Vrai, ce nom est rarement prononcé de nos jours. Je l'ai croisé en explorant le romantisme allemand, et quoique les dernières éditions de ses livres soient très anciennes, on en trouve aisément des copies numérisées, évidemment dans le domaine public. Par exemple ce grand recueil en quatre volumes, avec au total 17 nouvelles sur environ 1000 pages.
On perçoit dans plusieurs l'objectif d'éduquer la population et de servir de modèle au progrès. Plusieurs personnages probes, vertueux et actifs sont à l'oeuvre pour améliorer leur milieu de vie. Les nouvelles qui se concentrent uniquement sur ce thème sont plus ou moins attrayantes. Mais on y rencontre au passage des critiques de la société dont l'aspect terre-à-terre et sans artifices fait plaisir à lire.
Dans plusieurs autres titres, l'accent est mis sur l'humour, et là ça devient vraiment savoureux. Par exemple ''La nuit de St-Sylvestre'', où, sous le couvert du déguisement, un garde de nuit se retrouve dans la peau d'un noble de haut rang. Son aisance et sa hardiesse pour dénouer les milles intrigues parmi lesquelles il atterrit font sourire abondamment. Il y a aussi ''La tante Romarin'' avec la mémorable chevauchée nocturne du pasteur.
''Agathocle, tyran de Syracuse'' se déroule en Grèce antique et se veut une lumineuse réflexion sur la vanité du pouvoir. Enfin, les nouvelles que l'on peut ranger dans la catégorie insolite et fantastique (ce qui m'a originalement attiré vers le romantisme allemand) sont au nombre de deux. ''L'extase'', avec transes hypnotiques et combustion spontanée au menu, mais plutôt moyenne. Et l'excellente ''Le mort fiancé'', où une petite ville est prise de panique à l'arrivée d'un spectre malfaisant.
Commenter  J’apprécie         100
─ Combien de temps pensez-vous qu'il faille à un ministre des finances, avant d'en venir à tondre le peuple et à travailler au profit de la cour ?
─ Hem ! quand il a de la tête, il peut en venir là en un an.
─ Il faudrait donc conseiller au roi de prendre un nouveau ministre des finances tous les ans, s'il veut être loyalement servi.
─ J'espère, monseigneur, n'avoir pas démérité de Sa Majesté et de la cour depuis que je régis ses finances.
─ Je le crois, comte ; mais vous avez d'autant plus démérité du peuple.
─ En vérité, Micon, Les Dieux m'eussent rendu plus heureux, s'ils m'avaient accordé moins d'intelligence, en sorte que je pusse avoir des illusions, et me tromper moi-même comme font les autres hommes. Vois, j'ai tout acquis, pour finir par tout mépriser. Le but n'était pas digne des efforts faits pour l'atteindre.
─ O roi, dit Micon, le monde ne saurait plus te suffire, car tu t'es perdu toi-même.
Le bonheur et l'infortune dépendent de peu de choses, et des bagatelles influent souvent plus puissamment sur notre sort, que les vertus et les talents.
Le monde est à nos yeux ce que nous sommes nous mêmes, et chaque mortel est un Dieu dans sa sphère ; comme peut-être chaque étoile du ciel est un soleil dans la sienne.