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Jean-Maurice Monnoyer (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070375660
544 pages
Gallimard (25/05/1984)
3.88/5   29 notes
Résumé :
" Monsieur de Senancour vécu en homme de conscience et de vertu; il n'a pas eu la gloire,
il a eu des amis, il a eu des admirateurs secrets, épars, mais religieux à leur manière et passionnés; il a sa postérité secrète qui lui sera fidèle ".
Sainte-Beuve ne se trompait pas en prévoyant la destinée d'Oberman, ce chef-d'œuvre du pré-romantisme, certes longue et envoûtante confidence du désenchantement, mais aussi, par un juste retour de l'art, livre néce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un jeune homme en proie au spleen des jeunes années s'analyse, réfléchis en penseur nourri de l'idéologie chère à Rousseau. Constamment déçu dans sa recherche d'une certaine permanence, d'une stabilité, d'une constance dans une vie qui est partout changement, mouvement, mutation, cet homme sensitif, blessé par le temps qui passe, profondément seul malgré cette relation épistolaire, face à ses interrogations, ses doutes, ses déceptions, mais toujours assoiffé de vérité et rejetant les vains sophismes, cet homme dis-je, est de plus, handicapé par une volition trop faible. Mais l'homme évolue, et les années sauront atténuer par les consolations du renoncement l'impossible et destructrice quête de l'absolu.

Ce roman épistolaire dont on regrettera l'absence d'une réelle dialectique, d'un correspondant qui aurait donné rythme et relief au texte, n'est pas dénué d'intérêt pour autant. C'est d'abord une oeuvre protoromantique qui annonce un mouvement des arts qui marquera le XIXème siècle. L'intrigue est pour ainsi dire inexistante, mais le texte tire sa valeur d'un riche contenu philosophique illustré par un style d'une sobre élégance, d'une pondération éloignée des outrances du romantisme flamboyant. La beauté, le bonheur, la place des richesses dans ce dernier, celle de l'homme dans la nature, le droit de disposer de sa vie et d'y mettre un terme, la vrai vertu qui n'est pas celle des dévots, conditionnée et mesquine, la théorie des nombres comme fondement de la morale sont des éléments d'une liste non exhaustive de sujets traités. A ce titre on peut qualifier ce texte de parfait manuel de l'honnête homme. Senancour ne craint pas d'argumenter en employant l'humour et la démonstration par l'absurde. Enfin Oberman est un hommage à la pureté des sommets alpestres de la Suisse, à la nature dans son imposante majesté, dans sa bienveillante simplicité, dans ce qu'elle peut nous permettre de supporter et relativiser les tristes contingences de notre humaine condition.
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Wooouuhouu j'ai enfin fini ! Un livre qui a tellement de contextualisation préalables, d'ajouts, de notes, de notes sur des introductions de notes d'introduction, de chronologie, biographie, etc, que C'EST TROP LOURD !! Ce livre tel qu'il est, dans cette version, est TROP LOURD. Il empêche le texte de ressortir, et je n'ai pas pu l'apprécier à sa juste valeur, tant j'étais écoeuré.
Alors, que j'y vois pourtant un fond excellent : des descriptions assez uniques des paysages suisses et autres, des considérations assez uniques sur la solitude, l'ennui, la vie sans goût (ou la vie avec goût)... Avec une écriture brillante de cet auteur né à la fin du 18e et qui est une sorte de pré-romantique. Ce personnage d'oberman(n), comparé à Werther ou à René (de Chateaubriand) est une expérience fort intéressante. Oui, ça c'est ce qu'on peut y voir. MAIS TROP DE CONTEXTE TUE LE TEXTE !!! Ou ne s'adresse alors plus qu'aux exégètes, philologues ou méga fans de Senancour.
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Une lecture qui fut pour moi éprouvante. Les sentiments, les impressions, et même jusqu'aux habitudes de l'auteur ne me sont que trop connus. C'est, cela étant, la seule oeuvre que j'ai lu jusqu'ici, qui décrive aussi bien le désarroi d'une âme qui se cherche une utilité face à la conscience trop pressante du temps. L'auteur la trouve dans la simplicité, qu'il ne confond pas avec la misère, et la bienveillance envers autrui. Je suis d'accord avec lui. L'action la plus utile, c'est encore le bien qu'on donne. C'est la plus belle et la plus juste arme à dresser contre le néant et l'oubli des siècles à venir.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Si je n’ai point la paix du bonheur, il me faut l’activité d’une vie forte. Certes, je ne veux pas me traîner de degrés en degrés, prendre place dans la société, avoir des supérieurs avoués pour tels, afin d’avoir des inférieurs à mépriser. Rien n’est burlesque comme cette hiérarchie des mépris qui descend selon des proportions très-exactement nuancées, et embrasse tout l’État, depuis le prince soumis à Dieu seul, dit-il, jusqu’au plus pauvre décrotteur du faubourg, soumis à la femme qui le loge la nuit sur de la paille usée. Un maître d’hôtel n’ose marcher dans l’appartement de monsieur ; mais, dès qu’il s’est retourné vers la cuisine, le voilà qui règne. Vous prendriez pour le dernier des hommes le marmiton qui tremble sous lui ? Pas du tout : il commande durement à la femme pauvre qui vient emporter les ordures, et qui gagne quelques sous par sa protection. Le valet que l’on charge des commissions est homme de confiance ; il donne lui-même ses commissions au valet dont la figure moins heureuse est laissé aux gros ouvrages ; et le mendiant qui a su se mettre en vogue accable de tout son génie le mendiant qui n’a pas d’ulcère.
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Je me dis : La vie réelle de l’homme est en lui-même, celle qu’il reçoit du dehors n’est qu’accidentelle et subordonnée. Les choses agissent sur lui bien plus encore selon la situation où elles le trouvent que selon leur propre nature. Dans le cours d’une vie entière, perpétuellement modifié par elles, il peut devenir leur ouvrage. Mais dans cette succession toujours mobile, lui seul subsiste quoique altéré, tandis que les objets extérieurs relatifs à lui changent entièrement ; il en résulte que chacune de leurs impressions sur lui dépend bien plus, pour son bonheur ou son malheur, de l’état où elle le trouve que de la sensation qu’elle lui apporte et du changement présent qu’elle fait en lui. Ainsi dans chaque moment particulier de sa vie, ce qui importe surtout à l’homme, c’est d’être ce qu’il doit être. Les dispositions favorables des choses viendront ensuite, c’est une utilité du second ordre pour chacun des moments présents.
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Sur les terres basses, c’est une nécessité que l’homme naturel soit sans cesse altéré, en respirant cette atmosphère sociale si épaisse, si orageuse, si pleine de fermentation, toujours ébranlée par le bruit des arts, le fracas des plaisirs ostensibles, les cris de la haine et les perpétuels gémissements de l’anxiété et des douleurs. Mais là, sur ces monts déserts, où le ciel est immense, où l’air est plus fixe, et les temps moins rapides, et la vie plus permanente ; là, la nature entière exprime éloquemment un ordre plus grand, une harmonie plus visible, un ensemble éternel. Là, l’homme retrouve sa forme altérable, mais indestructible ; il respire l’air sauvage loin des émanations sociales ; son être est à lui comme à l’univers : il vit d’une vie réelle dans l’unité sublime.
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Je suis seul; les forces de mon cœur ne sont point communiquées, elles réagissent dans lui, elles attendent: me voilà dans le monde, errant, solitaire au milieu de la foule qui ne m’est rien; comme l’homme frappé dès longtemps d’une surdité accidentelle, et dont l’œil avide se fixe sur tous ces êtres muets qui passent et s’agitent devant lui. Il voit tout, et tout lui est refusé; il devine les sons qu’il aime, il les cherche, et ne les entend pas; il souffre le silence de toutes choses au milieu du bruit du monde.
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Il y a une distance bien grande du vide de mon cœur à l’amour qu’il a tant désiré ; mais il y a l’infini entre ce que je suis et ce que j’ai besoin d’être. L’amour est immense, il n’est pas infini. Je ne veux point jouir ; je veux espérer, je voudrais savoir ! Il me faut des illusions sans bornes, qui s’éloignent pour me tromper toujours. Que m’importe ce qui peut finir ? L’heure qui arrivera dans soixante années est là prés de moi. Je n’aime point ce qui se prépare, s’approche, arrive, et n’est plus. Je veux un bien, un rêve, une espérance enfin qui soit toujours devant moi, au delà de moi, plus grande que mon attente elle-même, plus grande que ce qui passe.
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