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EAN : 9782010192036
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.26/5   124 notes
Résumé :
«Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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La rue Cases-Nègres se compose d'environ trois douzaines de baraques en bois couvertes de toits en tôle ondulée, alignées à intervalles réguliers au flanc d'une colline, une sorte de paradis pour les enfants du quartier qui aiment y batifoler en toute liberté tandis que leurs parents travaillent dans les plantations de cannes à sucre voisines.
José, 11 ans, n'est pas le dernier à se vautrer dans la boue des chemins lors de folles chevauchées avec ses copains, laissant ses vêtements en loques au grand dam de sa grand-mère M'an Tine qui élève seule l'enfant tandis que sa mère gagne sa vie à la capitale.
Les rires fusent jusqu'à ce que les taloches s'abattent sur cette marmaille indisciplinée et que les cris et les pleurs retentissent.
L'entrée à l'école marque un tournant dans la vie de cet enfant, il va découvrir l'autorité du maître, la discipline, la séparation d'avec ses copains.
L'entrée au lycée, grâce à une bourse, signifie pour le jeune garçon un nouveau départ, l'éloignement d'avec m'man Tine, la découverte de la ville et de camarades différents, puis l'installation dans le quartier chic, celui des villas et jardins de la Route Didier, où sa maman travaille chez un riche mulâtre.
Outre la vie de José parfaitement décrite, l'auteur s'attarde sur M'an Tine, femme courageuse, travailleuse qui se battra jusqu'à son dernier souffle pour que son petit-fils ait une vie décente.

Récit très largement autobiographique, « La Rue Cases-Nègres » raconte la société martiniquaise rurale des années 1930, les plantations, la hiérarchisation sociale, la faim et la pauvreté dont souffrait encore la population antillaise noire plus de huit décennies après l'abolition de l'esclavage. A travers les tribulations de son jeune protagoniste, l'auteur raconte sa propre enfance dans les villages du sud de la Martinique, ses blessures et ses joies d'antan.
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De la plantation de cannes où il courait pied nus, jusqu'aux bancs du lycée où il s'assit en costume et souliers neufs pour passer son baccalauréat... Joseph Zobel nous fait vivre les changements de son existence et surtout, avant tout, le bouleversement progressif mais radical du regard qu'il porta sur son monde.

La Martinique des années 1930 constitue le théatre de cette autobiographie d'un descendant d'esclaves.
Son évolution dans sa scolarité se fera le plus souvent la faim au ventre. Elle aura pour conséquence, outre l'ouverture apportée par les lectures, un élargissement du champ d'action du garçon : la rue, puis le village, puis la ville.
Le jeune martiniquais découvre ainsi les différentes formes que peut revêtir la condition des hommes de couleur à cette époque.

Il découvre... et s'insurge !
Car cette population se trouve, dans les campagnes de sa prime enfance, soumise à un labeur intensif au service des békés-propriétaires, dans des conditions misérables et pour quelques sous de salaire.
Tandis qu'à Fort de France, apparaît une autre forme de servilité, la condition de domestique -empreinte de beaucoup de mépris-, qui le choquera d'autant plus qu'elle lui semble acceptée, admise comme inévitable, par ceux-là même qui se trouvent tout en bas de l'échelle.

Cette peinture d'une société de « castes », post-esclavagiste, tient sa force et son originalité du regard à la fois naïf, fier, et réfléchi de l'enfant au fil de sa croissance.

L'écriture est riche en couleur, pleine d'allant. Elle s'avère souvent gaie, lorqu'elle évoque les jeux enfantins dans la liberté des champs de canne, ou le plaisir de la lecture. Mais elle sait nous émouvoir aussi, notamment quand elle dépeint l'attachement aux personnalités de la rue Cases-Nègres de la prime enfance, dont, en premier lieu, la grand-mère si abimée par une vie de labeur.

Au roman d'apprentissage s'ajoute donc un précieux documentaire sur la réalité de la vie antillaise, souvent mal connue : une belle lecture, utile et agréable !
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La rue Cases-Nègres est un grand classique de la littérature antillaise. Joseph Zobel y raconte sa propre histoire et à travers elle, celle de toute une génération de "nègres" qui ont fait évoluer leurs conditions dans le pays.
La vie de José débute au milieu des champs de cannes à sucre, aux côtés de sa grand-mère M'man Tine. Là, avec tous les enfants de son âge, il joue avec insouciance et veut travailler dans les champs pour gagner quelques sous. Sa grand-mère elle, souhaite lui offrir une chance de ne pas finir au service des "békés" et économise pour l'envoyer à l'école.
A partir de ce moment, sa vie prend un autre tournant et en grandissant, on suit son évolution et surtout ses réflexions sur son pays, sur la servitude de son peuple et la domination des blancs.

La rue Cases-Nègres est un roman très enrichissant car Joseph Zobel y livre son propre regard, son vécu sur la Martinique des années 30 à 50. Il est parfois dure avec son peuple quand il comprend que les nègres se complaisent dans le service aux blancs.
C'est aussi un une histoire pleine de tendresse et de reconnaissance pour sa grand-mère et sa mère qui ont tout fait pour lui offrir une chance de réussir.


Lien : http://lebacalivres.blogspot..
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Cette lecture m'a été imposé par le travail, je n'en ressorts pas avec un grand enthousiasme mais le récit de vie de ce petit José, depuis sa case, élevé par sa grand-mère, jusqu'au lycée de Fort-de-France, se lit doucement, tranquillement, avec un certain plaisir.
On découvre surtout un quotidien disparu , une époque révolue et le roman lui aussi passe de périodes qui disparaissent en grandissant. Il y a une succession de lieux, comme une gradation vers un avenir attendu d'homme reconnu et respecté mais qui n'oubliera jamais d'où il vient et ce qu'il est.
Les descriptions des personnages sont attachantes et on ne se promène avec enchantement dans cet univers passéiste, parfois un peu moralisateur.
Un classique de la littérature antillaise, une lecture agréable.
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Il s'agit d'un récit à la première personne, d'un enfant puis d'un adolescent, José, qui nous raconte son quotidien, les événements marquants de son existence. Qui semblent très proches de ceux vécus par Joseph Zobel lui-même.

La première partie se déroule dans cette rue Cases-Nègres du titre. Une rue habitée par les noirs martiniquais, descendants d'esclaves, et qui continuent à travailler dans les champs de canne à sucre. Pendant ce temps, les enfants trop jeunes pour travailler sont livrés à eux-mêmes. Ce qu'ils apprécient terriblement, profitant de cette liberté de toutes les façons possibles, quitte à provoquer punitions et coups, si les adultes jugent qu'ils ont vraiment trop fait de bêtises. Dans la deuxième partie, la grand-mère de José, pour lui éviter de faire le même travail qu'elle, le met à l'école proche, où il acquiert l'art de l'écriture et du calcul, où il fait de nouvelles rencontres, et commence à voir d'un autre oeil le monde autour de lui. Dans la troisième partie, titulaire d'une bourse, il va au collège puis au lycée à Fort-de-France, où sa mère travaille comme domestique.

Roman d'apprentissage d'un jeune homme, qui grandit et voit progressivement le monde, ce qui l'entoure, d'une autre façon. le livre dessine une culture, une façon de vivre, un contexte historique, des personnages très justes et attachants. Il y a des passages drôles, des passages émouvants, l'auteur dit son grand amour à sa grand-mère, qui l'a élevé dans ses plus jeunes années. Et aussi son amour à son peuple, à toutes les personnes qu'il a côtoyées, qui lui ont permis d'être ce qu'il est, à l'île dans laquelle il est né, la Martinique.

Un beau livre, simple, limpide, émouvant et vivant.
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critiques presse (1)
BulledEncre
20 avril 2015
Un roman graphique se déroulant dans la Martinique des années 40.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de leurs parents.
M'man Tine savait qu'étant venu au-devant d'elle, je m'étais bien conduit pendant son absence. Alors, du corsage de sa robe, elle retirait quelque friandise qu'elle me donnait : une mangue. une goyave, des icaques, un morceau d'igname, reste de son déjeuner, enveloppé dans une feuille verte; ou, encore mieux que tout cela, un morceau de pain... Derrière nous apparaissaient d'autres groupes de travailleurs, et ceux de mes camarades qui y reconnaissaient leurs parents se précipitaient à leur rencontre, en redoublant de criaillerie.»
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Et cela confirme nettement mon intuition que les habitants du pays se divisent bien en trois catégories : Nègres, Mulâtres, Blancs (sans compter les subdivisions), que les premiers -- de beaucoup les plus nombreux -- sont dépréciés, tels des fruits sauvages savoureux, mais se passe volontiers de soins; les seconds pouvant être considérés comme des espèces obtenues par greffage; et les autres, bien qu'ignares, ou incultes en majeure partie, constituant l'espèce rare, précieuse.
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-Médouze est mort, disait-il d’un ton de circonstance. C’est la douloureuse nouvelle que j’ai le chagrin de vous annoncer, messieurs-dames. Ainsi que je le constate, ce qui nous peine le plus, c’est que Médouze est mort et n’a pas voulu que nous assistions à son agonie.
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"Après bonjour,c'est:quoi de neuf?"
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