– Voyez, il s’agit d’une pièce très originale en or plissé avec une branche de corail rouge incrustée.
Du bout du doigt, elle suit le dessin du rameau précieux et son ongle laqué semble assorti à sa teinte éclatante.
– Ce n’est pas une création moderne ? interroge Paul qui devine la réponse.
– Non, mais mon père qui est un artiste lui a donné une nouvelle vie. Voyez à cet endroit ce trou minuscule, il a été percé, sans doute pour faire passer la bélière. Maintenant, il repose dans un nid d’or.
La vendeuse parle avec conviction et Paul, séduit dès le premier regard, sait déjà qu’il va acquérir cet objet sans savoir ni pourquoi, ni pour qui. Il pense à Lucile, elle aimait porter les délicats pendants d’oreilles qu’il lui avait rapportés de Sicile, elle remuait la tête pour que dansent les perles rouge orangé… Il pense aussi à Efisia lui racontant que jadis, on cachait un bout de corail dans sa bourse comme talisman contre la sorcellerie ou, si l’on était marin, pour protéger son bateau de la foudre.