AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.3/5 (sur 27 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Philippe Cuisset a effectué quatre années d’intérim après le bac par correspondance accroché de justesse et une scolarité un peu chaotique.

Il a repris tardivement des études de lettres et soutenu une thèse en 1993 à Reims (direction Michel Picard)

Il a enseigné le français et fait partie d'un collectif d'aide aux demandeurs d'asile . Il est le guitariste des Vagabonds, orchestre albanais fondé sur un camp de réfugiés en 2017.

Ajouter des informations
Bibliographie de Philippe Cuisset   (6)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
(…) dans un passage crucial du Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire : « Ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’oeil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non-européens ; que ce nazisme-là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies, de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne. Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies d’Inde et les nègres d’Afrique. »
Commenter  J’apprécie          310
L’indifférence face au malheur ne tient que parce que nous nous agrippons à cette pensée : la mort se contente de nous frôler de son aile et la vie, indolore et tenace, s’échappe au compte-goutte sans que nous nous en rendions réellement compte.
Commenter  J’apprécie          190
Tout cette asphyxie pourrait encore s'accommoder d'une histoire simple entre un homme et une femme. Cela pourrait même être bien. Ce serait une vie, malgré tout ; une petite vie, au cœur d'un désert où ne vibrent sous le vent d'ouest que les filaments de plastique et les résidus d'étoffe.
Commenter  J’apprécie          140
Sans y croire vraiment Valin voit dans cette pièce inespérée l'occasion de plaider en appel avec brio. Il se voit déjà chantant l'air du brave et bon laboureur, la noblesse du geste du semeur sera à la hauteur de ses effets de manche, un peu d'imagerie littéraire dans tout cela, on piocherait un peu dans le romantisme désuet mais bien recadré dans une rhétorique solide et saignante. Si la cause est certainement jouée d'avance, au moins cela fera son effet.
Commenter  J’apprécie          120
Perdre conscience, au moins pour cette nuit, c'est tout ce qu'elle souhaite. Distraite un instant par un vol de mouettes au-dessus d'un monticule d'ordures, elle se prend à rêver. Cela doit être agréable de se promener sur les plages si proches, respirer l'air marin, profiter des étendues bleues, la tête vide et le ventre plein.
Commenter  J’apprécie          120
Elle a suivi toute la conversation entre ces deux hommes blancs et elle trouve extraordinaire le naturel avec lequel ces Européens considèrent que toute chose en ce bas-monde leur appartient. Qu’il s’agisse de terres, de cheptels ou de familles, leur aptitude à ne les considérer qu’en termes de possession est remarquable. Bien qu’elle ait compris depuis des années, cette faculté exceptionnelle de prédation, elle n’en reste pas moins abasourdie. A l’instar de ces cauchemars où d’irrépressibles courants l’emportent vers une mort certaine, elle ressent à cet instant précis tout le poids de cette fatalité. Pire que les épidémies de peste bovine ou que les tempêtes de sable, ces peuples obscurcissent tout ce qu’ils approchent, détruisent tout ce qu’ils étreignent et transforment aussi bien le sang des brebis ou les cailloux du désert en papier monnaie.
Elle a surtout entendu les souvenirs de cet ancien combattant de 1904. Sans vergogne, pendant de longues minutes, l’homme a osé évoquer la bataille du Waterberg. Il raconte cette tuerie comme s’il s’agissait d’une victoire glorieuse de l’armée impériale. Il n’éprouve aucun remords, aucune pitié pour les dizaines de milliers de victimes. Pour un peu, Esther admirerait cette prodigieuse faculté, cette délirante capacité qui relève d’une amnésie proprement géniale. Ces coupes franches dans l’épopée de cette guerre sale obéissent à une diabolique alchimie. Emil Kreplin finira forcément par croire en ses propres mensonges et fera de cette mise à mort de tout un peuple rebelle une odyssée glorieuse, un mensonge captivant que les petits enfants écouteront soir après soir, les yeux écarquillés et la bouche bée.
Commenter  J’apprécie          80
Une année a passé depuis l’exode du capitaine Marengo. De Windhoek à Berlin en passant par Lüderitz, on a célébré la victoire des troupes impériales sur les sauvages du Sud-Ouest africain. Toute la presse proche du Kaiser y est allée de son habituel couplet triomphal. La victoire a été acquise de façon éclatante contre des peuples primitifs et désorganisés. Le fameux Napoléon noir inspire toujours les mêmes illustrateurs satiriques et c’est à chaque fois un festival de caricatures. Jacob marengo y est représenté avec des allures de vagabond crasseux. Hirsute et dépenaillé, c’est un pauvre clown au cuir usé et aux yeux plissés, on l’affuble de tous les attributs grotesques du bandit de grand chemin. A sa façon, le journalisme de ce début de siècle corrobore les thèses raciales d’Eugen Fischer et le peuple, dans sa grande majorité, se dit que l’Afrique serait une terre idéale d’exil et d’aventure si seulement on parvenait à venir à bout, une bonne fois pour toutes, de ces cannibales répugnants et sanguinaires. Tous ou presque épousent finalement l’opinion du massacreur du Waterberg. Lothar von Trotha, après avoir clairement ordonné la destruction des peuples nama et kherero, avait bien précisé que cette table rase allait enfin permettre d’éclaircir l’horizon colonial. Il avait affirmé que sa stratégie militaire consistait à « exercer la violence par tous les moyens possibles, y compris terroristes. »
Et son but ultime était clair comme de l’eau de roche : « Il faut détruire les tribus africaines par un torrent de sang et d’argent. Car ce n’est qu’une fois ce nettoyage accompli que quelque chose de nouveau pourra émerger, et qui restera. »
Commenter  J’apprécie          80
La machine bien huilée tourne comme une horloge. Aucun raté, pas la moindre hésitation, chaque mexicain avance les yeux fermés sur des chemins balisés. Aucune faiblesse inutile, pas d’état d’âme superflu puisque la substance même de la mort suinte par tous les pores, traverse tous les tissus, se répand au-delà de toutes les frontières. Celle belle mécanique tragique pourra de poursuivre pendant des siècles et des siècles. Et qu’il en soit ainsi est tout naturel puisque l’indifférence ne cesse de nous anesthésier.
Commenter  J’apprécie          90
En réalité rien n’aura changé. Les mêmes filles seront vendues dès l’âge de quinze ans, le même tonnage de cocaïne partira vers les USA et le Vieux Monde, on aura simplement fait triompher le plus puissant des cartels. Les lois d’une économie mondialisée s’appliquent ainsi dans cet univers. Tout tend vers le monopole absolu et l’hégémonie totale. Ce nouveau totalitarisme dépourvu de bannière officielle, recouvert d’une myriade de symboles tatoués à même la peau ou gravé dans l’or des chevalières étranglant les doigts boudinés des mains meurtrières, ce nouvel ordre pèse à ce jour quarante milliards de dollars à l’année. Il est la toute puissance économique d’un pays agonisant d’overdoses et de folie. Les églises ne désemplissent plus, les asiles débordent, les hospices refusent du onde et les prisons sont pleines. Le pays tout entier vomit son surplus d’humanité pourrissante dans les rues des nouvelles cités maudites. L’air même que l’on respire a des relents de bile.
Commenter  J’apprécie          80
L’humanité n’existe plus que sous des formes résiduelles, c’est la résurrection d’un autre monde que Miranda ne connaissait plus depuis l’enfance, une sorte de tissu usé jusqu’à la trame entièrement tendu vers la survivance à tout prix ; et cette civilisation dispersée et déployée dans des étendues insensées de plaines arides et de chaînes rocheuses a développé le sens du camouflage. Les derniers paysans hantent les coins d’ombre, les replis, les cavités. C’est une peuple d’insectes infatigables, de lézards obstinés qui se fossilise silencieusement, un peuple dont Miranda se devine orpheline. Ce pays traversé ne constitue rien pour elle qu’une terre d’exil dont l’«étrange hostilité se manifeste par l’absence : villages déserts, maisons vides, routes à l’abandon, terres en friches…
Commenter  J’apprécie          80

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Philippe Cuisset (22)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
35 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..