Citations sur Histoire d'une âme (35)
Au lieu de me faire du mal, de me porter à la vanité, les dons que le Bon Dieu m'a prodigués (sans que je les lui demande) me portent vers Lui, je vois que Lui seul est immuable, que Lui seul peut remplir mes immenses désirs.
O ma Mère chérie ! quelle est douce la voie de l'amour. Sans doute, on peut bien tomber, on peut commettre des infidélités, mais l'amour sachant tirer profit de tout, a bien vite consumé tout ce qui peut déplaire à Jésus, ne laissant qu'une humble et profonde paix au fond du cœur...
L'amour est si puissant en œuvres qu'il sait tirer profit de tout, du bien et du mal qu'il trouve en moi.
Deux mois avant sa mort, Thérèse relisait, à la demande de Mère Agnès de Jésus, quelques pages de ses souvenirs d'enfance. Les larmes aux yeux, elle s'interrompt soudain : "Ce que je relis dans ce cahier, c'est si bien mon âme ! ... Ma Mère, ces pages feront beaucoup de bien. On connaîtra mieux ensuite la douceur du bon Dieu..." C'est à cette expérience de la tendresse divine qu'est convié chacun des lecteurs de l'Histoire d'une Âme.
Elle veut tout, parce qu'elle ne veut rien et elle ne veut rien, parce qu'elle veut tout. Sa docilité est active, et son indifférence amoureuse. Elle n'est à Dieu qu'un oui vivant.
Un Savant a dit: «Donnez-moi un levier, un point d'appui, et je soulèverai le monde. » Ce qu'Archimède n'a pu obtenir, parce que sa demande ne s'adressait point à Dieu et qu'elle n'était faite qu'au point de vue matériel, les Saints l'ont obtenu dans toute sa plénitude. Le Tout-Puissant leur a donné pour point d'appui: lui-même et lui seul. Pour levier: l'oraison, qui embrase d'un feu d'amour. Et c'est ainsi qu'ils ont soulevé le monde, c'est ainsi que les saints encore militants le soulèvent et que jusqu'à la fin du monde les Saints à venir le soulèveront aussi.
Parfois je me sentais seule, bien seule; comme aux jours de ma vie de pensionnaire, alors que je me promenais triste et malade dans la grande cour, je répétais ces paroles qui toujours faisaient renaître la paix et la force en mon coeur:
«La vie est ton navire et non pas ta demeure'!... »
Toute petite, ces paroles me rendaient le courage; maintenant encore, malgré les années qui font disparaître tant d'impressions de piété enfantine, l'image du navire charme encore mon âme et l'aide à supporter l'exil.
J'ai compris encore que l'amour de Notre-Seigneur se révèle aussi bien dans l'âme la plus simple qui ne résiste en rien à sa grâce que dans l'âme la plus sublime ; en effet le propre de l'amour étant de s'abaisser, [...] en descendant ainsi le Bon Dieu montre sa grandeur infinie. De même que le soleil éclaire en même temps les cèdres et chaque petite fleur comme si elle était seule sur la terre, de même Notre-Seigneur s'occupe aussi particulièrement de chaque âme comme si elle n'avait pas de semblables ; et comme dans la nature toutes les saisons sont arrangées de manière à faire éclore au jour marqué la plus humble pâquerette, de même tout correspond au bien de chaque âme.
Moi je sais que nul n’est bon juge dans sa propre cause et qu’un enfant auquel un médecin fait subir une douloureuse opération ne manquera pas de jeter les hauts cris et de dire que le remède est pire que le mal ; cependant, s’il se trouve guéri peu de jours après, il est tout heureux de pouvoir jouer et courir. Il est en est de même pour les âmes : bientôt elles reconnaissent qu’un peu d’amertume est parfois préférable au sucre et ne craignent pas de l’avouer.
J’ai vu tout d’abord que toutes les âmes ont à peu près le même combat, mais qu’elles sont si différentes d’un autre côté que je n’ai pas de peine à comprendre ce que disait le Père Pichon : « Il y a bien plus de différence entre les âmes qu’il n’y en a entre les visages. »