Vidéo de Southern et Hoffenberg
"Nous avons examiné le roman "Candy" comme demandé par votre lettre datée du 12 février 1965. En ce qui nous concerne, ce livre ne mérite pas de poursuites. Bien qu'il contienne des descriptions sexuelles et recoure à un langage grossier, ce roman est avant tout une parodie satirique des livres pornographiques qui de nos jours envahissent les kiosques. L'invitation à la concupiscence qu'il pourrait provoquer, comme son impact érotique, sont complètement dilués par l'absurdité totale et l'invraisemblance des situations décrites." Federal Bureau of Investigation, Bureau du Directeur, lettre au substitut du procureur datée du 23 Mars 1965.
La soirée se tenait en plein air sur un court de tennis que l'on avait recouvert d'un plancher, et ça balançait pas mal. La façon de danser des Blancs dans le Sud est toujours en avance sur le reste de l'Amérique blanche ; et généralement, ça ressemble beaucoup à ce qui se fait à Harlem, qui est invariablement le précurseur de ce qui va devenir à la mode dans tout le pays. C'est à cela que je pensais [...] : peut-être que tout ce qu'il restait de vertus, ou disons, de caractéristiques positives, aux Blancs du Sud - les chants traditionnels, le langage poétique, la simplicité et la chaleur occasionnelles des relations humaines - semblait provenir de la culture des gens de couleur.
- A moins, bien sûr, que vous n'ayez envie de goûter à "la douce de nègre".
- De la douce de nègre? Grand Dieu, oui, dis-je, me méprenant totalement, allons-y !
Il apparut bien vite, évidemment, que ce dont il parlait était ce whisky de maïs non vieilli, sans couleur, fabriqué artisanalement dans la région et aussi appelé "foudre blanche". Je commençai à rechigner, mais comme nous étions déjà au milieu du quartier noir, je me dis qu'il valait mieux aller jusqu'au bout. Pourquoi ne pas débuter ce séjour par une authentique expérience du Sud - la traditionnelle cruche de Whisky?
Le hash semblait avoir un effet bénéfique sur le jeu de Buddy. Il en eut un, en tout cas, sur l’écoute de Murray – chaque note et chaque nuance lui parvenaient directement, à travers les bruits de verre au bar et les conversations marmonnées tout autour, comme s’il avait des écouteurs branchés sur le piano. Il percevait des subtilités qui lui avaient échappé auparavant, des constructions sonores complexes, chacune soutenant la suivante, d’un côté d’abord, puis d’un autre, le tout habilement entrelacé dans un tissu évanescent de commentaires et d’insinuations ; les trilles n’étaient pas soit verticaux soit horizontaux, mais des spirales montantes, arabesques fulgurantes et figurines. Il était clair pour Murray que le musicien construisait quelque chose là, sur le podium… quelque chose de splendide et grandiose, mais parfaitement proportionné pour être adapté à cette salle, pour être installé, en fait, tout près du piano lui-même.