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EAN : 9782362662645
240 pages
Talents Hauts Editions (18/04/2019)
3.88/5   26 notes
Résumé :
Lorsque la jeune Louise, de passage dans son village, lui raconte qu’elle vit dans un palais doté de tous les équipements modernes et même d’une piscine, Émile, fils de paysans élevé à la dure dans une famille nombreuse, la prend pour une menteuse. Intrigué, il va pourtant partir à sa recherche et découvrir qu'elle n'a pas menti : le familistère que M. Godin a construit pour ses ouvriers à Guise, existe bel et bien, et Émile va y trouver sa place.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je ne connaissais pas l'existence de cette utopie réaliste, j'étais très curieuse d'en apprendre plus, d'autant que j'adore la plume de Cathy Ytak et les éditions Talents Hauts. Les deux osent aborder des sujets délicats, ne se censurent pas, ne prennent pas les enfants pour des quiches^^, les aident à comprendre le monde dans lequel ils vivent et les ouvrent à plus de tolérance. Pour exemple, le magnifique D'un trait de fusain, lui aussi de Cathy Ytak chez Talents Hauts.
Pendant les vacances d'été 1913, alors qu'Emile, treize ans, s'occupe de sa petite soeur Marie, quatre ans, il fait la connaissance de Louise au bord de l'eau. Elle veut se baigner alors que lui a peur de l'eau. Il est étonné qu'elle sache nager, alors elle lui raconte l'endroit merveilleux où elle habite. En l'espace de cinq pages, le décor de la quête d'Emile est planté. Il traite Louise de menteuse, et n'aura de cesse de vérifier par lui-même ce que la jeune fille lui a raconté.
Pour commencer, il a du mal à croire que Louise n'ait qu'un frère, lui qui a six frères et soeurs dont quatre encore à la maison, sans compter la petite soeur décédée. Pour lui, une femme n'a pas le choix que d'être régulièrement enceinte quand elle est mariée. Un de ses deux grands frères s'est engagé dans l'armée, et le deuxième travaille à l'usine, et sa soeur Léonie, qui a neuf mois de plus que lui, alors qu'elle rêve d'être institutrice, est contrainte de rester à la maison pour aider sa mère jusqu'à son mariage. On comprend mieux pourquoi il est incrédule face aux histoires de château de Louise.
Quand Emile décide de partir retrouver Louise et son palais, c'est sa soeur Léonie qui l'aide à trouver son adresse grâce à la « réclame » laissée par le frère de celle-ci à l'école quand il est venu installer le nouveau poêle Godin. Il part alors pour de riches aventures, officiellement pour voir sa Tante Germaine à Amiens puis son frère à Saint Quentin. Suite à un quiproquo, il se retrouve avec suffisamment d'argent pour financer son périple, pendant lequel il va de découverte en découverte, certaines plus tragiques que d'autres. Il est confronté à son statut de fils de paysan, et à la misère qui règne aussi à la ville… Cette partie du roman se lit toute seule, tant on a envie de savoir si et quand il arrivera finalement à bon port !
On n'arrive réellement au familistère qu'au 2/3 du roman. La première vue qu'Emile a de l'endroit est celle que vous verrez ci-dessous, la façade et la statue de Jean-Baptiste André Godin, le fondateur. C'est un peu frustrant de tant attendre avant de découvrir enfin le palais, même si il était important de comprendre le quotidien d'Emile pour mieux apprécier l'incroyable vie au familistère.
Car une fois sur place, Emile découvre une micro-société idéale, où les ouvriers et ouvrières peuvent faire garder leurs enfants même très jeunes pour aller travailler, où tous les enfants sont scolarisés au moins jusqu'à quinze ans. Ils ne peuvent en effet pas intégrer l'usine avant cet âge, M. Godin tenant à ce qu'ils aient une bonne éducation.
Au sein du Familistère, où Emile est accueilli par la famille de Louise, il va de découverte en découverte. En effet, les loisirs ne sont pas en reste. Piscine, théâtre, orchestre, bals sous la verrière le week-end… tout est fait pour que les ouvriers se sentent bien, et restent. Pour notre jeune héros, la piscine est sans doute le plus important, car sa petite soeur s'est noyée, et il a l'eau en horreur.
Dans ce monde parfait, on peut même faire ses courses à des prix négociés, et beaucoup plus abordables qu'en ville. Tout est fait pour que les ouvriers et ouvrières des usines Godin vivent le mieux possible, que leurs enfants, éduqués, aient le choix de leur avenir. Rester travailler à l'usine, où les horaires sont adaptés suivant les postes, ou partir travailler à la ville, c'est au choix de chacun.
Les vraies richesses est un roman d'aventures dans la première partie, quand on suit Emile dans sa quête (semée d'embûches) du Familistère, ce château habité par des ouvriers, puis dans la deuxième partie, on découvre ce fameux endroit, où les ouvriers et leurs familles semblent si heureux… La question qui m'est venue à l'esprit en découvrant l'histoire du lieu, c'est « pourquoi n'y en a-t-il pas eu qu'un seul ? ». Si le modèle n'avait pas été économiquement viable, j'imagine que Jean-Baptiste André Godin, qui était avant tout chef d'entreprise, aurait laissé tomber. Mais ses ouvriers restaient longtemps (pas besoin de former des nouveaux en permanence) et étaient aussi productifs que ceux des autres entreprises, tout en travaillant moins. Je ne comprends du coup vraiment pas pourquoi cette expérience n'a pas été renouvelée, à l'époque ou plus tard d'ailleurs…
Les vraies richesses est aussi un roman qui éveille la conscience sociale, en montrant la différence abyssale entre la vie dans les fermes, de familles souvent très nombreuses, et celle des ouvriers de chez Godin. Un monde les sépare, et pourtant aucun d'eux n'a fait d'études… Certains ont simplement eu la chance de croiser la route d'un homme qui respectaient les autres, et avait compris que le bonheur au quotidien fait des ouvriers plus efficaces, et qu'il avait intérêt à cet échange de bons procédés. Une fois de plus, Cathy Ytak comme les éditions Talents Hauts ouvrent à une réflexion intéressante, à hauteur d'enfant, sur les travers toujours actuels de notre société. Ils leur montrent que plus de justice sociale et d'égalité n'est pas forcément que du domaine de l'utopie pourvue que tout le monde y mette du sien… C'est une lecture brillante, pleine d'espoir dans notre monde toujours plus individualiste.
Je tiens à remercier l'équipe du Familistère de Guise qui m'a envoyé un dossier complet avec notamment les photos ci-dessus, et m'a autorisée à les utiliser pour illustrer ma chronique.
J'ai reçu la version papier de ce livre de la part des éditions Talents Hauts. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Un frère et une soeur, Émile et Léonie, 13 et 14 ans.

Un duo très uni et issu d'une famille ouvrière et nombreuse de la Somme, où l'on plante la betterave et où l'on désherbe autour à la main et à la journée.

La vie est rude, la paie est dure et les manières du père, bien campées dans ses certitudes pour cette année 1913, ne laissent pas grande ouverture à une perspective au dessus de leurs moyens et de leur condition.

Alors, une fille qui rêverait d'être institutrice et un gamin qui apprend la couture, vous pensez, c'est de la science-fiction qu'il ne peut se permettre, le père.



Nous voyons la chose arrivée, nous sommes avec l'éditeur Talents Hauts, nous connaissons ses jolis partis pris et de bien entendu tout ce qui traite intelligemment et délicatement de l'évolution des moeurs sociales pour la jeunesse nous intéresse.



Cathy Ytak ne jette pas trop d'huile sur le feu et cela nous capte d'emblée à la lecture des premiers chapitres,nous signons volontiers pour un voyage dans le temps pour en savoir plus.

"Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va" ( nous ne citerons Otto von Bismarck que pour cette phrase pleine de sens).

Alors voyons de quoi était fait Hier.


Émile est un rêveur.

Sa furtive rencontre avec la jolie Louise, qui lui a raconté sa vie à la ville de Guise, lui a tourné la tête.

Lui aussi pense à de la Science-Fiction, tellement leur quotidien sont différents.

Émile pense aussi à Louise.



Trouvant un stratagème pour convaincre le père, Émile part à la ville et pour lui, ça sera un voyage au bout du monde.

La richesse aura à ses yeux de nouvelles apparences, elle sera le palais que lui a décrit Louise, elle sera l'enveloppe pleine d'argent glissée dans ses mains par méprise par sa tante ou la mer bleue qu'il ne semble jamais avoir vu, vers Dieppe.

Oui, de belles découvertes, il y en aura, comme les richesses partagées à Guise, une vraie révolution pour Émile.

Il y aura également des désillusions pour ce jeune campagnard inexpérimenté de 13 ans.

L'aventure vers la ville devient un drôle de périple, une autre réalité qui fera couler de l'eau à son moulin.

"Les vraies richesses" est un récit initiatique qui se lit bien et avec plaisir. La pensée est fluide et nous en apprenons beaucoup sur le progrès social et les améliorations des conditions de travail amenées grâce aux usines de Jean Baptiste André Godin.

Un roman enrichissant qui porte bien son titre.
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Depuis la révolution industrielle, les modes de vie changent de plus en plus vite. En ce début du 20ème siècle, les contrastes entre ville et campagne sont de plus en plus marqués. Emile est un garçon de 13 ans qui n'est pas fait pour le travail de ferme. Quand Louise débarque dans sa campagne en lui parlant de sa vie dans un palais, il ne l'a croit pas mais s'attache tellement à elle qu'il aimerait la retrouver. Commence alors un sacré périple pour retrouver Louise, périple qui est un prétexte pour découvrir les différents milieux ouvriers en France à l'époque. On commence avec le milieu agricole, son absence d'électricité, l'homme fort tout puissant, la femme qui n'a pas son mot à dire, les journées longues et dures… Ce milieu est dur, de plus en plus de personnes le quittent mais il permet au moins de manger à sa faim. Les filles n'ont pas à être instruites, les garçons n'ont pas à s'intéresser aux activités « pour filles » et les coups pleuvent. En quittant ses parents, Emile découvre rapidement la vie cossue qu'a mené une aïeule et les vagabonds qui trainent partout. Une autre étape intéressante est le passage chez son grand frère qui travail dans une usine classique et regrette la campagne. L'eldorado de la ville n'est pas si merveilleuse que cela. Il parle des conditions de travail, des conditions de vie, d'hygiène, de la santé qui se dégrade et de l'absence d'avenir et des accidents du travail. L'étape finale pour retrouver Louise est l'arrivé au Familistère de Guise. Je ne connaissais pas ce concept mis en place en suivant le principe que les ouvriers travaillent mieux s'ils sont dans un bon environnement. Tout ce qui concerne le familistère, son mode de fonctionnement, l'entraide, le respect était très intéressant à suivre. J'ai beaucoup aimé suivre les aventures d'Emile qui permettent aux plus jeunes d'avoir une vision assez complète de l'avant 1ère guerre mondiale. C'est une belle découverte et je vais creuser cette histoire de familistère dont j'aimerai en apprendre plus.
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Émile a 13 ans en 1913 et, fils d'ouvrier agricole, ne connaît que le froid, la boue, les coups de son père, et peu d'amour fraternel sinon celui de sa grande soeur Leonie qui a même réussi le certificat d'études. Pendant l'été, il rencontre par hasard Louise, de passage, qui se vante de vivre dans un palais avec piscine. Parti à sa recherche à l'automne, il se retrouve dans un familistère, un palais social qui va changer sa vie.
Un roman jeunesse à la fin un peu attendue mais qui révèlera au lecteur l'existence de ces habitats d'usine utopiques, et apprendra aussi comment vivaient les Français des campagnes avant la 1ère guerre mondiale.
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Amiens, Saint-Quentin, Guise, le voyage d'Émile offre une plongée réaliste dans la Picardie du début du 20ème siècle. Une terre rurale, pauvre, sans horizon pour sa population la plus démunie. Émile et les siens vivotent dans une ferme délabrée. Son père a l'alcool mauvais et la main lourde, sa mère s'épuise aux tâches ménagères entre deux accouchements et sa soeur Léonie, qui se rêve institutrice, sait que sa condition paysanne lui interdit d'accéder à un tel statut. Au familistère de Guise, le garçon découvre un mode de vie basé à la fois sur le coopératisme, une répartition égalitaire des richesses, l'éducation et l'émancipation des femmes. Un univers à ses yeux révolutionnaire dont il va vite comprendre le fonctionnement, les enjeux et surtout les bienfaits.
Cathy Ytak signe un roman jeunesse engagé avec ce qu'il faut de subtilité pour ne pas tomber dans la caricature. Elle dresse à travers le personnage d'Émile le portrait touchant d'un enfant sensible, rêveur, déterminé et naïf qui ne va cesser de s'enrichir au fil de ses rencontres. le contexte historique est extrêmement bien rendu, sans lourdeurs didactiques, et le caractère utopiste et humaniste du familistère parfaitement expliqué, sans occulter les limites d'un tel « palais social » (promiscuité, forme de paternalisme, etc.).
Un roman qui se veut bien plus positif que politique, aussi captivant qu'instructif. Parfait en somme pour faire découvrir aux jeunes lecteurs un pan trop méconnu de notre histoire sociale.

Lien : https://litterature-a-blog.b..
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critiques presse (1)
Ricochet
19 juillet 2019
Agréable à lire et solidement documenté avec naturel, le roman sera apprécié dès 12 ans.
Lire la critique sur le site : Ricochet

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Vidéo de Cathy Ytak
Engager son corps dans le monde, dans la lutte et dans L Histoire… Quand le corps féminin se fond avec le corps social, il n'y a qu'un pas entre solidarité et sororité.
Animé par Willy Richert.
Avec les auteur·rice·s Carole Trébor (Louise Michel, Je suis tout en orage, Albin Michel Jeunesse), Cathy Ytak (Têtes hautes, Talents hauts), Jean-Laurent del Socorro (Vainqueuse, l'école des loisirs) et l'auteur-illustrateur Stéphane Fert (La Marche brume, vol. 1, le Souffle des choses, Dargaud).
Avec la participation de Shyrine Slamani et les élèves de 3e et 6e du collège Anatole France - Les Pavillons-sous-Bois (93). Un grand merci à Stéphanie Jarrad, professeure.
Et la voix de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
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