Voici un recueil de nouvelles qui m'a parfois laissée perplexe.
La première et la deuxième nouvelles m'ont légèrement ennuyée car je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir, en racontant dans la première ce voyage à la mer où on aperçoit à peine celle-ci et où ce qu'éprouve le narrateur lorsqu'il la voit pour la première fois est éludé... même si l'évocation des jeux d'enfants qui se fabriquent leurs jouets me rappelle de bons souvenirs ou, dans la deuxième, en dissertant de long en large sur l'admiration que le narrateur éprouve pour le cahier d'un de ses camarades de classe à la si jolie écriture.
Les autres nouvelles m'ont beaucoup plus séduites car il évoque des aspects plus sociaux: la "moralisation" de la vie maritale en Martinique, le rapport serviteur/maître au Sénégal lorsque le patron ne sait pas rester à sa place et jardine torse nu ou enfin la fierté d'être noir à Fort-de-France où une famille résiste alors que la pression sociale est d'éclaircir la peau de ses descendants:
"la sagesse la plus populaire conseillait, qu'avant qu'on se mette ensemble, l'un comparât sans complaisance l'épiderme de l'autre au sien, eu égard à celui des enfants qui pourraient naître.
Chacun était investi du devoir de "sauver la peau" de sa progéniture."
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Mais les Nardal !
Dire qu’ils avaient tout ! Tout : l’instruction, les diplômes, les postes administratifs, une maison à étages donnant sur une des plus belles rues de Fort-de-France.
Mais, on ne put jamais dire que Monsieur Nardal ou Paulette Nardal avaient paru, fût-ce une seconde, éclaircis, ou un peu moins noirs. Ils restaient noirs, comme on ne pouvait pas se le permettre à Fort-de-France.
Le concept de négritude jeta le trouble dans l’esprit de certains intellectuels ; mais plus nombreux furent ceux pour qui il joua le rôle de passeur vers une sorte de marronnage spirituel ou un retour à soi. Et ceux-là de s’interroger. C’est d’ailleurs, la non-réponse à leurs questions, qui donne à la Martinique son visage crispé d’aujourd’hui.
Interview de Joseph Zobel.