Une chanson de Christian-Louis Eclimont & Didier Marouani
Découvrez Si Paris m'étais chanté, un livre qui retrace de 1920 à nos jours, du 78 tours au MP3, une histoire de Paris en chansons, par ses rues et ses lieux illustres ? et, par extension, une histoire de la chanson française, une grande majorité de ces chansons ayant été des standards.
Pigalle, par exemple, a inspiré pas moins 30 chansons renommées.
D'Aristide Bruant à Yves Montand, de Serge Reggiani à Vincent Delerm, de Juliette Gréco à Etienne Daho, des Halles aux Champs-Elysées, de Notre-Dame à la rue des Martyrs...
Pour chaque chanson, une histoire du lieu, de la rue et une histoire de la chanson ? auteur, compositeur, interprète.
Arrangements Jeff Parent
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Il y a des silences qui en disent long comme des paroles qui ne signifient rien.
Edith Piaf
" Vaste chantier interrompu, cette chanson française que nous aurons à coeur de décortiquer de l'intérieur témoigne d'une rare indépendance dans l'expression de ses sources diverses, faubouriennes, poétiques, de Prévert à Aragon, anglo saxonnes, rythmiques, puisées d'Amérique, de partout aux racines tentaculaires, et tout ce métissage fit d'excellentes chansons...françaises!
- Comme le royaume, la capitale sent le pourri. Tout y est ragots et mensonges, vérités déguisées et sermons confits ! Sur cette décomposition germera le monde de demain. A pleins poumons, respirons cette odeur infâme, elle est la promesse d'un avenir à inventer. Foutre, c'est sur le fumier que poussent les plus belles fleurs, non ?
Le 2 janvier 1961, le Tout-Paris s'impatiente devant le rideau rouge. Aux premiers rangs sont assis Michèle Morgan, Danielle Darrieux, Gloria Lasso, Dalida, Marlène Dietrich, Paul Newman, Louis Amstrong, Duke Ellington, Claude Chabrol, Roger Vadim, Jean-Paul Belmondo, Jean-Claude Brialy, Jean-Michel Aumont, Jean Marais, Philippe Clay, Romy Schneider et Alain Delon. Des télégrammes affluent du monde entier, expédiés par John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev, les deux chefs d’État américain et soviétique ! L'ambassadeur d'URSS se tient aussi dans la salle, avec pour mission de lui proposer une tournée de l'autre côté du Rideau de fer. (…) A l'entame de « Non, je ne regrette rien », au final, pour une insurrection en vivats, la salle se soulève. Par cette chanson-testament, in situ, Piaf poignarde son public au cœur. Le spectacle s'achève en apothéose.
En France, à Orly, au pied de l'avion qui atterrit avec une heure d'avance poussé par des vents d'ouest portants, c'est la cohue des grands jours, cameramans et photographes au coude à coude pour immortaliser le retour des deux intrépides. Dès l’ouverture de la porte, les flashs crépitent. Piaf apparaît radieuse aux côtés de Cerdan, non moins lumineux, tandis que dans leur ombre se dessine la silhouette de Jean-Louis Jaubert réduit à une figuration, et qui jette l'éponge en direct. Désormais, sans être trop perspicace, chacun peut deviner que Piaf et Cerdan partagent une histoire. Pourtant, rien n'est officiel. En haut de la passerelle, à cette seconde, ils forment une espèce de drapeau vivant de la France victorieuse.
L'errance qui perdure la mène partout en France : dans le Nord, en Isère, à Bernay... Lorsqu'elle fugue, lasse des belles-mères épisodiques, que son père appâte souvent via des annonces professionnelles avant de les attirer dans son lit. Malgré cette précarité, sous sa rudesse, Louis Gassion persiste à aimer sa fille, même s'il calcule ses attentions sur deux doigts. Puisqu'en effet, plus tard, elle confessera qu'il l'a embrassée une première fois, vers ses dix ans, tandis qu'elle était souffrante avant une attraction dans un petit cinéma, au Havre, et une seconde, lorsqu'elle accoucha de sa fille, Marcelle, à l'hôpital Tenon.
Deux roues, un guidon relié à une fourche pour une direction mobile inventée par le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn au XVIIIè siècle - la draisienne -; des pédales conçues par des Français, les frères Michaux, au XIXè; une chaîne à maillons imaginée par le Florentin Léonard de Vinci au XVè; la bicyclette - le vélo -, en ce début du XXè siècle, apparaît comme le résultat d'une addition de recherches qui auront aidé l'homme à conquérir sa liberté.
Exit l'aventure personnelle, périlleuse : la course a muté en une compétition moderne, collective, scrutée par les médias naissants, où, à bien considérer les marques inscrites dans la caravane, une manière de communication s'est installée. Puissance publicitaire, le Tour en est également une politique, ou presque, ainsi que les affrontements franco-italiens de 1950 l'ont illustré.
La tradition inhumaine du Tour et du cyclisme, en général, incitait les compétiteurs à user de potions toxiques, une pratique qu'entre eux ils se plaisaient à banaliser grâce à un lexique imagé qui pouvait prêter à rire : se charger, saler la soupe, prendre une lichette, avoir les carlingues en losange, etc. Par euphémisme, on parlait de "soins".
De longues heures, ils bavardent ensemble. A l'écoute, il recueille en la disséquant la fable existentielle de la Môme assaisonnée à sa sauce. Baratineuse, elle pressent l'impact de ses vérités brodées sur son confident. Elle force le trait, déplaçant les accents rudes ou émouvants là ou bon lui semble. Par sa bouche, la véracité se situe dans l'instant où elle l'expose, quitte à la chambouler, à une autre minute, plus encline aux assauts de charme qu'à l'exactitude. Si on vient à le lui reprocher, du tac au tac, elle rétorque : « Je ne mens pas, je m'embellis la vie. »