Sunil Yapa situe son premier roman dans un contexte fortement imprégné de gaz lacrymogène et explore dans la grande manifestation de Seattle, la notion d'engagement.
c'est très original. Alors si ça vous tente, on va faire une manif !
En ce jour de 1999, une manifestation géante organisée par des mouvements altermondialistes, sema un désordre monumental dans la ville qui accueillait un sommet de l'OMC et empêcha les réunions de se tenir. Pour les accords favorables aux pays sous développés, de toute façon, les carottes étaient déjà cuites .
Les personnages de ce roman choral représentent les protagonistes de cette affaire dans la rue. On a les activistes violents,
John Henry et King, des jeunes assez charismatiques, qui ont bourlingué dans les dictatures sud américaines ou ailleurs et qui ont une expérience précise de l'action directe. Victor, fils métisse d'un policier, influençable et fragile, en rupture familiale il est à la recherche d'un sens à sa vie. Bishop, son père, chef d'une police urbaine dépassée par le nombre a du mal à faire respecter une certaine éthique . Julia et Park, les flics de base sont confrontés à leurs propres démons. Au milieu de tout ce bazar, Charles, le délégué du Sri Lanka aimerait signer un bon accord de développement pour son pays, et voit avec horreur des jeunes qui ne connaissent rien, prétendre savoir mieux que lui, ce qui est bon pour son pays.
L'idée est assez brillante, c'est parfois un peu fumeux , sans vouloir faire de jeux de mots débiles sur le gaz poivré dont on est copieusement abreuvé. En effet, on se perd un peu dans les réflexions des personnages sur leur passé et il y a là quelques longueurs .
Le point de vue est assez pessimiste sur des formes d'engagement vaines et destructrices qui ne permettent aucune évolution positive pour quiconque, car elles agrègent des groupes hétéroclites et n'ont pas de traduction politique opérationnelle adaptée à un monde complexe.
En cette époque terrible, où on se demande beaucoup comment faire évoluer les choses pour améliorer la vie de tous sans détruire la planète, ce petit roman un peu confus, comme la manif en question, a le mérite de faire réfléchir sur les moyens d'y parvenir.