Légaliser l'euthanasie est une question de liberté et de choix. Il faut accompagner pour mieux mourir.
- Ouais, glauque, ouais... T'as raison, j'suis qu'une cinglée. Tu sais pourquoi ? Parce que depuis dix ans, je passe mes journées à m'occuper d'eux. Je les soigne, je les nourris, je les lave, je les fais rire, je les prends dans mes bras... Et puis d'un coup, ils partent. Les familles viennent, tous me disent merci et puis... voilà. C'est fini. Le lendemain, un autre arrive. Et ça sera pareil. On recommence. J'ai 33 ans et j'ai vu des centaines de cadavres de gens que j'ai aimés. Personne, absolument personne, ne nous demande comment on va, nous.
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DEPUIS DIX ANS, JE PASSE MES JOURNÉES À M'OCCUPER D'EUX. JE LES SOIGNE, JE LES NOURRIS, JE LES LAVE, JE LES FAIS RIRE, JE LES PRENDS DANS MES BRAS.. ET PUIS D'UN COUP, ILS PARTENT. LES FAMILLES VIENNENT, TOUS ME DISENT MERCI ET PUIS... VOLÀ. C'EST FINL.
Vous n'avez pas le droit de réécrire notre histoire.
(page 111)
Beaucoup de gens ici ne vivent que dans leurs souvenirs passés... d'autres les oublient... et d'autres encore s'en inventent...
Estelle, on est les dernières personnes qu'ils vont voir avant de mourir. Quand ils entrent ici, ils le savent bien. C'est facile de se dire qu'on sera leur famille, leur nounou, leur amie ... Mais c'est faux. Nous, on n'est rien d'autre que celles qui leur rappellent tous les matins en leur servant leur café qu'ils sont à la fin de leur vie.
(page 145)
« Sa "lubie", c’est sa réalité. Je crois qu’au fond, ça n’a que peu d’importance de savoir d’où elle tire tout ça. Un souvenir, une image, un livre… C’était peut-être aussi un jeu ou un rêve, avec lequel elle a vécu toute sa vie. Elle s’est permis de le rendre réel… Pour elle, maintenant, c’est nous qui délirons. Peut-être qu’elle ne veut plus se souvenir. Je ne veux pas la forcer, personne ne peut. Beaucoup de gens ici ne vivent que dans leurs souvenirs passés… D’autres oublient… Et d’autres encore s’en inventent… il est là, je crois, mon travail d’infirmière. Reconnaître si c’est la vérité ou si c’est l’illusion qui fait mal… Et faire en sorte de les soulager.
J'ai 33 ans et j'ai vu des centaines de cadavres de gens que j'ai aimés. Personne, absolument personne ne nous demande comment on va, nous.
Estelle, on est les dernières personnes qu'ils vont voir avant de mourir quand ils entrent ici. Ils le savent bien. C'est facile de se dire qu'on sera leur famille, leur nounou, leur amie... Mais c'est faux. Nous, on n'est rien d'autre que celles qui leur rappellent tous les matins en leur servant leur café, qu'ils sont à la fin de leur vie. p.145
Estelle, on est les dernières personnes qu'ils vont voir avant de mourir. Quand ils entrent ici, ils le savent bien. C'est facile de se dire qu'on sera leur famille, leur nounou, leur amie... mais c'est faux. Nous on n'est rien d'autre que celles qui leur rappellent tous les matins en leur servant leur café qu'ils sont à la fin de leur vie.