D'Un trait de fusain m'avait fait de l'oeil surtout en raison de ses nombreuses recommandations ; et en même temps, je ne savais pas trop si j'avais envie de lire un roman qui traite du sida, même si j'étais curieuse de savoir comment l'autrice traiterait le sujet à destination des adolescents. Parce qu'on a tous, dans ma génération (celle née dans les années 90), eu droit à de grandes campagnes de sensibilisation à la maladie, sortez couverts, les parents achetaient des préservatifs, les professeurs en parlaient dès le collège, bref, tout le monde était sur le pont après les tragédies des années 90.
Mais les adolescents des années 90, c'était comment pour eux tout ça ?
Cathy Ytak y répond avec beaucoup de délicatesse, abordant les différents sujets qui animent tous les futurs adultes : hétéro ou homosexualité, amour, attrait pour les corps… Dès les premières pages, elle nous met dans l'ambiance grâce à ses personnages principaux étudiants en art. Je m'y suis revue, dans mes cours de dessin avec modèle vivant, les sourires en coin entre nous, le côté inaccessible des modèles, la gène, la créativité au fusain ou à la pointe sèche. Je trouvais ça génial et j'étais embarrassée, c'était toujours beaucoup d'émotions, un peu comme l'autrice le décrit.
Elle prend surtout la parole par
Marie-Ange, rebaptisée Mary, qui est élevée dans une famille hyper conservatrice et qui va s'élever petit à petit pour prendre la parole sur une maladie qui, dans l'inconscient collectif (ou leur conscient, d'ailleurs) est réservée aux « PD dépravés ». Pour l'honneur de ses amis et par détresse face à l'inaction des adultes, Mary grandit et devient militante.
Je vais passer un peu sur la forme, parce que je n'ai rien trouvé de très extraordinaire à dire dessus, c'est bien écrit, j'aurais potentiellement apprécié un peu plus de description et pouvoir m'attarder sur les ressentis de chacun, même si le discours n'est pas complètement vide non plus (c'est juste une histoire de gourmandise personnelle). C'est sympa, ça va au but, c'est parlant et incisif.
Après, je tiens à le dire quand même au final, ça me fait bizarre de lire un roman qui se passe en 1992 ! Alors c'est peut-être parce que ce n'est pas si vieux et en même temps déjà loin (bonjour, je sais pas m'expliquer), mais je crois que dans un certain sens, j'aurais bien aimé lire une histoire plus contemporaine. Même si j'admets, l'aspect absence de réseaux sociaux et de smartphones est un plus…
Je referme ce roman avec un peu de tristesse mais aussi d'espoir, en me disant qu'aujourd'hui nous sommes tous mieux informés et mieux protégés, et plus tolérants aussi… Heureusement !
Lien :
https://folitteraires.wordpr..