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Critiques de Riikka Pulkkinen (173)
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L'armoire des robes oubliées

En 1964, Elsa est une professeure et pédopsychiatre de grande renommée. Son métier l'oblige à beaucoup voyager, de congrès en conférences. Son mari, Marrti, est lui un peintre reconnu, très pris par sa peinture. Pour pallier leurs fréquentes absences, ils engagent Eeva, jeune campagnarde étudiante à Helsinki, pour s'occuper de leur fille Ella.

En 2010, Elsa est atteinte d'un cancer incurable. Pour profiter encore un peu de sa maison et de sa famille, elle choisit de quitter l'hôpital et de mourir près des siens. Ainsi, Marrti, Ella et ses deux filles Anna et Maria se relaient auprès d'elle pour veiller sur son bien-être et partager des souvenirs.

Au cours d'une belle journée où Elsa se sent bien, elle décide avec Anna de faire renaître un de leurs jeux d'autrefois: elles vont se déguiser et prendre le thé dans le jardin. D'une vieille armoire, Anna sort une robe qu'elle ne connait pas. Sa grand-mère lui confie que cette robe appartenait à Eeva et lui raconte cette jeune fille qui, un temps, a fait partie de leur famille et dont plus personne ne parle aujourd'hui.





Malgré la maladie, les secrets, les drames, les chagrins, c'est surtout l'amour qui transparaît dans chaque ligne de ce magnifique roman. Celui d'une mère pour sa fille, celui d'une femme pour son amant, celui d'une fillette pour sa nourrice, celui qui lie entre eux les membres de la famille d'Elsa.

Dans une langue tout en poésie et en douceur, Rikka PULKKINEN nous mène, au gré de son récit, dans le coeur de ses héroïnes, celles de 1964 et celles de 2010. Elle dévoile leurs peurs, leurs peines, leurs passions, leurs élans, leurs culpabilités, leurs tristesses, toute la gamme des sentiments de ces femmes faibles et fortes à la fois. C'est sensible, touchant, nostalgique et cela sonne toujours juste.

Il faut se laisse bercer et emporter par l'écriture de cette toute jeune auteure finlandaise qui sait parler de choses graves et légères, sans pathos, mais avec finesse et générosité. Un grand moment de lecture.
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L'armoire des robes oubliées

« J’ai un mémoire à faire. Je traque dans les replis du passé la femme ancienne, tout en essayant de rester sur les talons de la femme moderne. » Voilà ce que déclare Anna, la deuxième fille d’Eleonoora, elle-même fille d’Elsa.

Oui, vous l’avez compris : ce roman parle essentiellement de femmes, de mères, de filles et ça me plait.



Différents points de vue nous mènent dans ces replis du passé mêlés obligatoirement à l’actualité, car Elsa va mourir, et quand une maman, une grand-mère meurt, une infinité de sentiments, de non-dits, de recoins cachés se dévoilent, éclatent en plein jour. C’est difficile, c’est angoissant de perdre l’attache maternelle.

Et le pauvre mari, là-dedans, peintre célèbre sur le retour, se fraye tant bien que mal un passage dans cet étalage féminin. Car il l’aime, sa femme, même si, il y a plusieurs dizaines d’années, il a vécu une passion clandestine avec Eeva, la jeune fille qui s’occupait de sa petite Eleonoora durant les nombreuses absences de son épouse, psychologue réputée.

Anna va être le dépositaire de cette passion secrète ; Anna qui elle-même a vécu très récemment une histoire quasi identique, et qui mélange « la femme ancienne » et « la femme moderne », consciemment ou non ?



Un bel imbroglio donc, mais agréable à dénouer, très agréable, grâce au vocabulaire imagé de l’auteure, qui mêle le ciel, le merle noir, les sapins et le sauna, qui explore avec finesse l’univers amoureux et tempétueux, qui unit avec tendresse la mère et la fille. Mais quelle mère et quelle fille ? C’est là tout le génie de ce roman de tordre dans tous les sens l’âme féminine sous le joug de l’amour et de la mort.

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L'armoire des robes oubliées

Je n’avais jamais entendu parler de cette auteure avant de recevoir ce livre il y a quelques mois en cadeau d’anniversaire.

Je ne pense pas que, de moi-même, j’aurais acheté ce roman. Certes la littérature nordique réserve de bonnes surprises, mais la 4ème de couverture et le titre ne m’auraient pas attirée.



Le roman commence par un verdict : Elsa est atteinte d’un cancer qui ne lui laisse que quelques mois à vivre. Refusant de terminer ses jours à l’hôpital, elle choisit d’être soignée à domicile. La famille s’organise pour l’accompagner et l’entourer au mieux pour la fin du voyage. Il y a Martii, son mari, peintre renommé ; Ella (Eleonoora), sa fille médecin ; Anna et Maria, les deux filles d’Ella.

La fin de vie d’Elsa ne sera pas des plus paisibles, puisque le passé ressurgit, non pas comme le diable d’une boîte, mais comme une robe oubliée du fond d’une armoire. C’est Anna, jeune femme mal dans sa peau, qui fait cette découverte et pousse sa grand-mère à la confidence.

Commence alors une alternance entre les flash-backs remontant aux années 60, et le temps présent, où on observe chaque protagoniste se débattre tant bien que mal avec souvenirs et révélations.



La « mise en place » de la narration et des personnages est bien écrite, tout en tendresse et nostalgie, carrément poignante par moments. Mais ce début prometteur n’est pas confirmé par la suite. Je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage d’Eeva, l’étudiante engagée comme nounou pour Ella, et qui vivra avec Martii une relation si intense qu’elle sèmera la confusion dans l’esprit de la petite fille.

Cette trame de base est somme toute très banale. Au fil des pages j’ai espéré qu’elle aurait été relevée par la technique de narration, alternant les époques et les narrateurs, ou par le style, poétique et aérien. Mais au contraire, il m’est resté une impression de confusion et d’inconsistance. Pourtant, ça parle d’amour, de mort, de tromperie, de culpabilité, de remords, de pardon et de sacrifice (celui de la vie de famille au profit de la profession, ou l’inverse), il y a donc de la matière. Mais c’est très mélancolique, pour ne pas dire oppressant, et je n’ai pas compris ce que l’auteure a voulu dire. Elle n’a pas réussi à m’intéresser à cette histoire, qui laisse des questions en suspens, et une sensation d’ennui et d’inaboutissement.

Je reste sur ma faim.

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L'armoire des robes oubliées

Entre Elsa, Eleonoora, Eva, Ella,... je me suis perdue et être obligée de faire retour en arrière pour bien comprendre, pour vérifier de qui il s'agit m'a profondément agacée et cet agacement a été renforcé par les flash-back, les souvenirs, les interprétations à tel point que j'ai eu à plusieurs reprises envie de mettre fin à ma lecture.

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Certes il y a beaucoup d'amour entre le père et la mère, entre les parents et les enfants, entre le père et sa maîtresse, mais je n'ai pas su me faire une place dans cette famille et je n'ai pas apprécié toutes ces relations qui m'ont complètement laissée à distance.

Ce livre a été couronné par de nombreux prix et les critiques lues parlent de poésie, de douceur, de finesse. Je viens donc à contre-courant poser mes quelques mots pour dire que ce livre ne m'a pas touchée.
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L'armoire des robes oubliées

Encore un livre négligé, acheté en poche en 2014, que je me suis décidée à lire enfin, tout a été dit déjà et pourtant !



Un très beau texte éclairé de l'intérieur par l'amour sous toutes ses formes sur trois générations de femmes avec leurs secrets oubliés , les replis de leurs âmes, leurs tranches de vie , ponctué d'allers et retours entre 1964 et 2010.



Inutile d'en dévoiler plus !...

L'amour transparaît au détour de chaque ligne, l'amour d'une mère pour sa fille, celui d'une femme pour son amant, celui d'une fille pour sa nourrice, celui d'une femme à l'enfant de l'homme dont elle tombe amoureuse .......

Las! L'auteur évoque et dévoile avec légéreté et gravité à la fois, sans sentimentalisme excessif, sans pathos ni sécheresse , avec finesse, générosité, inventivité : amours secrètes et passsionnées, dévastatrices , non- dits, maladie et fin de vie, souffrance, joie et complicité , fêlures anciennes, élans et culpabilité, peurs et peines, réminiscences et douleurs intimes..



Un roman délicat et singulier , au style fluide , doux et parfois poétique, sensible et profond, au vocabulaire imagé qui mêle le chant du merle noir et les sapins, le rituel du sauna Finlandais , la tarte aux myrtilles et l'univers amoureux dévoilé au grand jour lorsque la maladie et l'approche de la mort obligeront chacune de ces femmes à affronter les ombres du passé et à se retourner sur le déroulement de leur vie !

Une belle histoire d'amour et de femmes pétrie d'émotions, prenante, légère et fraîche, profonde et puissante, universelle et intemporelle , touchante et nostalgique que l'on va garder en soi mais qui peut ne pas plaire à tout le monde .

Ce n'est que mon avis , bien sûr .

Ah! Attention aux vieilles robes oubliées !
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L'armoire des robes oubliées

Très beau roman sur l’histoire d’un secret de famille, l’amour caché d’un père pour son employée. Elsa, dans ses derniers jours, révèle à Lucie ce secret si bien dissimulé quand cette dernière découvre une robe appartenant à une certaine Eeva .

Ce fut une lecture pleine de saveur, de lenteur voulue, la rondeur des mots, le contour des phrases qui nous entraîne dans une histoire familiale, d'amour, de mère, de fille... Beaucoup de chagrin mais l'auteur a su le décrire avec sagesse et humilité. Une double et très jolie histoire qui se délie en parallèle à deux époques différentes et qui doucement se rapproche pour s'unir.

J’ai apprécié cette plume pleine de poésie comme il se doit, de la délicatesse et de la sagesse. Merveilleux roman à découvrir.
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L'armoire des robes oubliées

Il y a de ces romans dont on repousse la lecture. Il y a de ces romans qui nous font peur, sans trop que l'on sache pourquoi. Pour moi, ce premier roman de Pulkkinen en était un. Je ne me l'explique pas. Peut-être est-ce du à cette couverture que ne me plait pas du tout sur sa fiche Babelio. Peut-être est-ce du aux étiquettes collées sur ce livre. Peut-être est-ce du au 4e couverture de couverture qui m'en donnait l'impression d'être un livre dur à lire à cause de la maladie. Pourtant, pourtant...



J'ai vraiment appréciée ma lecture... Je l'ai trouvé vraiment très belle. La maladie est certes présente, mais n'est qu'un prétexte à entrer dans l'histoire de cette famille qui ne s'est pas tout dit. Ce livre est plutôt l'histoire de deux femmes, à travers celle d'un homme déchiré par l'amour pour l'une et l'autre... deux amours, tellement beaux, l'un comme l'autre... Deux passions, l'une qui dure toute une vie, et l'autre, que quelques années, mais si intense et si transcendante, fusionnelle et émouvante. Mais c'est également l'histoire d'Anna, petite-fille de cet homme, dont la vie ressemble étrangement à cette de cette deuxième femme.



À aucun moment ce livre ne m'a paru lourd ou trop long, malgré les idées que je m'en étais faites. Toutes les pages sont justifiées, chaque phrase est bien placée. Je ressors de ma lecture complétement sous le charme de cette histoire, de ces personnages, tous autant attendrissant les uns que les autres... Et je ressors également en admiration face au talent de Pulkkinen, dont j'ai peine à me dire que c'est le premier roman traduit en français. C'est tellement mature et abouti que ça augure très bien pour le reste de son oeuvre. Une autrice à surveiller.
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L'armoire des robes oubliées

C'est un vrai soulagement d'avoir terminé ce livre, non pas qu'il soit mauvais, l'écriture est bien maîtrisée, l'histoire ne manque pas de fil conducteur pourtant, pourtant....

J'ai avancé dans la lecture avec une enclume accrochée au pied tant l'atmosphère du livre me semblait lourde et pesante. Les personnages ne manquent pas de profondeur mais ils émanent d'eux une mélancolie qui s'ajoute au sujet déjà triste de ce livre.

Je n'ai apprécié que la fin car c'est la seule note d'espoir du livre !
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L'armoire des robes oubliées

J'ai fini le roman hier soir. Je viens de lire les 39 critiques à son sujet. Et je dois avouer que je cale un peu au moment d'écrire la mienne... Déjà parce que c'est difficile de parler de l'intrigue sans répéter. Alors je dirais juste que c'est une grande histoire d'amour, de famille, de secrets, de femmes (un peu d'hommes aussi), de souffrances, de joie et de complicité.



Ça ressemble à la vie, en fait, en un peu plus romanesque et plus abouti, peut-être. C'est juste. C'est tendre, doux et poignant. À mes yeux, c'est fondamentalement optimiste, aussi, malgré certaines apparences. Optimiste parce que la vie continue, parce qu'il reste des joies, parce que les enfants jouent et grandissent...



J'ai été touchée par la pureté et la générosité d'Eeva, mais aussi par la froideur et la dureté d'Ella, fragiles remparts contre son angoisse et son chagrin. J'ai admiré la construction morcelée du roman et les différents points de vues proposés. J'ai été amusée par les jeux secrets d'Anna et ses grands-parents, leurs drôles de rituels légers et un peu moqueurs. J'ai voyagé en Finlande et découvert ses saunas, ses tartes aux myrtilles et sa campagne. J'ai été attendrie par la façon courageuse, joyeuse et légèrement décalée que choisit Elsa pour vivre en attendant sa mort. J'ai aimé leur famille, pleine de fêlures et de non-dits, mais aussi, et surtout, d'amour, de souvenirs et de bonheurs.



Bref, ce livre me parle, vraiment, c'est certainement pour ça que je parle plus ici de mon ressenti que de l'intrigue elle-même. Pour ne rien gâcher, le style est très fluide et un peu poétique. Tout ce qu'il faut pour me conforter dans l'idée que la littérature nordique recèle de nombreuses petites... et pour vous conseiller de découvrir cette petite pépite.

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L'armoire des robes oubliées

Riikka Pulkkinen est une jeune auteur de 30 ans qui écrit une magnifique histoire d'amour intemporelle et universelle .

Nous sommes en Finlande en alternance dans les années 60 puis 2010 , au pays des saunas et des tartes aux myrtilles mais l'histoire pourrait se passer aussi bien chez nous .

L'auteur décrit le commencement d'une histoire d'amour , au moment où la personne aimée prend une place de plus en plus importante jusqu'au moment où sa présence devient indispensable comme une drogue dont on ne sait plus se passer .

L'auteur fait un portrait de famille très sensible et nuancé , la fille est médecin , pour elle c'est plus facile de jouer son rôle de médecin que celui de la fille dont la mère va mourir , c'est sa façon à elle de se protéger de la douleur même si aux yeux des autres , elle paraît froide ' Il lui était plus facile de palper un ventre que de supporter la douleur d'une inquiétude sourde ' .

Les relations filles - mères sont nuancées , j'ai épinglé l'histoire des biscuits dans le four où la petite fille se brûle et où la mère se sent coupable de ne pas avoir su protéger sa fille , c'est la première fois qu'elle se rend compte qu'on ne peut pas protéger ses enfants de tout ;.

On se place du côté ' des coupables ' ceux qui trahissent l'autre mais qui ressentent de la culpabilité .

L'auteur évoque le chagrin d ' Eeva qui ne verra plus la petite fille dont elle s'est occupée pendant quelques années et à laquelle elle s'est attachée , elle met en parallèle l'histoire d' Anna qui a souffert de ne plus voir la petite fille de son ex - compagnon , c'est un sujet qui est rarement évoqué dans un roman .

Les relations pleines de tendresse entre le grand père et sa petite fille sont bien décrites , on envie les moments de complicité qu'ils passent à essayer d'inventer la vie des personne's qu'ils croisent .

Un beau roman dont je ne vais pas trop dévoiler l'intrigue car ceci fait partie du plaisir de la lecture , ce n'est pas un livre inoubliable mais il sort du lot par sa sensibilité .
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L'armoire des robes oubliées

Helsinki, 1H30 , Martti est réveillé, c'est la nuit , Elsa ,son épouse, dort à ses côtés. Rien d'extraordinaire si ce n'est qu'Elsa est rentrée chez elle pour y vivre ses dernières semaines.Entourée par Elenoora, leur fille que tous appelaient Ella quand elle était une enfant, Anna et Maria ses petites filles, Elsa essaye de "finir" en beauté.

Jouons à nous déguiser comme lorsque tu étais enfant dit-elle à Anna , une porte d'armoire qui s'ouvre, une robe oubliée et voilà le passé qui vous prend à la gorge. Alors Elsa raconte à Anna Eeva, les années 1964:68 où elle voyageait sans arrêt et où Eeva venait s'installer chez elle pour s'occuper d'Ella , comment Eeva et l'homme, son époux , ont vécu l'un à côté de l'autre, l'un avec l'autre, l'un dans l'autre une passion fusionnelle .

C'est Anna qui raconte, et qui , à travers les amours d' Eeva, essaye de panser ses propres plaies.

Un roman foisonnant, un tourbillon de retours en arrière,un saute-mouton perpétuel d'un narrateur à l'autre m'ont je l'avoue un peu désarçonnés au début puis je me suis laissée avaler par cette histoire, j'ai accompagné Elsa sur son dernier chemin, j'ai regardé Martti lui tenir la main, j'ai eu envie de prendre Ella dans les bras et lui dire d'avoir confiance , qu'elle a deux filles superbes , un époux aimant et présent et que la vie vaut d'être vécue pour l'amour donné et pour l'amour reçu. Et puis en plus, il y a en toile de fond ce monde des années 6O/7O ,le monde d'artistes qui est celui de Martti ,peintre de renom, et celui de la pédopsychologie et de ses limites , le domaine de prédilection d'Elsa.

Riikka Pulkkinen, plume finlandaise de grand talent ,est un écrivain à suivre cela va sans dire .
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L'armoire des robes oubliées

« A quel moment les membres de votre famille deviennent-ils un miroir douloureux à regarder ? »



Atteinte d’une maladie incurable, Elsa Ahlquvist vit ses derniers moments entourée de son mari Martti, de sa fille Eleonoora et de ses petites-filles Anna et Maria qui décident de s’occuper d’elle, celle-ci ne voulant pas séjourner à l’hôpital. Chacun se prépare plus ou moins au chagrin qui découlera immanquablement de sa disparition, et qu’il faudra gérer en fonction de son caractère ou de son passé, Eleonoora cachant ses angoisses sous son caractère autoritaire et Anna étant mal remise d’un chagrin d’amour qui l’a mise littéralement sur le carreau.



Mais un chagrin en cache un autre, et le tableau familial parfait en apparence va voler en éclats quand Elsa révèlera à Anna l’infidélité de Martti, il y a de cela quarante ans, celui-ci étant tombé amoureux d’Eeva, la nounou que le couple avait engagée pour suppléer auprès d’Eleonoora l’absence d’Elsa (celle-ci, célèbre pédopsy, faisait des recherches et des conférences dans le monde entier). Ce drame va faire écho aux propres souffrances d’Anna, qui se l’appropriera au point de ne plus savoir parfois dissocier son histoire de celle d’Eeva.



Quelles conséquences auront eu ce drame sur chacun des membres de la famille Ahlqvist ? De quelle manière un chagrin vieux de plusieurs décennies peut-il représenter un héritage trop lourd pour des personnes qui n’en étaient même pas contemporaines ? Riikka Pulkkinen va s’employer à répondre à cette question dans un roman magnifique, qui a été un coup de cœur surprise pour moi.



« L’armoire des robes oubliées », malgré un titre un peu curieux et pas très fidèle à l’histoire en vérité – relief de la mode éditoriale des années 2010 –, se révèle ainsi être un roman profond sur des questions structurantes comme les relations maternelles, et plus largement familiales, en plus d’être très bien écrit (j’ai eu envie à la lecture de mettre en citation beaucoup de passages !).



À travers le deuil d’Elsa, qui forme un cadre, l’autrice ainsi une cartographie des différentes facettes du chagrin qui est tout à fait passionnant.

Le chagrin causé par un amour trop dense, trop absolu, à l’image de celui d’Eeva et Martti, celui qui arrive quand on ne s’y attend pas mais qu’on reconnaît tout de suite, qui brûle celui qui le ressent ainsi que son partenaire, et fait des victimes collatérales. L’adultère est généralement une histoire laide, mais étrangement ici, Riikka Pulkkinen en fait une belle histoire, empreinte dès le départ par une certaine fatalité (« Elle [Eleonoora, qui doit avoir 4 ou 5 ans à l’époque] possède déjà certaines expressions, mais le chagrin n’a encore jamais imprimé ses contours sur son visage. Je vois qu’il ne l’a jamais fait. C’est une vision tout à fait spéciale : ce qui n’est pas encore, mais dont vous savez que cela va arriver. Je suis celle qui dessinera le chagrin sur le visage de la petite. »).



Un chagrin causé par la séparation brutale d’avec un enfant à qui on s’est trop attaché, et le deuil qu’il faudra douloureusement faire. C’est ce qu’Eeva a vécu avec Eleonoora, et Anna avec Linda, la fille de son ancien amant. Leurs deux histoires s’imbriqueront l’une dans l’autre, avec des correspondances qui sont comme des nœuds dans le texte, des petits cailloux pour indiquer peut-être, c’est comme ça que je l’ai pris, que l’amour, ses déceptions, sont identiques d’une histoire à l’autre, même vécues par des personnes différentes (« Presque tous les romans comportent une histoire d’amour, la description de ses commencements. Et ces récits ont tous quelque chose d’identique, une ressemblance si grande qu’une description précise est une entreprise superflue. Pourtant, chacun d’eux contient son propre mystère. »). Peut-être aussi parce qu’Anna n’arrive pas à parler de ce qu’elle a vécu, alors c’est plus simple de les mettre dans la bouche d’une inconnue. Ainsi, à travers le biais de ces relations avec l’enfant d’une autre, cruelles parce qu’automatiquement amenées à se terminer en même temps que la relation amoureuse avec le partenaire parent, Riikka Pulkkinen met au jour ce qui constitue l’amour maternel, ses mystères et ses complexités.



Enfin, la chagrin des relations gâtées, peut-être à jamais, par les conséquences du drame : même si elle ne se souvient pas vraiment de cette histoire, Eleonoora et Martti ne seront plus jamais proches (« Entre eux, il y avait tout, la déception, la haine, l’amour, toutes les accusations. Chaque souvenir s’était froissé entre eux de sorte que, même s’ils étaient assis l’un en face de l’autre, des décennies les séparaient. »), tandis que Martti et Elsa ont dû travailler pour se retrouver (« - Alors, qu’est-ce qui a été le plus difficile ? Il réfléchit un instant. – Ça a été de voir l’autre changer. De devoir la réapprendre. Et de voir en elle combien vous-même avez changé. »)



Ce roman superbement écrit, d’une manière un peu grave mais c’est à la hauteur du sujet qu’il traite, travaille et fait ainsi ressortir avec beaucoup de nuances et de profondeur des émotions puissantes.

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L'armoire des robes oubliées

Alors que sa grand-mère est au soir de sa vie, Anna découvre une vieille robe dans un placard qui n'appartient à aucune des femmes de la famille. Pour Elsa, sa grand-mère, c'est un lourd secret enfoui depuis plus de trente ans qui remonte à la surface.





En 1964, Elsa est une femme très occupée, qui voyage beaucoup. Martii, son époux, est peintre et n'a pas le temps de prendre soin d'Ella, leur fille. C'est ainsi qu'Eeva, jeune étudiante, entre à leur service et dans leur vie. Au fil des semaines, Eeva et Martii se rapprochent et n'entament pas seulement une relation clandestine, mais tombent véritablement amoureux l'un de l'autre. Cette relation tour à tour passionnée puis tourmentée, cet amour impossible et déchirant, est relaté par la voix d'Eeva dans ce qu'on imagine être son journal de l'époque ou le récit qu'elle en aurait fait à une amie. Ce témoignage se superpose aux scènes familiales d'aujourd'hui et éclaire d'un jour nouveau les questionnements des uns et des autres.



Tous les rapports familiaux sont passés en revue au fil du roman. Les membres de la famille sont réunis auprès d'Elsa qui se meurt doucement. Les doutes l'assaillent. Comment a-t-elle mené sa vie, élevé sa fille, ses priorités ont-elles toujours été les bonnes ? Qu'est-ce qu'on laisse derrière soi ? Que fait-on de ses regrets, de ses remords ? Ces questions fondamentales que chacun aura un jour à se poser s'immiscent dans le roman pour venir toucher le lecteur au plus profond de ses propres doutes.



Les liens d'Elsa avec sa fille Eleoonora sont douloureux, violents, à l'image de leur prochaine séparation. Elles n'ont de cesse de se disputer. Mais comment faire sans elle, se demande Eleoonora ? La douleur de perdre un proche est longuement évoquée, de façon belle et poignante. La douleur de l'autre aussi, sa souffrance, plus dure à supporter que la sienne propre, parce qu'on n'y peut rien. On ne peut que regarder et compatir. Les liens entre Martii et Anna sont également touchants. La complicité qui lie le grand-père à sa petite-fille, cet amour inconditionnel, le monde teinté d'originalité qu'ils ont créé et qui n'appartient qu'à eux, apportent la fantaisie nécessaire au texte afin de ne pas tomber dans un pathos, habilement évité.



La famille et ses tourments, voilà un sujet qui ne cessera jamais d'inspirer les écrivains. Pourtant, l'auteur finlandaise Riikka Pulkkinen, dont c'est le second roman et le premier publié en France, apporte encore quelque chose de nouveau. Un style aux accents de poésie, des dialogues touchants, une histoire romantique qui, à aucun moment, ne tombera dans le mélodrame ou le ridicule. Les liens entre chaque membre de la cellule familiale sont analysés avec précision, empathie. Le cadre du Grand Nord finlandais apporte le dépaysement suffisant à cette histoire où l'on s'aime pour de bon.

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L'armoire des robes oubliées

Roman à plusieurs narrateurs qui parle un peu de la vie en Finlande de nos jours et dans les années 60, qui parle un peu des événements de mai 68 en France, mais qui surtout détaille les personnages qu'il contient sans pour autant dresser de portraits psychologiques. On est dans des histoires d'amour et de famille et ce qui est raconté c'est d'abord les liens entre tous. Martti et Elsa font figure de grands-parents pas très proches de leur fille ni de leurs petites filles : ils ont cultivé l'indépendance jusqu'aux relations aux leurs. Malgré tout leur relation semble forte ou du moins semble se renforcer sur la fin d'Elsa. Martti a aussi une relation particulière avec Anna : ils se voient régulièrement, prennent le tramway ensemble, s'arrêtent aux terrasses des cafés et imaginent la vie des gens qu'ils croisent. Eleonoora est sans doute la plus difficile à cerner qui veut faire preuve d'autorité envers sa mère comme si elle avait des comptes à régler.



En parallèle, on peut lire aussi la vie de Eeva avant qu'elle n'entre au service de Elsa et Martti et puis ses années de travail chez eux.

C'est un roman par endroits classiques dans sa description des lieux, personnages et situations et d'autres fois plus particulier qui lance des pistes de réflexion, des sortes d'aphorismes

Riika Pulkkinen a une trentaine d'années et fait preuve d'une sorte de sagesse, au moins d'une grande observation des siens ou d'une étonnante maturité pour résumer ainsi en quelques phrases bien senties ce qui peut faire l'objet de discussions interminables. Étudiante en littérature et philosophie, son cursus l'a sûrement aidée à construire et écrire sa réflexion pour le plus grand plaisir du lecteur. Mais elle sait aussi se laisser aller et son livre est empli d'expressions, de paragraphes étonnants, quasi surréalistes, très poétiques à propos des animaux, des hommes, de l'amour, des fleurs, de la nature Tout cela pour dire que lorsque vous aurez entamé la lecture de ce roman (car je ne doute point que vous le ferez), vous risquez bien de ne pouvoir vous arrêter, charmé(e)s que vous serez par le mélange de Riika (maintenant qu'on a parlé de la communiante, je me permets de l'appeler par son prénom) : entre observation des liens amoureux et familiaux très réalistes, digressions oniriques et réflexions justes et clairvoyantes. Bonne lecture de ce très bon roman nordique et qui en plus réussit l'exploit de n'être pas un polar !

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L'armoire des robes oubliées

A partir d'une histoire assez basique, où la maladie incurable d'un proche va jouer le rôle de révélateur pour les différents personnages qui gravitent autour de lui, Riikka Pulkkinen construit un très beau texte, qui se lit facilement et avec plaisir (les trois ensemble, c'est souvent rare.) Son écriture est sobre, tranquille, parsemant ici et là l'histoire de précieuses pépites comme un petit Poucet, donnant son récit une extrême pureté et à son regard beaucoup de générosité et de chaleur humaine.Elle écrit avec pudeur et sensibilité, l'émotion y est toujours à fleur de mots sans jamais de mièvrerie, les secrets sont évoqués par petites touches, et c'est la lumière de l'ensemble qui éclaire ce qui est dit, un peu comme pour la peinture impressionniste. La douleur n'est jamais évacuée mais confrontée, avec justesse et profondeur. Le quotidien reste ouvert sur un futur plein de promesses, chaque instant est vécu dans la possibilité d'un bonheur éventuel -aussi bref dût-il être- et dans le consentement à ce qui arrive. A la fois réaliste et infiniment poétique ce texte qui relie les souvenirs au présent met les coeurs à nu, leur donnant la possibilité d'enfin se comprendre, par-delà ce qu'ils ont cru percevoir mais dont ils ne saisissaient pas toute la portée. N'est-ce-pas d'ailleurs le rôle de la mémoire que de nous ouvrir à ce qui nous a échappé au moment où nous le vivions ?

Désireuse de sortir des sentiers battus j'avais emprunté ce livre un peu par hasard parmi les nouveautés de la Bibliothèque. Ce fut un bon moment de lecture, de ceux qui vous aident à poser un autre regard sur la vie, et sur l'importance du moment présent.

En lisant Pulkkinen, je repensai du reste à Béatrice Wilmos qui fut pour moi une découverte un peu de ce genre. Auteur à suivre, donc !
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L'armoire des robes oubliées

Après avoir lu plusieurs critiques très éloquentes, j'avais envie de lire ce roman finlandais. J'aime bien les histoires autour d'un secret de famille, et je m'étais réjouis quand j'ai lu que le passé et le présent s'entremêlent. Malheureusement, je suis restée sur ma faim. L'alternance passé / présent m'a perturbé dans ma lecture, j'ai trouvé le style très haché, mais ceci est peut-être lié à la traduction. A certains moments j'ai confondu les différents personnages. Néanmoins, j'ai apprécie l'intrigue et on ressent surtout l'amour partout. L'amour d'un homme pour sa femme, l'amour d'un homme pour sa maîtresse, l'amour d'une mère pour son enfant, l'amour d'un enfant pour sa nounou et vice-versa. Malgré ce ressenti, l'histoire ne m'a pas émue du tout.



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Challenge Féminine 2018
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L'armoire des robes oubliées

Quel joli titre de livre, et qui va si bien à se joli récit tout empli de nostalgie et de profondeur que chacun porte en soi.



Là où se mêlent trois histoires qui se rejoignent et n'en font qu'une.



Un homme se retourne sur son passé où deux femmes ont marqué sa vie,



Une jeune femme découvre une robe oubliée dans l'armoire de sa grand-mère et va ainsi remonter le temps et découvrir un secret de famille.



Tout cela s'étire au fil des pages dans une écriture pleine d'émotion et de sensibilité .



Il est dit que Riikka Pulkkinen a 30 ans, un visage d'ange, mais une vieille âme, une richesse d'écriture et une sensibilité vibrante.



Et ce n'est pas moi qui dirait le contraire.
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L'armoire des robes oubliées

J'avais beaucoup entendu parler de ce livre mais je dois dire que j'ai été plutôt déçue.

L'histoire ne m'a pas semblé originale: une jeune fille découvre que son grand-père a eu une liaison avec la jeune fille qui était en charge de son enfant.

Des années après, le passé refait surface alors que la grand-mère, psychologue de renommée internationale, vit la phase terminale de son cancer.

Les personnages manquent de relief et je n'ai pas senti de tension dramatique malgré la gravité du sujet évoqué.

Bref je n'ai pas "accroché"...
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L'armoire des robes oubliées

Ce roman est bouleversant!

D'une part parce qu'il aborde la maladie et la fin de vie . Le chamboulement que cela implique dans une famille, la remise en question que cela entraîne et les secrets qui devraient rester dans le placard. Car toute vérité n'est pas toujours bonne à entendre !

C'est ce que découvrira Anna, petite fille d'Elsa.

D'autre part, c'est la passion destructrice, la possession, les conséquences de l'adultère sur l'enfant qui en sera témoin ...

On passe des années 60 à nos jours comme si une liane s'enroulait autour d'une tige fragile. Ce roman parle essentiellement de Femmes et leur rapport à un homme (père, mari, amant et grand-père) .

J'ai aimé l'écriture fluide et poétique de l'auteur.
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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L'armoire des robes oubliées

"Sélectionné par le Finlandia Prize", L'armoire des robes oubliées est un superbe et émouvant roman d'amour écrit tout en finesse par une jeune romancière finlandaise Riikka Pulkkinen.

Plongée en eau froide finlandaise de l'évitement puis dans le bain bouillonnant d'une passion destructrice. Cruauté glaciale et sex-addict torride.Vie et mort. Chapitres alternant le présent colmaté et le passé fissuré d'une famille finlandaise: là réside le talent de Riikka Pulkkinen.

C'est lors d'une séance de déguisement pour retrouver la connivence d'autrefois, qu'une grand-mère en fin de vie Elsa Ahlquist(psychologue et chercheuse réputée) va révéler à sa petite fille de vingt ans Anna un secret de famille bien gardé: "la robe claire, légèrement évasée" choisie appartenait à Eeva baby-sitter de sa fille Ella et ex-maîtresse de son mari Martti.

L'histoire d'amour pour un homme marié père d'une fillette (qui a récemment déprimée Anna étudiante en littérature et imaginative) ressemble étrangement à celle d'Eeva "d'une intransigeance absolue" qui se sent vue par le regard d'artiste de Martti "le cruel et le sans scrupules" peintre connu.

L'armoire des robes oubliées parle d'amour, de rêve,de carrière professionnelle,de bonheur,de jalousie,de fusion pour se fondre dans l'autre,de double vie,du côté destructeur de l'artiste qui cherche son inspiration dans le jeu trouble de soumission et domination, aborde les traumatismes de l'enfance souvent inducteurs de comportements à l'âge adulte et.... de possibles projections de sa propre histoire sur la trame d'une robe accompagnée de quelques confidences.
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