rire tous les gars du service – tout le monde veut coucher avec Ju ; ses traits mayas, presque asiatiques, sa peau cuivrée et ses yeux bruns en amande, son discours si affûté qu’elle est capable de vous laminer dans deux langues, ses longs cheveux noir corbeau attachés en une queue-de-cheval haute. Ce sont ses yeux qui font vraiment craquer Park. Ses yeux sont si brillants, se dit-il, qu’ils pourraient faire office de lampes en cas d’intervention d’urgence.
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C’est un son rythmé. Semblable aux vagues de l’océan qui se brisent sur une plage, à des salves de canon qui détruisent une citadelle du monde mercantile et, en entendant cela, il se baisse pour nouer ses lacets, un sourire diabolique aux lèvres.
Le fond de son cœur – il se l’imagine parfois, après avoir fumé : une lune en orbite autour d’une planète désolée ; un satellite qui attend une transmission venue de cette surface autrefois lumineuse où des milliards d’êtres ont vécu et péri, l’histoire de leur anéantissement écrite en lettres d’acier tordu ; de la cendre balayant les habitations comme une neige collante et aveuglante.
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