— Elle pourrait grimper jusqu’à la lune si je l’arrosais tous les jours, mais je n’arrive plus à pleurer, tonton Crapurlu dit que c’est parce que j’ai tari la source de mon liquide lacrymal*.
Titaupe ne dit rien, cette drôle de Rainette brusquement sortie de nulle part l’intimide. « C’est quoi ce liquide lacrymal ? » il est si impressionné qu’il reste bouche bée*.
— À toi je peux le dire puisque tu m’as donné tes larmes, dit-elle en tassant la terre tout autour de sa plante. Cette graine est magique. Tonton Crapurlu l’a trouvée dans le trou d’une météorite, là-bas… Elle lui montre la direction du Vaste continent.
En traînant ses pattes dehors Titaupe découvre les ravages de Bourrasque et Pluviote, le paysage de l’île est sens dessus dessous. Des branchettes jonchent le sol un peu partout, de grands arbres déracinés se sont écroulés sur le sentier, certains laissent pendre leur ramée, tordue ou étrangement pliée. Il y a d’immenses flaques d’eau tout le long du chemin qui n’est plus un chemin, mais plutôt un long sillon de gadoue.
J’ai rencontré une rainette
Qui s’appelait petite-verte
Drôle de nom pour une grenouille !
Elle avait une jolie bouille
Et une ravissante jupette
Qu’elle portait comme une fillette.