AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Nous autres (298)

" J'aurais tellement voulu aller vous voir aujourd'hui et baisser les rideaux. Justement aujourd'hui, tout de suite… " Elle parlait timidement, en levant sur moi ses yeux ronds d'un bleu de cristal. Elle est drôle. Que pouvais-je bien lui dire ? Elle est venue me voir hier et sait aussi bien que moi que notre prochain jour sexuel ne tombera qu'après-demain.

Note 2.
Commenter  J’apprécie          180
" Pourquoi la danse est-elle belle ? " Parce que c'est un mouvement contraint, parce que le sens profond de la danse réside justement dans l'obéissance absolue et extatique, dans le manque idéal de liberté.

Note 2.
Commenter  J’apprécie          181
Je regarde ses lèvres sans rien dire. Les femmes, toutes, sont des lèvres, seulement des lèvres. L'une les a roses, élastiques et rondes - un anneau, tendre barrière contre le monde. Et puis celles-ci : une seconde auparavant elles n'étaient pas là, et tout à coup - un couteau - et des gouttes de sang suave.
Elle s'approche - elle s'appuie à mon épaule - nous ne faisons plus qu'un, elle s'insinue en moi - et je sais : il le faut. Je le sais avec chacun de mes nerfs, chacun de mes poils, avec chaque battement, suave jusqu'à la douleur, de mon cœur. Et c'est une telle joie de se soumettre à ce "il faut". Sans doute le morceau de fer a-t-il la même joie à se soumettre à la loi exacte et nécessaire - et à aller se ruer sur l'aimant.
Commenter  J’apprécie          177
Les hommes sont comme les romans : avant la dernière page, on ne sait jamais comment ils finiront. Autrement cela ne vaudrait pas la peine de les lire.
Commenter  J’apprécie          170
Oui, il s'agit d'intégrer la grande équation de l'univers ; il s'agit de dénouer la courbe sauvage, de la redresser suivant une tangente, suivant l'asymptote, suivant une droite. Et ce, parce que la ligne de l'État Unique, c'est la droite. La droite est grande, précise, sage, c'est la plus sage des lignes. […]
Quel joli ciel ! Il est bleu, pur du moindre nuage ( à quel point les anciens devaient avoir le goût barbare, pour que leurs poètes fussent inspirés par ces volumes vaporeux, informes et niais, se pressant stupidement les uns les autres !). J'aime, et je suis sûr de ne pas me tromper si je dis que nous aimons seulement ce ciel irréprochable et stérile. En des jours comme celui-ci, le monde entier paraît être coulé dans le même verre éternel et impassible que celui du Mur Vert et de tout nos édifices. En des jours comme celui-ci, on aperçoit la profondeur bleue des choses et l'on voit leurs équations stupéfiantes, qui jusque-là vous avaient échappé, même pour les objets les plus familiers et les plus quotidiens.

Note 1 & Note 2.
Commenter  J’apprécie          170
Bien entendu, cela n’a rien à voir avec les élections désordonnées et désorganisées des anciens, lorsque – il y a de quoi rire ! – on ne connaissait même pas à l’avance le résultat des élections. Construire un État sur des hasards absolument impondérables, à l’aveuglette – quelle ineptie !

Note 24
Commenter  J’apprécie          160
« Ça va mal. Il s'est formé une âme en vous. »
Une âme ? Quel mot étrange et depuis longtemps oublié !
« C'est… très grave ? balbutiai-je.
— Incurable, tranchèrent les ciseaux.
— Mais, en somme, en quoi cela consiste-t-il ? Je ne me rends pas bien compte…
— Comment vous expliquer… vous êtes mathématicien ?
— Oui.
— Supposez une surface plane, ce miroir par exemple. Nous clignons des yeux pour éviter le soleil qui s'y réfléchit. Vous y apercevez également la lumière d'un tube électrique ; tenez, l'ombre d'un avion vient d'y passer. Tout cela ne reste qu'une seconde dans le miroir. Maintenant, supposez que par le feu on amollisse cette surface impénétrable et que les choses ne glissent plus, mais s'incrustent profondément dans ce miroir, derrière lequel, étant enfants, nous cherchions si souvent avec curiosité ce qu'il pouvait y avoir. Cette surface aurait engendré un volume, un corps, un monde. Nous avons en nous un miroir sur lequel glissent le soleil, le tourbillon de l'avion, vos lèvres tremblantes et les lèvres d'un autre aussi… Ce miroir froid réfléchit, renvoie, tandis que le vôtre, maintenant, garde trace de tout et à jamais. Vous avez vu un beau jour une légère ride sur la figure de quelqu'un — vous l'avez toujours en vous ; vous avez entendu quelque part une goutte d'eau tomber dans le silence, vous l'entendez encore maintenant…
— Oui, c'est justement ça », dis-je en le saisissant par la main. J'entendais dans le silence des gouttes d'eau tomber lentement du robinet sur le lavabo, et savais que ce serait pour toujours. « Mais pourquoi ai-je eu tout à coup une âme… Je n'en avais pas et puis, brusquement… Pourquoi personne n'en a-t-il, et moi… »

Note 16.
Commenter  J’apprécie          160
Il y avait dans la pièce un homme extrêmement sec qui avait l'air d'être découpé dans du papier. De quelque façon qu'il se tournât, on ne le voyait jamais que de profil : une lame luisante et aiguisée, c'était son nez, et des ciseaux, c'était ses lèvres.

Note 13.
Commenter  J’apprécie          150
N'est-il pas absurde que le gouvernement d'alors, puisqu'il avait le toupet de s'appeler ainsi, ait pu laisser la vie sexuelle sans contrôle ? N'importe qui, quand ça lui prenait… C'était une vie absolument a-scientifique et bestiale. Les gens produisaient des enfants à l'aveuglette, comme des animaux. N'est-il pas extraordinaire que, pratiquant le jardinage, l'élevage des volailles, la pisciculture (nous savons de source sûre qu'ils connaissaient ces sciences), ils n'aient pas su s'élever logiquement jusqu'à la dernière marche de cet escalier : la puériculture. Ils n'ont jamais pensé à ce que nous appelons les Normes Maternelle et Paternelle.

Note 3.
Commenter  J’apprécie          150
Les poètes n'habitent plus l'empyrée, ils sont descendus sur la terre et avancent avec nous la main dans la main, aux sons de la sévère marche de l'Usine Musicale. Leur lyre, c'est le frottement matinal des brosses à dents électriques.

Note 12.
Commenter  J’apprécie          150






    Lecteurs (2442) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les plus grands classiques de la science-fiction

    Qui a écrit 1984

    George Orwell
    Aldous Huxley
    H.G. Wells
    Pierre Boulle

    10 questions
    4887 lecteurs ont répondu
    Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

    {* *}