La complexité de sa psychologie m'oblige à énoncer que Max est à la fois modeste et conscient de sa supériorité, deux traits de caractère comme l'huile et l'eau, immiscibles.
Je songe à l'expression "Fin de vie" que l'on emploie aujourd'hui au lieu de parler de la mort, de même qu'on dit malvoyant au lieu d'aveugle, en sacrifiant au culte de la litote, comme si éviter de prononcer le mot idoine pouvait protéger de ce qu'il exprime C'est une manie de langage qui en dit long sur l'état de notre civilisation et qui m'exaspère.
Oui, il s'ennuie. La maladie a tellement rétréci sa vie. Son corps s'est racorni, son écriture, ses mouvements, ses pas sont tout petits. La compagnie de ses personnages, leurs destins transcendants lui manquent. Il n'a plus assez d'énergie pour labourer l'histoire de France, trier le bon grain de l'ivraie, récolter la moisson et nourrir ses lecteurs. Max n'aime pas l'homme qu'il est devenu, il préfère ne pas le voir. Si je veux lui faire du bien, mieux vaut que je lui parle de celui qu'il a été, de celui qu'il a sculpté à force de volonté, de celui qui fait l'admiration de ceux qui l'approchent.