J'avais travaillé deux ans dans le service d'administration d'une entreprise pharmaceutique, assise dans un box huit heures par jour. L'atmosphère était si terne que le cactus que j'avais apporté au travail était mort. J'étais certaine qu'il avait fini par mourir d'ennui.
Elle était écervelée et rêveuse, fantasque et incorrigiblement romantique. Elle rêvait au prince charmant et à toutes ses variantes. Au genre d'hommes qui vole au secours des innocents, des jeunes filles au cœur pur, à cheval sur sa monture.
Ron n'était rien de tout cela. Elle ne le voyait pas du tout monter à cheval et peut-être même en avait-il peur. Mais il était capable de lui tenir une porte et de l'aider à remplir sa déclaration d'impôts, ce qui, dans la vraie vie, s'avérait beaucoup plus pratique.
– Je suis venue te voir parce que je crois que j'ai peur.
– Ma chérie, tu embauches des acrobates pour un mariage, tu résous parfois des conflits familiaux inextricables. Je t'ai même vue une fois grimper à un arbre pour accrocher des lanternes, avec des talons de dix centimètres de haut. Tu peux boire un café avec un expert-comptable, non ?
D'après Miss Watt et l'homme de loi, ma grand-mère était morte depuis des semaines. J'avais donc manqué son enterrement.
En un sens, cette absence rendait les choses encore plus douloureuses.
Je n'avais pas eu l'occasion de lui dire au revoir. Je devais trouver où elle avait été enterrée, et au moins lui apporter des fleurs. J'avais besoin de faire mon deuil.
Les soeurs Watt étaient deux vieilles filles d'âge indéterminé.
Je les imaginais presque venir au monde en émergeant de deux boules à thé sous la forme de dames d'âge mûr et passer leur vie entière à servir des scones aux raisins et des sandwiches sans croûte dans notre joli quartier d'Oxford.
Je ressentis la même envie en entrant ici. Les livres m'appelaient tous, me suppliant de les lire. Si j'avais eu le temps, je me serais blottie dans le fauteuil vide dans le coin avec un roman tout neuf pour en lire quelques pages avant de l'emporter chez moi.
Il jeta de nouveau un coup d’œil méfiant au paquet, sur le lit. Ce n'était qu'un pantalon de pyjama, il n'allait quand même pas le mordre. Quoique. Avec Geneviève, on pouvait s'attendre à tout.
C'était un de ces vêtements qui me rendaient heureuse, et j'avais besoin de confort. Le porter, c'était comme m'envelopper dans un câlin de quelqu'un pour qui j'étais importante.
La journée de décembre s'annonçait radieuse, ou du moins aussi radieuse qu'une journée peut l'être à Oxford, en Angleterre, au mois de décembre, c'est-à-dire pas beaucoup.
- Et après quoi ?
- Après, tu dois le tuer.
Évidemment.
Ma journée s'améliorait de minute en minute.