AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 17 : La Bête humaine (187)

Depuis cinq années qu’ils habitaient là, à chaque heure de jour et de nuit, par les beaux temps, par les orages, que de trains ils avaient vus passer, dans le coup de vent de leur vitesse ! Tous semblaient emportés par ce vent qui les apportait, jamais un seul n’avait même ralenti sa marche, ils les regardaient fuir, se perdre, disparaître, avant d’avoir rien pu savoir d’eux. Le monde entier défilait, la foule humaine charriée à toute vapeur, sans qu’ils en connussent autre chose que des visages entrevus dans un éclair, des visages qu’ils ne devaient jamais revoir, parfois des visages qui leur devenaient familiers, à force de les retrouver à jours fixes, et qui pour eux restaient sans noms.
Commenter  J’apprécie          310
A Rouen, on devait prendre de l'eau; et l'épouvante glaça la gare, lorsqu'elle vit passer dans un vertige de fumée et de flamme, ce train fou, cette machine sans mécanicien ni chauffeur, ces wagons à bestiaux emplis de troupiers qui hurlaient des refrains patriotiques. Ils allaient à la guerre, c'était pour arriver plus vite là-bas, sur les bords du Rhin. Les employés étaient restés béants, agitant les bras. Tout de suite, le cri général : .....
Commenter  J’apprécie          250
Étranglé, il ne soufflait plus. Une clameur de foule, dans son crâne, l'empêchait d'entendre  tandis que des morsures de feu, derrière les oreilles, lui trouaient la tête, gagnaient ses bras, ses jambes, le chassaient de son propre corps, sous le galop de l'autre, la bête envahissante. Ses mains n'allaient plus être à lui, dans l'ivresse trop forte de cette nudité de femme. Les seins nus s'écrasaient contre ses vêtements, le cou nu se tendait, si blanc, si délicat, d'une irrésistible tentation  et l'odeur chaude et âpre, souveraine, achevait de le jeter à un furieux vertige, un balancement sans fin, où sombrait sa volonté, arrachée, anéantie.
Commenter  J’apprécie          240
La famille n'était guère d'aplomb, beaucoup avaient une fêlure. Lui, à certaines heures la sentait bien, cette fêlure héréditaire; non pas qu'il fût d'une santé mauvaise...
...c'étaient, dans son être, de subites pertes d'équilibre, comme des cassures, des trous par lesquels son moi lui échappait,...
Commenter  J’apprécie          210
Il y a tant de choses qu'on ne voudrait pas faire et qu'on fait, parce qu'elles sont encore les plus sages.
Commenter  J’apprécie          213
Rompre, s'éloigner, aller recommencer de vivre ailleurs, elle ne songeait plus qu'à cela. Oh ! recommencer, faire surtout que le passé ne fût plus, recommencer la vie avant toutes ces abominations, se retrouver telle qu'elle était à quinze ans, et aimer, et être aimée, et vivre comme elle rêvait de vivre alors !
Commenter  J’apprécie          200
A ce moment, le train passait, dans sa violence d'orage, comme s'il eut tout balayé devant lui (...) C'était comme un grand corps, un être géant couché en travers de la terre, la tête à Paris, les vertèbres tout le long de la ligne, les membres s'élargissant avec les embranchements, les pieds et les mains au Havre et dans les autres villes d'arrivée. Et ça passait, ça passait, mécanique, triomphal, allant à l'avenir avec une rectitude mathématique, dans l'ignorance volontaire de ce qui restait de l'homme, aux deux bords, caché et toujours vivace, l'éternelle passion et l'éternel crime.
Commenter  J’apprécie          170
Une excitation croissante se dégageait des choses, les souvenirs la débordaient, jamais encore elle n’avait éprouvé un si cuisant besoin de tout dire à son amant, de se livrer toute. Elle en avait comme le désir physique, qu’elle ne distinguait plus de son désir sensuel ; et il lui semblait qu’elle lui appartient davantage, qu’elle y épuiserait la joie d’être à lui, si elle se confessait à son oreille, dans un embrasement. Les faits s’évoquaient, son mari était là, elle tourna la tête, en s’imaginant qu’elle venait de voir sa courte main velue passer par-dessus son épaule pour prendre le couteau.
Commenter  J’apprécie          172
Au fond, rien ne valait la fatigue d'être juste.
Commenter  J’apprécie          170
Il l'aimait donc en mâle reconnaissant, la Lison, qui partait et s'arrêtait vite, ainsi qu'une cavale vigoureuse et docile ; il l'aimait parce que, en dehors des appointements fixes, elle lui gagnait des sous, grâce aux primes de chauffage. Elle vaporisait si bien, qu'elle faisait en effet de grosses économies de charbon. Et il n'avait qu'un reproche à lui adresser, un trop grand besoin de graissage : les cylindres surtout dévoraient des quantités de graisse déraisonnables, une faim continue, une vraie débauche. Vainement, il avait tâché de la modérer. Mais elle s'essoufflait aussitôt, il fallait ça à son tempérament. Il s'était résigné à lui tolérer cette passion gloutonne, de même qu'on ferme les yeux sur un vice, chez les personnes qui sont, d'autre part, pétries de qualités  et il se contentait de dire, avec son chauffeur, en manière de plaisanterie, qu'elle avait, à l'exemple des belles femmes, le besoin d'être graissée trop souvent.
Commenter  J’apprécie          159






    Lecteurs (14089) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les personnages des Rougon Macquart

    Dans l'assommoir, quelle est l'infirmité qui touche Gervaise dès la naissance

    Elle est alcoolique
    Elle boîte
    Elle est myope
    Elle est dépensière

    7 questions
    592 lecteurs ont répondu
    Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

    {* *}