Dans
de la neige au Congo, nous suivons Sébastien, un collégien de 4ème scolarisé en ZEP (Zone d'éducation prioritaire). Il vit dans un HLM d'un quartier « tout gris » comme il le dit au début de l'histoire. Sébastien pourrait avoir la vie de millions de jeunes de son âge : copains, jeux vidéo, problèmes d'adolescents, une fille dont il est secrètement amoureux…. Oui mais Sébastien est atteint de Sclérose en plaques, une maladie dégénérative.
Depuis le diagnostic, son monde s'est alors refermé, son avenir assombri, et Sébastien répète à qui veut l'entendre qu'il va bientôt mourir. Mais en plein milieu de l'année scolaire, sa classe va accueillir Wilson, un ancien enfant-soldat du Congo. L'arrivée de ce jeune garçon va avoir des répercussions inattendues sur la vie de Sébastien.
Pour commencer j'ai un peu été surprise de l'emploi de la deuxième personne du singulier pour raconter l'histoire de Sébastien. J'ai eu l'impression qu'un narrateur omniscient voyait et savait tout de ma vie et de mes ressentis, vu qu'il me tutoyait, et me racontait « mon » histoire mais qui n'était pas vraiment la mienne puisqu'il s'agissait de celle de Sébastien. Bon on s'y fait vite, c'est juste un peu surprenant au départ.
Ensuite, j'ai beaucoup aimé que le sujet du handicap soit seulement traité du point de vue de Sébastien. Ne pas avoir de discours de médecin ou d'adultes sur la Sclérose en plaques qui viendrait donner un petit côté « encyclopédie » au récit, comme c'est souvent le cas, et qui viendrait casser cette bulle qu'est « la vie de Sébastien vécue par Sébastien ». Un peu à l'image d'un journal intime où tout ce qui est dit y est subjectif.
Le fait de connaître ses doutes, ses peurs, ses émotions au sujet de sa maladie nous fait retomber au temps de notre adolescence, lorsque nous avions des problèmes et que nos parents et nos amis ne pouvaient ou ne savaient pas nous aider ou nous comprendre. Ou du moins c'est ce que nous croyions. Et bien ce ressenti là est présent du début à la fin, ce qui ne donne jamais l'impression d'avoir affaire à un personnage de roman mais à un réel ado lambda.
Si l'on continue ce résonnement, ce roman est une belle preuve que la parole ou plutôt l'absence de parole au sein d'une famille peut être dévastatrice, et faire beaucoup de mal, que ce soit pour les adultes mais aussi pour les enfants.
J'ai un peu été déçue que le personnage de Wilson soit si peu développé. En lisant le résumé je m'attendais à ce que Wilson ait une place un peu plus grande, qu'une relation se tise entre les deux, mais le personnage de Wilson reste, dans plus de la moitié du livre, un spectre silencieux qui survole l'histoire. J'aurais aimé que les deux vécus de ces jeunes se confrontent et non pas soient sous-entendus. Je n'aurais donc pas dit non à quelques pages supplémentaires allant dans cette direction.
Cela reste dans l'ensemble une très agréable lecture, pleine de leçons de vie. J'ai vraiment aimé la façon sont
Sylvain Zorzin a traité le handicap et les problématiques adolescentes.