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EAN : 9782842611309
230 pages
Le Serpent à plumes (12/03/2003)
3.83/5   24 notes
Résumé :
La vie de Léonce aurait pu aller douce. En 1932, il touchait ses vingt ans. C'était un beau nègre noir au torse musculeux façonné par les travaux des champs. Tous les gens d'ici-là saluaient sa hardiesse au labeur et le bon esprit qui conduisait ses jours. Si les femmes ne marchaient pas après lui, c'est qu'à traînait une natale infirmité.

Ce roman retrace la grande drive des esprits, dérive entre soleil et ombre, entre amour et mort, la fulgurante as... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Regarde ton pied, Kochi !" disait la voix de l'ombre."(…) Allez, Kochi ! contente-toi de vendre tes ignames et oublie les jupons ! Tu trouveras pas une femelle pour goûter ton coco !..."

Léonce, vingt ans en 1932, meurt d'amour pour la belle Myrtha qui passe et repasse devant sa case, un seau sur la tête et balançant son très joli corps, pour aller chercher de l'eau.
Il a tout pour lui, cet homme, un beau visage, un corps bien découplé, il est travailleur et possède son lopin de terre où il cultive les ignames qu'il vend au marché sans difficulté.

Mais, mais, mais, Léonce est né avec un pied-bot, que la vilaine petite voix dans sa tête ne cesse de lui rappeler.

Heureusement, sa manman Ninette veille sur son enfant chéri, et ne le laissera pas dépérir, caché dans le fossé pour voir passer sa belle.

Gisèle Pineau brode l'histoire de Léonce et de Myrtha, mais aussi celle de leurs parents, de leurs enfants et de leur entourage, entre réel et fantaisie, convoquant les ancêtres et leurs fantômes, des revenants qui veillent sur les vivants et des vivants qui jettent des sorts…

Dans une langue pleine d'inventivité et d'images saillantes, elle emmène son petit monde accroché à Haute-Terre et à ses mornes des années 30 aux années 70, leur faisant traverser un temps de deux générations plein de malédictions à empêcher et de grands malheurs à subir.

Traversant les évènements qui les touchent directement, comme le souvenir du cyclone de 1928, le "Tricentenaire de l'arrivée des Français", le blocus britannique pendant la Seconde guerre mondiale, ou de plus loin comme la mort de De Gaulle, les personnages s'aiment et se désaiment, se déchirent sans se comprendre, se frôlent comme des ombres.

Qui est maudit, qui est béni ?
Qui peut échapper à son sort ?

Gisèle Pineau donne surtout la parole aux femmes, gardiennes des traditions comme elles peuvent en être les victimes, pour dérouler ces destins qui viennent d'ailleurs pour s'établir ou s'échouer, c'est selon, au bourg de Haute-Terre, loin de Pointe-à-Pitre.

Les hommes, eux, sont surtout victimes de leurs sens, sans avoir à en payer le prix contrairement à celles qu'ils séduisent et abandonnent enceintes.

Sur tout le roman court cette malédiction des femmes et des hommes qui ne vivent pas la même réalité, n'en subissent pas les mêmes conséquences et peinent à se rencontrer vraiment.
Court surtout comme une autre malédiction, qui poursuivrait Léonce et ses enfants, par ricochet depuis papa Sosthène…

Mêlant les expressions créoles et de belles métaphores, le style de Gisèle Pineau emporte l'imagination vers ce bourg et ses habitants, les cases entourées de leur jardin et les mornes autour.

C'est un plaisir de relire cet ouvrage et de retrouver cette éloquence qui m'avait déjà emballée à la première lecture.
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La Guadeloupe, belle île en forme de papillon qui redonne le moral avec ses plages paradisiaques, ses eaux turquoises, et ses saveurs épicées. La Guadeloupe, je connais car je le suis par ma mère. Petite, elle me racontait souvent des histoires sur mon grand-père, comment à cette époque tout était plus dur, où l'homme noir avait dû faire front face à l'homme blanc (Béké), au temps de l'esclavage ou même après. Elle me parlait de toutes ses superstitions, des rites, des légendes, du Gwo'ka (tambour) et j'en passe. Paroles de l'époque où je me revois encore assise, près d'elle, à l'écouter, à poser des questions, à en savoir plus sur cette terre caribéenne, qui a accueillie mes ancêtres au temps de l'esclavage.

C'est alors que Gisèle Pineau retrace avec brio et beaucoup d'humilité l'histoire de la Guadeloupe en 1932, à travers Léonce, qui traîne derrière lui, une infirmité congénitale, un pied-bot, ce qui va l'empêcher de s'approcher des filles, dont Myrtha. Tout le monde le décourage car avoir un "handicap" de la sorte est tout simplement une abomination. Pourtant, Léonce, ne perd pas espoir. Cette fille, il l'a veut. Il l'a désire et il l'aura. C'est d'ailleurs ce qui va se passer. On va suivre toute la vie de ce couple, quand ils vont se découvrir, apprendre à vivre ensemble... pour devenir parents par la suite, dans une ambiance très créole, très familiale et dure également car certains faits historiques ne sont pas épargnés. du coup, certains souvenirs remontent à la surface, nous replonge dans ce qu'il connait le mieux l'antillais, la famille. Et pour aller encore plus loin, l'auteure rajoute quelques textes, des berceuses ou des anecdotes en créole, pour bien imager l'ensemble.

Pour ma part, j'ai pris plaisir à suivre cette fresque familiale, jusqu'aux enfants à l'âge adulte. J'ai adoré redécouvrir la Guadeloupe, les rues de Pointe-à-pitre... Comme une sensation de sentir les odeurs, les épices, voir les paysages, les cases, les enfants courir, les histoires entre voisins, les vieilles croyances locales, dont les esprits qui reviennent avec un message bien précis... C'est réellement un vrai plongeon en arrière, dans une époque historique antillaise qui est parfois, encore aujourd'hui, mise à l'écart. Gisèle Pineau a décortiqué la façon de faire, a imaginé ou peut-être même avec l'aide des anciens une histoire qui tient la route, qui a du sens, et qui laisse un certain message à nous autres, cette nouvelle génération. Et même si tout n'est pas parfait dans ce livre, comme la non traduction de certaines phrases en créole, je recommande ce livre !
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Qu'est-ce que j'adore cette auteure! Je lis ces livres avec une grande frénésie. J'adore son style cru, ses phrases hachées et directes et ses mots créoles parsemés tout le long.
Dans la grande drive des esprits, Gisèle Pineau nous plonge dans une fresque familiale prise d'une malédiction. On est plongé à tout bout de page dans un univers, chaud, sucré, épicé, on apprécie et découvre la Guadeloupe et ses croyances. On est happé et envouté.
Très belle lecture.
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on fait un voyage dans une guadeloupe d'antan pittoresque, rappelant les croyances de cette eposue.
Beau livre de Mme Pineau... L'histoire de plusieurs générations d'une famille soumise à un probable sort.
Gisèle Pineau nous enchante avec ses ses descriptions imagées... Beau livre.
Famille attachante
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Cassé par ce qu'il avait vu et par l'ampleur de la tâche restant à accomplir pour accéder à l'imitation du jardin extraordinaire, il retourna s'asseoir au pied de son arbre. Il commençait tout juste à méditer sur la cruauté des rêves qui abusent l'esprit, quand une caïmite lui tomba sur la tête. Cela lui fit l'effet de la sirène qui cornait midi au grand mitan du bourg. Alors, il dénoua la corde qui l'amarrait à la famille des pleurs, des plaintes et compagnie. Il se releva et partit d'un grand éclat de rire. Et puis, il se mit à courir, pareil à un bougre fou, semant des confettis de 14-Juillet en déroulant des guirlandes imaginaires partout où son rire le poussait.
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La fille ne savait pas que Ninette avait un peu le poil politi-chien. Elle ne promettait pas des Panama, des chantiers, une indépendance arrachée, un avenir de respect, un travail à la mairie ou une place à l'hospice. Mais, comme eux, elle ne s'émouvait de rien, couvait des paroles faciles. Elle avait leur habileté, leur versatilité, un soupçon de mépris, une condescendance innée, une manie de grandes phrases, une aristocratie malpropre et des airs je-sais-tout, c'est moi-même le messie venu pour vous sauver.
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En 1928, le démon parla dans les cieux, cracha, jura et frappa. Il avala un vent-fiel et par sa scélératesse, souffla son haleine délétère à la face du peuple qui courbait l'échine ou bien gobait les mouche au mitan de l'arc Caraïbe.
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Mais je vois à vos yeux que vous voulez connaitre les pourquoi des confidences de la vieille. Eh bien, je sus plus tard que sa tête était partie au pays où les ronds sont carrés et les poissons volants.
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