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Madeleine Laval (Traducteur)André Espiau de La Maëstre (Traducteur)Albert Béguin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782859409920
410 pages
Phébus (27/04/2004)
3.79/5   51 notes
Résumé :

Après les Fantaisies et Le Chat Murr, suite de la reprise en « Libretto » de l’Intégrale des Contes et Récits d’Hoffmann. L’un des livres majeurs du Romantisme allemand (préface d’Albert Béguin).

Ces textes ne sont pas des contes pour enfants. Ce sont les fantasmes d’un écrivain aux talents multiples (dessinateur, peintre, chanteur et compositeur de musique) : fantasmes noirs, empreints de terreur et de mort, mais aussi de fantaisie. Dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Quand on évoque Hoffmann, on pense à cet émule européen d'Edgar Poe, adepte de roman noir, presque gothique, peuplé de spectres, de châteaux hantés, de morts-vivants, de doubles… un univers hautement « fantastique ». Bien sûr ce Hoffmann-là, nous le connaissons bien : c'est celui des « Elixirs du Diable » ainsi que de certains contes où l'horreur se mêle à l'étrange, et instille une sorte d'angoisse existentielle, (assez dans le genre de Poe, effectivement). Mais le plus souvent, Hoffmann, romantique en l'âme, nous livres des histoires de ce que Freud a appelé « une inquiétante étrangeté ». Elle ne vient pas forcément d'éléments surnaturels, ou extérieurs, elle ressort d'une extension du vécu des personnages : en fait, on ne sort pas du réel, on le prolonge dans une autre réalité (on se rappellera l'importance que les auteurs fantastiques romantiques d'Outre-Rhin – Jean-Paul et Hoffmann, particulièrement – ont eu sur les surréalistes français).
Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776 et 1822) était écrivain et… musicien (son troisième prénom vous le faisait pressentir). Son oeuvre d'écrivain se résume à une poignée de romans, dont on retiendra « Les Elixirs du Diable » (1816-1817), « le Chat Murr » (1819-1821) et « Princesse Brambilla » (1820) ; mais surtout d'un nombre impressionnant de contes d'inspiration diverses, répartis en plusieurs recueils dont : « Les Fantaisies à la manière de Callot » (1814-1815), « Les Contes nocturnes » (1816-1817) « Les Contes des Frères Sérapion » (1819-1821), ainsi que « Derniers contes » (posthume, 1825).
« Les Contes nocturnes » sont typiques de cette « inquiétante étrangeté » qu'a soulignée Freud : il s'agit de huit contes : « L'Homme au sable », « Ignaz Denner », « L'Eglise des Jésuites », « le Sanctus », « La Maison déserte », « le Majorat », « le Voeu », « le Coeur de pierre ». L'adjectif nocturne convient bien à ces histoires inquiétantes où derrière la vie de tous les jours se cache une autre réalité fantastique où l'on ne sait pas à quel moment on a dérapé dans un monde où les bons et les méchants sont mélangés (y compris soi-même) et où l'on peut basculer à tout moment dans l'horreur ou la folie.
« L'Homme au sable » est la plus célèbre de ces histoires, essentiellement par les deux adaptations musicales qui en ont été faites : le ballet « Coppélia » de Léo Delibes (excellent compositeur à qui nous devons aussi « lakmé »), et le premier acte « Olympia » des « Contes d'Hoffmann » de Jacques Offenbach (que l'on ne présente pas). C'est l'histoire de Nathanael, un jeune homme marqué dans son enfance par un certain Coppélius, qu'il a baptisé « L'Homme au sable ». Devenu adulte, il croit reconnaître celui-ci en la personne de Coppola (rien à voir avec Francis Ford). Il tombe amoureux de sa jolie voisine, Olympia, avant de s'apercevoir que celle-ci n'est qu'un automate (c'est elle « Coppélia ») aux mains de son « père », le sinistre Spalanzani avec la complicité de Coppola, qui n'est autre que l'Homme au sable qui a hanté sa jeunesse. Aidé par son ami Lothar, et sa fiancée Clara, arrivera-t-il à reprendre pied dans la réalité ?
L'auteur des « Contes », est forcément un merveilleux conteur. Pour nous, lecteurs du XXIème, le style peut paraître un peu désuet, d'autant plus que nous ne sommes pas familiarisés avec la mentalité germanique romantique. Mais c'est une expérience diablement intéressante (le mot « diablement » dans ce contexte, n'est pas tout à fait gratuit) : Il y a un univers « Hoffmann » comme il y a un univers « Mozart » (son idole).
Si l'on veut avoir une idée du romantisme allemand, avec Goethe, Heine et Schiller (et quelques autres), il ne faut pas oublier Hoffmann qui en est une figure majeure.
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Défi ABC 2023 2024 : lettre H.

Papa, Maman, je lis Hoffmann, l'inventeur de Casse Noisette et le héros d'Offenbach!

Lire Hoffmann, c'est "emporter le ciel dans son coeur" (l'homme au sable). le monde coloré de la littérature (c'est un alexandrin) m'est parvenu dans cette lecture, que j'ai savourée, et je vais commencer par analyser "l'homme au sable", mon préféré.

Je l'ai lu au son de Casse Noisette dont ETA Hoffmann est aussi l'auteur, puis, évidemment, au son d'Offenbach, (les oiseaux dans la charmille). Ce conte/roman, c'est d'abord un conte d'enfant (et non pour enfants) : un méchant homme, impressionnant, sur qui l'on raconte d'horribles histoires (le fameux homme au sable). Puis bien vite, cela devient (si cela existe) un conte pour étudiants. le méchant est alors un savant fou dont le jeune et ingénu élève s'éprend de sa fille Olympia. Sa voix mécanique, inhumaine, cristalline et suraiguë dans l'air de bravoure "les oiseaux dans la charmille". Mais le conte pour étudiant est tout sauf une plaisanterie, c'est la fureur et la folie. En vain la rationaliste Clara lui expliquera, version classique de "don't feed the troll", que les "méchants" n'existent que n'existant que dans l'imagination, c'est la peur qui nous fait du mal. Et si (attention trait d'esprit) on parle d'un méchant démon lorsqu'elle fait le café, et qu'elle se déconcentre, peut on dire que le démon est responsable du mauvais café ? (Sans tout analyser sous un angle féministe, Clara est décrite comme une intelligente jeune fille au sourire ironique, tout en étant belle et amoureuse : on peut donc être une femme intelligente sans être repoussante dans la littérature d'Hoffmann). le professeur de lettres dira de cette histoire que c'est une "allégorie", mise en abyme et pique à l'égard du monde de la fac. Mais j'en ai assez dit, sur ce conte estudiantin.

L'histoire d'Ignace Denner, qui met en scène un homme démoniaque, souffre de longueurs, et la fin m'a un peu lassée, cela dit la pitié et l'angoisse sont présentes. Forets, brigands et trésors, le fantastique chez Hoffmann, qui pose les jalons du genre, c'est davantage une atmosphère que de la "vraie" magie.
C'est ensuite une belle prose que nous déroule Hoffmann dans l'Eglise des Jesuites, où le bas matérialisme du Professeur (rendez vous compte, selon lui la pensée est une question de fil dans le cerveau ! ;) )s'oppose au fantastique idéalisme d'artiste du narrateur, tentant de percer le mystère d'un peintre "un peu cousin du diable", le tout sur un fond de débat esthétique sur la mimésis et la hiérarchie des arts. le peintre est il un génie, un badigeonneur ou les deux ?
C'est, dans sanctus, la musique qui est en jeu. Une soliste, aphone, souffre d'un "mal mystérieux" (thème présent en fantastique) qui pourrait n'être que sensation : un dialogue a lieu, et dans la deuxième partie, une histoire orientaliste mettant en scène des Maures, le maitre de Chapelle a pour préoccupation d'adapter le récit qu'il écoute en opéra : il y a une poétique de la création, et un clin d'oeil à l'activité de compositeur d'Hoffmann.
Dans la Maison déserte, d'une "passion enthousiaste et religieuse pour le merveilleux", un étudiant raconte à ses amis, dans le cadre d'une discussion philosophique sur l'Etrange, son aventure avec une maison déserte et que l'on dit hantée. Dans ce cadre très spirituel, le texte se fait presque psychiatrique. Une magnifique écriture en dépit des longueurs. Il est question de ce sixième sens qu'ont les chauves souris décrites par le scientifique Spalanzani. Hoffmann maîtrise l'image, la métaphore, l'analogie.

La littérature d'Hoffmann, c'est souvent un mystérieux homme qui se transforme en démon dans l'imagination du témoin. Témoin que tente en vain de raisonner un autre personnage plus réaliste.

Des longueurs, mais c'est fantastique dans tous les sens du terme.
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Les Contes Nocturnes d'Hoffmann laissent une impression étrange, ou devrais-je dire une impression "d'étrange". On ne les referme pas comme on referme Poe ou Lovecraft en se disant "Quelles merveilles d'imagination ! Quels géniales histoires inventées là !"

Car Hoffmann ne se situe ni dans le fantastique, ni dans l'extraordinaire, mais bien uniquement dans l'ordinaire, ou presque. C'est-à-dire qu'à part dans la première et plus célèbre nouvelle initiale, L'Homme de Sable, il n'y a quasiment aucune trace d'autre chose que le monde dans lequel nous vivons. Toutes ses histoires semblent bien réelles, et même tout à fait réalistes : elles décrivent un monde et des personnages qui "croient en l'imaginaire", et ce faisant elles incitent le lecteur à en faire de même.

Le fantastique est chez Hoffmann une fausse piste. On a l'impression que ces contes auraient pu être des histoires extraordinaires; mais ils ne le sont pas, car notre monde contient déjà assez de recoins et de mystères pour nourrir la plume de l'auteur. Leur lecture et leur chute peuvent laisser une impression de bizarre frustration : on aurait voulu un dénouement incroyable, une cause merveilleuse, et on se retrouve bien souvent avec une explication non seulement naturelle mais très ordinaire voire prosaïque (au contraire par exemple de L'Assassinat de la Rue Morgue, où la résolution de l'énigme n'est certes pas fantastique mais du moins proprement extraordinaire).

Hoffmann m'a rappelé, avec un talent indéniable, le sentiment que j'éprouvais enfant, quand au commencement d'un conte l'imagination se déploie et on se met à voir des choses merveilleuses. Puis la suite de l'histoire vient, et elle n'est jamais à hauteur de nos visions. Il faudrait presque ne lire aux enfants que des débuts de conte et leur laisser imaginer la suite. Quant à ces Contes Nocturnes, ils valent tout de même le coup d'être lus, de bout en bout.
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C'est un des premiers maître du récit fantastique et il mérite à ce titre toute ma considération. Toutefois l'écriture est d'un classicisme légèrement rasoir et les sujets quelque peu redondants d'une nouvelle à l'autre. Passe pour le style de l'écriture, après tout en ce début du 19ème siècle, peu de recherches formelles sont en cours dans le monde littéraire. Mais les sujets restent trop proches pour apporter un réel délice : les amours romantiques (c'est d'époque) impossibles à dévoiler, les revenants dans des châteaux lugubres, les réflexions sur le sens de l'art.
On y retire du plaisir à la lecture puisque la narration est soignée et le genre nouveau, mais on est bien loin de la folie absolument terrifiante qui se dégagera des récits de Lovecraft, qu'il réalisera même pas un siècle plus tard.
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Ces contes sont nocturnes à plus d'un titre. Leur ambiance sombre, inquiétante, mystérieuse et passionnée nous plonge au coeur d'une nuit où tout semble possible, où des poupées prennent vie, où des assassins rôdent dans des forêts italiennes, où des morts violent des femmes devenues folles. Ils sont nocturne aussi par leur complexité, comme si s'emboîtaient dans des cauchemars épars des histoires variées, aventureuses, toujours nouvelles, au point que le lecteur, souvent, s'y perd, comme dans le noir. La nuit, comme ces contes, est à la fois fascinante et ennuyeuse. On s'y noie, on s'y délecte et rien n'est plus agréable que de retrouver enfin la lumière du jour.
Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Extrait de la maison déserte

Vous savez (ainsi commença Théodore) que je passai tout l’été dernier à B.... Le grand nombre d’anciens amis et de connaissances que j’y rencontrai, la vie libre et animée de cette capitale, les agréments variés qu’y offre la culture des sciences et des arts, tout cela me captiva ; jamais je n’avais été plus gai, et je m’abandonnai avec délices à mon goût passionné pour les flâneries solitaires, me délectant à examiner chaque gravure, chaque affiche, ou à observer les individus que je rencontrais, et même à tirer en imagination l’horoscope de quelques-uns. D’ailleurs, le spectacle des nombreux et magnifiques édifices de B.... et celui des merveilleux produits de l’art et du luxe auraient suffi pour donner à mes promenades un attrait irrésistible.

L’avenue bordée d’hôtels somptueux qui conduit à la porte de —— est le rendez-vous habituel des gens du grand monde, à qui leur position ou leur fortune permet d’user largement des jouissances de la vie. Le rez-de-chaussée de ces riches et vastes palais est généralement affecté à des magasins où sont exposées les marchandises de luxe, et les étages supérieurs sont habités par des personnes de la plus haute condition. C’est dans cette rue que sont situés aussi les hôtels publics les plus distingués, et la plupart des ambassadeurs étrangers y ont leur résidence. Vous pouvez donc vous figurer ce lieu comme le théâtre perpétuel d’un mouvement et d’une vie extraordinaires qu’on ne retrouve point dans les autres quartiers de la capitale ; de même que l’aspect de celui-ci donnerait une idée exagérée de la population commune ; car l’affluence générale fait que maintes personnes se contentent en cet endroit d’un logement exigu relativement à leurs besoins réels ; ce qui donne à plusieurs maisons occupées par un grand nombre de familles l’aspect de véritables ruches d’abeilles.
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Maintenant, bien aimé lecteur, je pourrais bien à propos terminer là mon récit […] tes exigences ne vont pas sans doute jusqu’à vouloir savoir quelle était la parure de la mariée, ni combien d’enfants l’heureux couple a procréés jusqu’à ce jour.
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Alors Érasme, dans le délire de son désespoir d'amour, s'écria : "Faut-il donc que je te quitte ? S'il faut que je parte, que mon reflet reste en ta possession à jamais et pour l'éternité !" À peine eut-il prononcé cette imprécation que Giulietta couvrit ses lèvres de baisers brûlants ; puis elle se retourna et tendit avec ivresse les bras vers le miroir... Érasme vit son image avancer, indépendant des mouvements de son corps, il la vit glisser entre les bras de Giulietta, et disparaître avec elle...
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Dans mon imagination enfantine, je devinai que ma mère ne me niait l'existence de l'homme au sable que pour ne pas nous effrayer. [La mère du narrateur vient de lui révéler que l'homme au sable n'est qu'une façon de parler].
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Que sont nos efforts et nos élans vers l’infini ? Rien d’autre que les mouvements inconscients et maladroits du nourrisson qui meurtrit le sein de sa bonne nourrice.
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Videos de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
VLEEL 215 Rencontre littéraire autour d'E.T.A Hoffmann, Éditions du Typhon, Lecture Laurent Stocker
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
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