Ce roman publié pour la première fois en 1888, est d'abord paru en feuilleton tous les 15 jours, dans "La Revue illustrée" entre le 1er avril et le 15 octobre 1888.
C'est le 16ème épisode de la série des Rougon-Macquart dont le sous-titre est je vous rappelle "Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire".
Angélique est retrouvée quasiment morte de froid, sur le parvis de la cathédrale de Beaumont-sur-Oise, par un couple habitant la maison voisine, accolée à la bâtisse. En cette nuit de noël 1860, elle vient de quitter la famille chez qui elle était placée, parce que celle-ci la maltraitait. Les Rabier sont en effet des tanneurs que tout le monde connaît dans la ville pour leur violence.
Née de père inconnu, c'est la fille de Sidonie Rougon (un personnage qui apparaît dans "la Curée"). Dès sa naissance, elle a été placée par la sage-femme à l'Assistance publique, et comme cela se faisait beaucoup à l'époque, elle a été ensuite, très jeune, placée dans différentes familles.
Hubert et Hubertine sont de modestes brodeurs, pieux et malheureux, car ils n'ont plus jamais pu avoir d'enfants après la mort de leur premier-né, et attribuent cela à une sorte de malédiction, jetée par la mère d'Hubertine, qui s'opposait à leur mariage.
Le couple n'hésite pas un instant devant cette rencontre providentielle et recueille Angélique. Elle est si belle avec ses cheveux blonds et ses yeux couleur de violette...
Grâce à eux une nouvelle vie commence pour la fillette. Elle ne manquera de rien, ni d'amour, ni de nourriture réelle ou spirituelle, mais sera élevée en recluse, ne sortant que pour aller à la messe.
Elle va apprendre à dompter ses colères (liées pour le couple, à ses origines familiales), et deviendra une brodeuse prodige.
Le couple, en effet, confectionne des habits sacerdotaux, riches en ornements divers et sont spécialisés dans la broderie de chasubles. Angélique est capable de broder des merveilles à partir de simples croquis.
En plus de ses occupations de brodeuse, la jeune Angélique va découvrir un livre qui la plonge dans une passion sans borne. C'est "
la légende dorée" de Jacques de
Voragine, un ouvrage qui va bouleverser sa vie. Elle va se passionner pour la vie des saints et des martyres.
Elle parsème désormais ses broderies de croix, bien sûr comme avant, et de roses, mais aussi de nombreux visages de saints et de saintes.
Elle rêve d'avoir un destin hors norme, elle aussi, et attend son prince, du-haut de son balcon.
Un soir, alors qu'elle vient d'avoir 16 ans, son rêve devient réalité, et Félicien, tout de blondeur et de douceur, apparaît dans le jardin. Il est venu réparer le vitrail qu'Angélique voit de sa fenêtre et qui représente Saint George en train de terrasser le fameux dragon.
Les deux jeunes gens tombent amoureux, mais bien sûr, à cette époque, on ne peut braver ainsi les différences sociales.
Félicien est le riche héritier de sa famille et le fils jusque-là caché de Monseigneur d'Hautecoeur, qui ne voulait pas le reconnaître, car il le jugeait responsable de la mort de sa première femme, décédée en mettant au monde Félicien. Suite à ce drame, il n'avait trouvé un peu de réconfort qu'en entrant dans les ordres.
D'ailleurs, Félicien n'est revenu près de son père que pour se marier avec une jeune fille de son rang.
Hubert et Hubertine ne peuvent pas non plus accepter ce mariage contre la volonté de Monseigneur, persuadés eux-mêmes que leur passion de jeunesse est responsable de leur malheur.
Mais Angélique se consume d'amour au point de se laisser mourir...
Félicien, à qui on a menti pour l'éloigner d'elle, va découvrir la supercherie et chercher à la revoir. Lui aussi dépérit pensant qu'elle ne l'aime plus.
Même le coeur de Monseigneur a été attendrie par la supplique de la jeune fille et c'est, criblé de remords, qu'il va se rendre à son chevet pour lui donner l'extrême onction...
Je ne vais pas vous faire une analyse critique littéraire de ce roman car les enseignants de français savent bien mieux le faire que moi...
"Le rêve" est un roman à part dans la série des Rougon-Macquart. Ce n'est pas du tout le
Zola que l'on connaît.
L'auteur nous dépeint la foi populaire qui traverse cette jeune fille, poursuivie par l'hérédité de sa famille qu'elle ne connaît pas.
Il veut montrer que l'éducation prime sur l'inné, et qu'un être, peut-être mauvais à l'origine, une fois transplanté dans un autre milieu, en sortira transformé.
Ainsi Angélique, commet-elle des péchés, d'orgueil, de passion, de colère, malgré sa vie pieuse, mais elle ne cède jamais à son amour et reste parfaitement chaste, même si parfois la culpabilité de cet amour l'assaille.
J'ai trouvé qu'au-delà des descriptions minutieuses autour de l'art et la manière de devenir une brodeuse virtuose, les passages intéressants étaient finalement ceux de la vie quotidienne : les grandes lessives à la rivière, le linge qui s'envole alors qu'il a été mis à sécher...ainsi que les détails de la rencontre entre les deux jeunes gens...décrits de façon plutôt romantiques.
Mais j'ai trouvé plutôt ennuyeuses, les descriptions de la vie des saints, ainsi que tous les moments qui nous parlent de religion et de foi, en bref toutes les bondieuseries, finalement.
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