Riikka Pulkkinen på Internationell författarscen Malmö
personne ne peut nier son origine, ses conditions premières. Chacun doit se débrouiller avec son enfance pour mettre quelque chose d'autre à la place. Et ce n'est que comme ça que les gens s'en sortent, qu'ils accèdent au bonheur.
A chaque époque il y a des gens, jeunes, qui se convainquent que ce qu'ils vivent n'est jamais arrivé à personne d'autres avant eux. Ils croient que leur vie, leurs joies et leurs chagrins mêmes sont exceptionnels. Que leurs amours à eux sont plus fortes que celles des autres. Ils croient que jamais ne leur échoira de sentir le poids des jours. Et peut-être est-ce le cas. Les jeunes possèdent le monde entier et le dilapident sans tristesse, parce qu'ils sont impatients de gagner d'autres mondes, toujours nouveaux. (p.46)
J'avais déjà oublié la confiance que les enfants reçoivent en partage parce qu'ils ne connaissent rien d'autre: la foi, reçue en naissant, que tout ira bien. A une période de sa vie, on la perd un instant, inévitablement. Si l'on a de la chance, elle revient. Viennent des gens pour vous prendre dans leurs bras sous la couverture, dans des chambres à coucher, pour vous tendre la main par-dessus des tables, et avec eux vous réapprenez ce qu'il vous avait fallu perdre en même temps que l'enfance.
"Il fait beau, mon amour, dans les rêves, les mots et la mort.
Il fait beau, mon amour, il fait beau dans la vie."
L'art n'est plus que vide s'il se contente de transmettre une seule vérité.
- Ne te dévalorise pas, c'est bien la bonne nouvelle: tu les délivres tous du mal. Les mères, les pères, les enfants. Tu leur donnes la permission d'être heureux.
Maman avait eu un léger sourire.
- Mais pourquoi donc ont-ils besoin que quelqu'un la leur donne?
Je ne sais pas si je saurai exister sans mère, je ne sais pas si j'aurai le temps d'apprendre pendant ces quelques semaines qui nous restent, j'ai l'impression
que ça me prendra le restant de mes jours.
- On n'a plus beaucoup de temps
- C'est toujours comme ça. Parle avec ta mère, évoque avec elle ce qui a été. Et quand l'heure viendra, lâche prise.
C'était ça : lâcher prise. Elle n'avait jamais lâché, pas un instant, personne. Elle s'était toujours cramponnée à tout, avait toujours essayé de tenir tout ensemble. D'où lui venait cette inquiétude? Pourquoi pensait-elle qu'il lui fallait porter le monde entier sur ses épaules?
Personne ne peut se permettre de passer à côté de l'amour.
Personne n'est si nanti qu'il puisse laisser l'amour derrière soi.
On ne peut faire de personne la condition de sa propre survie.
L'enfant nait, sa mère apprend à le connaître, petit à petit, année après année. Et puis viennent d'autres gens sous l'influence desquels il devient un étranger.