Il y a quelques semaines, j'ai eu un petit creux livresque : rien ne me faisait vraiment envie. J'ai donc décidé de sortir un peu les vieilleries qui traînent dans ma liseuse et c'est comme ça que je me suis retrouvée avec
La Forme de l'Eau écrit par
Daniel Kraus et
Guillermo del Toro… et grand bien m'en a pris.
Vous êtes sûrement nombreux.ses à avoir vu le film mais je dois avouer que mes lacunes cinématographiques sont infinies… mais vu l'effet que m'a fait ce roman, le film suivra très bientôt.
Si l'histoire d'amour entre une jeune femme effacée et une créature marine des temps anciens peut sembler, à priori, « bête à pleurer », c'est sans compter sur la plume magnifique de
Daniel Kraus. En mêlant habilement les différents points de vue, il parvient à tisser une fable qui prend aux tripes. Les personnages sont humains, avec leurs vices et leurs faiblesses mais aussi leur héroïsme du quotidien. Ils sont, pour moi, le point fort de ce roman ! le fait de partager leurs pensées intimes nous permet de les comprendre, qu'importe leurs atrocités.
Je ne pense pas qu'on puisse vraiment parler de rythme dans ce roman puisqu'il y a peu de moments où il se passe réellement quelque chose. Toutefois, j'ai été transportée par le mouvement, l'enchaînement de ces petites scènes qui n'ont l'air de rien mais qui ajoutées les unes aux autres se complètent et s'amplifient. C'est vraiment quelque chose qui m'a énormément plu.
Et ce style ! J'ai été touchée, vraiment, par les mots. C'est comme si chaque lettre était parfaitement calibrée pour rendre une émotion brute et ça a parfaitement fonctionné avec moi.
Mais je peux comprendre que ce n'est pas un roman qui peut être mis dans toutes les mains, c'est assez particulier : à la fois poétique et dégueulasse, merveilleux et horrible !
Ce livre m'a pris aux tripes plus d'une fois… Il fait partie de ceux que l'on referme mais qui continuent de nous hanter, qui continuent de nous toucher. Cette histoire d'amour est avant tout une histoire des minorités, un éloge à la différence, une ode à la force d'âme de ceux qui sont brisés par la vie.