Au coeur d'une ville, deux cités ennemies. Au coeur d'un coup de foudre, deux clans opposés. Lorsqu'une guerre de quartier éclate, la violence ne choisit pas ses victimes et le Destin prend souvent un malin plaisir à rejouer inlassablement la tragédie des amants maudits…
En s'appropriant le mythe
Muriel Zürcher nous propose sa version très actuelle de Roméo et Juliette. Dans «
On ne sépare pas les morts d'amour », elle dépoussière le fond et la forme du classique shakespearien mais ne touche pas à l'essentiel et nous offre, en prime, une fin où les larmes ne sont plus aussi amères.
Le roman se déroule en alternance sur deux temporalités : le récit des derniers instants de Bakari et Erynn et le déroulement de l'audience en zone de transit, sorte d'antichambre de la mort où sera décidé si les amoureux passeront leur éternité ensemble et dans quelle sphère.
Bakari est un héros touchant, un de ceux qui refuse la fatalité intelligemment en veillant sur sa jeune fratrie et en agissant pour se sortir du carcan handicapant d'une cité malheureusement trop actuelle puisqu'elle est une véritable zone de non-droit.
Erynn, quant à elle, est une héroïne qui a du tempérament et déborde d'une sensibilité à fleur de peau.
Le fait qu'ils se livrent chacun leur tour sur le déroulement des évènements nous plonge en plein coeur de l'action et l'autrice maîtrise à la fois le rythme et la montée d'angoisse du récit. Cette narration nous permet aussi d'appréhender le caractère de chaque protagoniste, d'être au plus près de ses pensées et de ses actions.
Les passages concernant la zone de transit, en revanche, m'ont beaucoup moins convaincue quand ils ne m'ont carrément pas barbée. L'auteur a tenté d'y glisser de la légèreté voire de l'humour, sûrement pour équilibrer les récits violents des deux amoureux mais j'aurais préféré plus de neutralité de la part des écoutanges. Là, ils donnent l'impression de participer à une sorte de jeu télévisé ou de s'amuser à pasticher un procès.
Pour autant, «
On ne sépare pas les morts d'amour » plaira au plus grand nombre parce que l'écriture est vivante et qu'elle permet de lier l'un des thèmes les plus vieux de la littérature à un contexte social encore bien trop actuel.
Je tiens à remercier les éditions
Didier Jeunesse (#Onneséparepaslesmortsdamour) via Netgalley (#NetGalleyFrance) pour cette découverte.