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EAN : 9782228924481
203 pages
Payot Graphic (01/09/2019)
4.1/5   231 notes
Résumé :
Lucie dort un couteau à la main. La crainte l’habite, les hommes l’effraient, la méfiance la gagne jusqu’à son fils. Tamara, elle, se bat, se débat : pour ne plus être victime, elle s'oublie dans tous les excès. Quant à Nicole, c’est l’isolement. Elle s’efface, disparaît pour ne plus être visée. Les trois ont été victimes de violences sexuelles. En réaction, elles s’inscrivent dans un atelier d’escrime thérapeutique. Un programme d’un an pour se libérer et reprendre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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Des femmes, écorchées de la vie, femmes battues ou violées, se rencontrent dans un atelier d'escrime thérapeutique.

Quentin Zuttion qui aime les sujets à fleur de peau, délicats, fragiles, nous offre une histoire touchante, grave et positive malgré la dureté du sujet. Son graphisme et tout en sensibilité, au pinceau, aquarelles brutes, la peinture est juste posée sur le papier, elle semble le caresser, parfois même l'effleurer, surtout pour les scènes d'escrime ou le blanc domine, et le sabre vient découper le blanc, rapide et net, seules les postures sont mises en avant, les décors s'estompent. Au contraire, pour les souvenirs ou les moments de doute, la couleur devient sombre et lourde, elle envahit les vignettes pour raconter les angoisses et les peurs.

On suit alors le destin de trois de ces femmes, l'atelier porte ses fruits, elles se découvrent, c'est parfois douloureux. le propos est juste, les personnages sont très touchants, l'histoire est bouleversante et ne tombe jamais dans le pathos balourd, on reste toujours dans la sensibilité, la démonstration n'est jamais frontale, une visite au parc, une scène à la piscine, un jeu d'épervier dans l'atelier, des petits morceaux de vie qui assemblés dévoilent une grande histoire de reconstruction.

Touché !
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Je suis bien placée pour confirmer que l'activité physique et le sport peuvent être d'aussi bonnes thérapies que d'autres plus conventionnelles, si on les conjugue ensemble. Dans ce roman, un petit groupe de femmes ayant été victimes de violences s'essaient à l'escrime thérapeutique. Bien protégées par leur armure, le visage caché, elles peuvent frapper tant qu'elles veulent, apprendre à se défendre et à attaquer, reprendre confiance, libérer leur corps. le tout, suivi par une thérapeute spécialiste des violences conjugales qui prend le relais quand c'est nécessaire.
L'auteur a choisi de suivre trois de ses femmes dans leur vie quotidienne et pendant les séances d'escrime qui s'étalent sur un an. La première, séparée de son mari et seule avec son fils, ne se couche plus sans couteau de cuisine. La deuxième a besoin de sensations fortes pour se sentir vivre, que ce soit sexuellement ou par la prise de substances. Elle semble vouloir aller au devant des dangers avant qu'ils ne la prennent par surprise, son petit copain ne la comprend pas. La troisième enfin, est célibataire et vit avec sa chienne. Elle est inhibée, asociale, porte des t-shirts larges. L'auteur a su illustrer de manière magnifique sa transformation radicale quand enfin, lors d'un combat d'escrime, son armure se fissure, tombe et la laisse nue, belle et invincible: une très belle image!
J'avis déjà lu Je m'appelle Nathan, que Quentin Zuttion avait illustré. Là encore, c'est tout en délicatesse, c'est fort et sensible, très empathique. Je suis admirative de ces femmes mais aussi de toutes ces personnes qui mettent en place ces thérapies en parallèle qui redonnent des armes ou des outils pour se rétablir.
Une très belle découverte.
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C'est l'histoire de trois jeunes femmes victimes de violences conjugales ou de violences sexuelles. Toutes trois ont vu leurs vies bouleversées. Un programme thérapeutique leur a été proposé à travers la pratique de l'escrime avec un maître d'armes et une psychologue pour les accompagner.

Ce sont trois femmes brisées, qui traversent la vie avec des peurs, des angoisses, des colères, des rancoeurs. Trois femmes qui ne se voient pas d'avenir. Toutes les trois ont accepté le programme proposé et se retrouvent avec d'autres femmes. Elles vont apprendre à croiser le fer, à attaquer, piquer, feinter. Pour combattre, elles revêtent les plastrons et les masques qui les transforment en chevalières. On ne voit plus qui elles sont, elles ne voient pas qui elles attaquent.

Lucie a subi des violences conjugales de la part du père de son enfant. Elle en peut plus dormir qu'avec un couteau sous l'oreiller. On découvrira que Tamara, la rebelle, a été abusé par son frère quand elle était mineure. Nicole choisit de s'effacer, de disparaître pour ne pas avoir à affronter les autres.

Ces trois femmes ont reçu peu ou pas d'aide de leurs familles. Alors qu'elles attendaient du soutien ou au mois de la compréhension, elles se heurtent à des remarques déplacées comme "Pourquoi tu as accepté cela aussi longtemps" ou " Je me suis séparée de mon fils", autant de phrases qui laissent les victimes s'interroger sur l'amour que leur portent leurs pères ou leurs mères.

Grâce à l'escrime, elles vont apprendre à se connaître mais elles vont aussi renaître. Lucie, Tamara et Nicole vont devenir amies, ses soutenir, se comprendre mais aussi être capable, non d'oublier, mais de passer à autre chose, pour se reconstruire. leur haine va devenir leur force.

J'ai apprécie le scénario proposé par Quentin Zuttion et l'organisation de son récit. Les histoires sont imbriquées les unes aux autres et il y a parfois des flash backs que l'on repère au changement de couleurs. J'ai aimé le graphisme simple, épuré avec des couleurs délavées. J'ai surtout adoré les scènes d'escrime et la variété des plans proposés. On voit dans le trait les couleurs l'évolution des trois héroïnes, jusqu'à la fin où l'une se transforme comme dans un manga pour devenir une sorte de mante religieuse.

Belle BD écrite et dessinée par un homme qui met son talent au service de la causes des femmes victimes de violences. Il y met de la poésie et de la sensibilité pour estomper la violence de certaines situations.

Quentin Zuttion, Lucie, Tamara et Nicole m'ont beaucoup touché et ému.



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Le jeu de mots est facile. Cette BD traitant de la reconstruction après avoir subi des violences conjugales ou sexuelles atteint son but et on ne peut s'empêcher d'être touché par la détresse et le mal être de Lucie, Tamara et Nicole.
Un coup de fleuret qui laisse mal à l'aise. Mais l'auteur , tout en délicatesse, effleure ces vies écorchées et laisse entrevoir un espoir de guérison où l'amitié jouera un très beau rôle.
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Les chemins vers les livres sont parfois bien inattendus ! N'étant pas particulièrement attirée par les BD, et parfois un peu lasse de l'escrime qui fait trop partie de ma vie à mon goût (mon mari étant tout à la fois maître d'armes et président de son club), je n'aurais jamais imaginé le lire. Mais voilà : une élève de mon mari, devenue notre amie au fil des années, a fait connaissance avec une dame impliquée dans l'escrime thérapeutique en France, qui s'attache désormais à diffuser le concept en Belgique. La politique des sports de mon pays étant aux antipodes d'une fierté nationale comme ça semble être le cas en France, j'ai un doute qu'un tel projet aboutisse jamais, si ce n'est à un niveau très local et sans aucune reconnaissance officielle (ce qui veut dire aussi : sans aucun moyen quel qu'il soit !). Quoi qu'il en soit, mon mari s'est montré intéressé et a donc rencontré cette dame et est désormais inscrit à une formation qui aura lieu dans quelque temps… en France. Cette dame lui a notamment parlé du film « Touchées », et l'a encouragé à le regarder pour avoir une idée de ce dont il s'agit.
Et puis voilà : Internet étant ce que c'est (vous savez, big brother etc.), au hasard de mes navigations sur la toile, je suis tombée tout à fait par hasard sur la BD du même nom… et ai bien sûr aussitôt décidé de l'offrir à mon cher et tendre ! À son tour, il m'a encouragée à le lire : comment refuser ?

Dans ce contexte, et sachant que mon homme m'avait déjà raconté les choses dans les grandes lignes, je suis assez incapable de dire si l'histoire est réellement compréhensible à travers la BD seule, car en réalité elle m'a semblé assez décousue par moments : on passe de l'histoire d'une des trois « héroïnes » à l'autre parfois sans réelle transition, on mêle leur présent sur ce chemin thérapeutique à des bribes plus ou moins importantes de leur passé, également avec peu de transitions, mais un jeu de couleurs qui m'a semblé faire le job – même si, j'avoue, j'ai parfois dû me référer au synopsis pour réellement comprendre de quoi il s'agissait, notamment dans les passages mettant en scène Tamara – peut-être parce qu'elle est une personnage carrément exubérante, et qu'on ne s'attend pas à un comportement de ce type-là chez quelqu'un qui a vécu des violences sexuelles, ce qui est évidemment un a priori non fondé. On rencontre ainsi Lucie, Tamara et Nicole, trois femmes qui ont vécu des violences sexuelles (évidemment très graves) qui ne sont dévoilées que peu à peu dans le livre : si on décrypte assez vite la violence au sein d'un couple, on est beaucoup plus surpris des viols répétés vécus par une petite fille puis jeune ado ! par son propre frère, majeur ; ou la violence apparemment anodine vécue par une lycéenne, mais tellement inacceptable qu'elle en est restée marquée des années plus tard et ne parvient pas à s'en sortir.

J'ai un peu regretté que le livre ne dise pas comment elles sont arrivées à s'inscrire tout à coup à ce cours d'escrime thérapeutique… mais c'est un détail, car l'important est de les suivre tout au long d'une année, dans leur découverte de cette discipline sportive – et exclusivement au sabre, seule arme d'estoc et de taille de l'escrime sportive actuelle (on peut toucher de la pointe ou du tranchant de l'arme, le tout en étant protégé bien entendu !) et qui demande/permet une grande explosivité.
Tout cela étant dit, il n'est pas nécessaire de connaître l'escrime pour apprécier ce livre, je pense ! Il y a certes des passages entiers consacrés à ce sport (et c'est normal puisque ça fait partie du sujet), mais ce n'est jamais rébarbatif m'a-t-il semblé. Il suffit de savoir que ce sport se pratique en étant entièrement protégé (en blanc !) et masqué (ce n'est pas anodin) ; et donc ce choix du sabre, qui est clairement présenté, comme arme la plus « rapide et instinctive ». Et surtout, on s'attache terriblement à nos trois protagonistes, dans un mélange d'empathie (et de soulagement de ne pas avoir vécu de telles choses soi-même !), d'incompréhension parfois, et peu à peu de véritable compassion mêlée de joie quand peu à peu elles reprennent confiance en elles. On aime les accompagner sur ce chemin où elles s'apprivoisent d'abord, se rapprochent peu à peu sans forcément parler de ce qui fait mal mais apprennent à s'apprécier telles qu'elles sont à ce moment de leur vie. Tout cela les amène aussi à « revivre » ces moments douloureux, avec l'aide du maître d'armes qui est spécifiquement formé à cette discipline particulière de l'escrime, et d'une psychologue, également escrimeuse, qui est toujours disponible et dont la présence aux séances est tout aussi obligatoire que la formation du moniteur. Mais peu à peu, ces femmes vont s'avérer capables d'affronter leur propre vie – que ce soit en osant faire front à leurs parents toujours « bienveillants » (et sans doute bien démunis) mais qui les ont pourtant enfoncées, ou en allant enfin porter plainte, par exemple.

Avec tout ça, il y a évidemment des moments très durs (peut-être encore davantage parce qu'ils ne sont jamais « que » suggérés), d'autres extrêmement touchants, et puis ces quelques moments du quotidien qu'on dirait presque que « tout va bien » pour ces femmes… mais paf aussitôt un petit détail (une visite de la maman de Lucie par exemple, venue garder son petit-fils) replonge le lecteur au coeur de ce sujet terrible.
Mon mari a trouvé le dessin très sombre – pour ma part, je l'ai trouvé tout à fait adapté à son sujet, avec effectivement des planches qui jouent sur le registre des gris foncés, des bleus grisés également foncés ou des sépias orangés à la limite du flippant ! mais d'autres passages sont beaucoup plus lumineux, et notamment chacune des séances d'escrime, justement ! Je ne suis pas ultra-fan du dessin même (mais je suis vraiment très, très, très difficile à ce sujet), mais indéniablement tout se joue sur les expressions : elles sont réellement ciselées, que ce soit sur les visages ou dans les gestes (notamment dans l'un ou l'autre assaut – j'ai adoré par exemple la « libération » de Nicole !) ; ce sont comme des photos saisies sur le vif, très parlantes. J'ai aussi apprécié le fait qu'aucune des cases de la BD ne soit jamais « encadrée », ce qui rend l'histoire très ouverte et participe à l'idée que ces femmes sont sur un véritable chemin de libération.

C'est donc un livre très expressif et parfois glaçant, mais pas informatif cependant, même si c'est une introduction très intéressante au sujet. Peut-être parce qu'il est plein d'espoir aussi, sur le chemin d'une réelle libération pour ces femmes qui ont vécu des violences sexuelles inacceptables, et qui, à travers ce sport qui leur permet autant de « se cacher » (notamment sous le masque) que d'exploser, vont peu à peu retrouver la confiance, réapprendre à s'aimer.
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critiques presse (1)
Bibliobs
25 septembre 2019
Après « Appelez-moi Nathan » [...] le dessinateur et auteur Quentin Zuttion poursuit dans « Touchées » (Payot) des thèmes qui lui sont chers : « les corps » et « les quêtes identitaires ». Toujours avec beaucoup de délicatesse. Par le trou de la serrure, il nous immerge dans les vies cabossées de celles qui tentent tant bien que mal, et souvent avec beaucoup d’humour, de vivoter.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je ne veux pas être forte, je ne veux pas être courageuse, je veux retrouver ma légèreté.
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Déchargez la colère, transpercez la culpabilité, tuez la honte. Libérez-vous.

[p29]
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Sous le masque, vous devenez toutes anonymes.
Vous ne vous reconnaîtrez plus, votre adversaire peut prendre les traits de la personne que vous voulez.
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En escrime, la mauvaise foi disparaît dès qu'on a l'avantage.
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L'escrime est un sport de combat.
Les adversaires, masqués et armés, ont un seul but : toucher sans être touché.
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Videos de Quentin Zuttion (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Quentin Zuttion
Quention Zuttion en interview pour planetebd com
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