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Philippe Cuisset (Autre)
EAN : 9782918406457
200 pages
Kyklos (30/10/2020)
4.5/5   7 notes
Résumé :
Bien que Miranda soit essentiellement une héroïne de papier ou l’ombre indécise de quelques souvenirs vagues, je l’ai croisée au cours de l’automne 2017 à Reims sur un camp de réfugiés et de demandeurs d’asile.

Miranda n’est qu’une des innombrables figures de l’abandon qui s’échouent sur les plages, s’épuisent au pied de murs fraîchement érigés, disparaissent sur le fil ininterrompu de l’exil avant de mourir dans les mascarades savantes des études sta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Compromise malgré elle dans la guerre des cartels au Mexique, la prostituée Miranda n'a d'autre choix que de fuir pour tenter de sauver sa peau. Lancée sur les routes de son pays avec la peur aux trousses, parviendra-t-elle à passer inaperçue et à gagner l'état mexicain de Basse-Californie où l'attend, peut-être, une autre vie ?


Le récit nous plonge dans la vie misérable et sans espoir d'une de ces filles tombées dans les griffes d'un réseau de prostitution au Mexique. Son destin aurait pu peu à peu s'acheminer vers l'usure et la déchéance classiquement réservées à ses semblables, si un coup de théâtre n'était venu soudain anéantir jusqu'à cette pauvre et désolante perspective. Contrainte à une fuite précipitée, sans ressource ni appui si ce n'est la fidèle amie qui l'accompagne, Miranda devient du jour au lendemain l'une de ces innombrables ombres qui traversent furtivement le Mexique, poussées par une urgence vitale dans une odyssée de tous les dangers.


Au travers du destin de Miranda et de la narration toute en tension de sa trajectoire éperdue, se dessinent les silhouettes de tous les migrants, chassés de chez eux par un sort devenu intenable, et lancés à la dérive de courants aléatoires entrecoupés d'obstacles souvent infranchissables. C'est d'ailleurs une rencontre de l'auteur dans un camp de réfugiés en France, avec une femme tatouée de la Santa Muerte - cette déesse de la mort qui remonte à l'histoire ancienne du Mexique -, qui lui a inspiré ce roman. Imaginé avec la plus grande crédibilité, raconté avec une sensibilité pleine de tendresse et de pudeur, le personnage de Miranda prend des allures d'allégorie, fragile et touchante, universelle dans le malheur de son destin brisé par la folie et l'indifférence humaines : une âme à la dérive parmi tant d'autres, une vie de désespoir sans fin pourtant pétrie de dignité, face auxquelles l'auteur exprime sa triste et respectueuse impuissance.


Après Zacharie Blondel voleur de poules paru en 2018, j'ai retrouvé avec plaisir l'élégance et la tonalité douce-amère de la plume de Philippe Cuisset, assorties d'une tension dramatique lucide et désespérée. Ce livre coup de coeur est à découvrir sans hésiter.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Dans ce roman inclassable, à la fois énigmatique et évident, Philippe Cuisset aborde la condition douloureuse, terrible, des femmes au Mexique. Miranda fait partie de ces jeunes femmes qui ont sombré, par naïveté et défaut de protection familiale, dans les réseaux de prostitution tenus par les gangs. L'engrenage est terrifiant et implacable, et elle fait le trottoir depuis plusieurs années, lasse et abîmée par la vie, lorsque débute le récit.

Pour oublier que les hommes salissent son corps et son âme, elle s'adonne assidûment au culte de la Santa Muerte, la "maigrelette", sainte qui se présente sous la forme d'un squelette. Certains jours, elle s'offre un moment à la taqueria (bar où l'on sert des tacos) de son amie Manuela, mais le coeur n'y est pas, et la vie lui fait horreur. Mais au moment où le carnaval approche, les gangs cherchent à mettre la main sur la ville, qui pourrait devenir une plaque tournante juteuse du trafic de drogue. C'est le moment ou jamais, et Manuela propose à Miranda de s'enfuir toutes les deux, pour gagner le Sud des Etats-Unis et s'offrir une nouvelle chance...

J'ai beaucoup apprécié ce roman pourtant dur, relatant une réalité crue, puis nous offrant un voyage un peu désespéré à travers la sierra mexicaine ; les personnages sont bien campés, quoique assez stylisés, l'action ne s'essouffle pas, en-dehors, selon moi, d'une deuxième partie que j'ai un peu moins aimée, seul bémol de cette lecture. J'ai été presque tout le temps prise par l'intrigue, j'avais envie de connaître la suite, bien que ce ne soit pas à proprement parler un thriller. le cadre est vrai à s'y méprendre, les notations sensorielles très réussies, je me sentais physiquement transportée, même si ce voyage suivait les traces d'un autre pas vraiment agréable - il s'agit quand même d'échapper à la mort.

J'ai surtout été impressionnée par l'écriture, la capacité de l'auteur à se projeter dans un personnage féminin, à rendre sans concession, mais aussi - ô combien important ! sans complaisance - l'horreur du trafic sexuel. Cette plongée dans un destin sous emprise, et dans un vaste système qui laisse peu d'espoir à ceux, et surtout celles, qui naissent au mauvais endroit, m'a paru salutaire, car il n'est pas possible à l'heure actuelle de continuer à ignorer ce qui ne va pas dans le monde, cette femme c'est un peu nous, nos enfants. Si nous laissons le monde se paupériser davantage, un jour cela fera tache d'huile et nous serons également touchés. C'est un roman brut, fort, dense, qui ne laisse pas indemne, un cauchemar réaliste atténué par la beauté de l'écriture, et la sympathie que nous ressentons pour les deux personnages principaux.
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« L'indifférence ne cesse de nous anesthésier »
Miranda, c'est la voix de tous ceux qu'on oublie, qu'on ne voit pas parce que c'est plus facile de faire comme si…. Parce qu'après tout, on ne peut pas prendre toute la misère du monde sur son dos, et d'autres s'en occupent et on n'a pas le temps…. Ce n'est pas qu'on ne veut pas hein, c'est juste que c'est comme ça…
Et puis paf, on prend en pleine face un roman, parce que oui, ce n'est qu'un roman ouf, enfin, pas vraiment, l'auteur semble être bénévole pour ces gens qui n'ont plus rien, qui parfois ne sont plus rien….
Miranda est mexicaine, elle a cru à un bel avenir et pourtant une mauvaise rencontre plus tard, elle s'est retrouvée prisonnière de sa vie, soumise, éteinte, obligée d'obéir à son souteneur. Alors elle s'accroche à la Santa Muerte, tatouée sur sa peau. Elle la prie régulièrement, attendant ses conseils, lui demandant de l'aide, car elle peut protéger ou guérir. Pourquoi ne pas y croire ? Dans cette ville de Reynosa où les cartels de la drogue se font la guerre, que peut espérer la jeune femme ? Pas grand-chose. Un jour, Manuela, qui tient le bar à tacos où elle se sert parfois, lui fait une proposition. Fuir toutes les deux. Partir loin, tout laisser et rebondir ailleurs, dans le Sud des Etats-Unis. Quand ? Une fête va bientôt être organisée dans la ville, il faudra profiter du remue-ménage que ça provoquera.
Après avoir assisté impuissant au quotidien difficile de Miranda, le lecteur l'accompagne dans sa fuite. Mais ce n'est pas pour autant qu'on respire. La tension est là, hyper présente car les deux amies sont poursuivies. On assiste, par l'intermédiaire de dialogues très réalistes, aux questionnements qui surgissent, ont-elles fait le bon choix d'itinéraire, de compagnie ? Est-ce un binôme qui peut fonctionner ? Vont-elles s'en sortir ? le tueur qui les trace va-t-il les rattraper ?
J'ai lu ce livre d'une traite, les descriptions sont saisissantes de vérité. On est loin de l'image aseptisée du Mexique avec le folklore, le clinquant, le soleil et le tourisme. On est dans le dur, avec de la violence, des femmes qui ont été brisées. Miranda et Manuela partent, fuyant la pauvreté, ce ne sera peut-être pas mieux ailleurs, la route sera longue et ardue mais elles auront agi par elles-mêmes, elles auront pris leur destin en main.
Philippe Cuisset a su trouver les mots justes pour parler de deux femmes alors qu'il est un homme. L'approche psychologique qu'il en fait est excellente. La place donnée à la Sante Muerte aussi, parce qu'elle est la mort et malgré tout elle apporte une note d'espoir, comme si elle transmettait de la force à Miranda.
Par l'intermédiaire de son recueil, l'auteur nous rappelle qu'ils sont nombreux à s'exiler dans l'espérance d'un meilleur futur, que leurs voix ne sont pas toujours entendues, mais que ces gens luttent à chaque instant, sans renoncer. Miranda puise au plus profond d'elle-même pour avancer, elle a quitté la prostitution et n'abandonne pas, trouvant des ressources insoupçonnées même lorsqu'elle pense être au bout du rouleau. Face à la peur, à l'adversités, les hommes et les femmes sont capables de beaucoup.
En donnant vie à une laissée pour compte, Philippe Cuisset offre de la dignité à tous ceux qui lui ressemblent nous obligeant à nous pencher sur leur histoire, à les regarder dans les yeux, à entendre leurs besoins (pas leurs paroles parce qu'ils ne crient pas, ils ne réclament pas…)…
Après à chacun de voir comment il peut tendre la main, agir, en se souvenant de ce récit et de Miranda pour garder les yeux, le coeur et l'esprit ouverts…..
« L'indifférence devant le malheur ne tient que parce que nous nous agrippons à cette pensée : la mort se contente de nous frôler de son aile et la vie, indolore et tenace, s'échappe au compte-goutte sans que nous nous en rendions réellement compte. »
NB : Coup de coeur douloureux mais coup de coeur quand même, Miranda, je ne vous oublierai pas.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Un récit / itinéraire de plus de 188 pages dans lequel, pour ma part j'ai été happé ; l'histoire de Miranda et de sa complice tragique dans le fuite  ; Manuela. 

A la base de ce roman ; une rencontre bien réelle entre Philippe Cuisset, l'auteur et une femme étrangère et réfugiée dont il a gardé en mémoire  la souffrance, la fierté, une destinée sombre et le tatouage de " Nuestra Senora de la Santa Muerte". Miranda, tel est son prénom va alors être pour l'auteur le visage de toutes celles et ceux exilés loin de leur pays d'origine à la recherche d'un avenir ou d'un destin... et plus particulièrement celles et ceux mexicaines, mexicains qui vouent leur vie au culte de cette divinité paienne à la base et "christianisée" par opportunisme... Etrange culte que celui liant la virginité à la mort.... C'est à partir de ce moment que l'auteur nous emmène au Mexique pour un roman aux connotations à la fois violentes, sanglantes et paradoxalement chargé d'un mince espoir.

Bienvenue au Mexique donc ou derrière l'aspect attractif culturel des premières civilisations, du tourisme, du luxe pour certaines et certains se cachent surtout une véritable misère entre prostitution, corruption, rivalités entre gangs de la pègre. C'est là qu'après la rencontre féérique de Miranda et de Miguel, prince idéal et fortuné d'une seule journée et d'une seule nuit, la descente aux enfers se révèle vertigineuse car Miguel n'est qu'un rabatteur et va vendre au clan famillial Las Cabezas de Léon, la jeune adolescente à des fins de rabattage et de prostitution de masse .... schéma classique et sordide mais réalité de ce pays.

Ouvrière du "sexe" en série, Miranda a néanmoins l'espoir de simplement survivre avec l'aide de Nuestra Senora de la Santa Muerte. C'est sans compter sur la poursuite des conflits entre gangs et clans familliaux de cette ville centrale sur la route de la drogue entre le Mexique et les USA, à l'approche du carnaval, les fusils d'assaut se préparent et une énième guerre des gangs car la drogue doit succéder au commerce du sexe moins rentable... Cet instant où la pression monte entre les personnages -clés , les passions s'exacerbent et la tension atteint son apogée, c'est d'une plume particulièrement aiguisée et informée que l'auteur plante à la fois le décor et le premier acte de ce qui va pousser Miranda et son amie, tenancière de bar, Manuela à accélerer le projet de fuite vers de nouveaux cieux plus cléments et porteurs.

Au coeur d'un réglement de compte entre les plus importants clans de la pègre mexicaine, Miranda n'a plus d'autre choix que de s'enfuir, hors des axes routiers les plus fréquenté avec Manuela dont le frère leur promet un meilleur sort... si elles parviennent au bout de cette course contre le temps et la mort... C'est alors le second temps fort de ce roman où les paysages, les dialogues entre les deux femmes, leurs débats intérieurs se succèdent, brillants et terriblement humains comme la peur de se faire rattraper.... Entre police, forces spéciales, clans, pauvres hères à la recherche de la moindre occasion pour gagner un peu d'argent et d'espoir, il n'y a aucun autre allié possible.... que ces deux femmes et de leur confiance réciproque dans leur fuite en avant. Une véritable approche psychologique forte que nous délivre Philippe Cuisset. Des décors à la fois âpres et angoissants, la BO des titres de la chanteuse Lhasa tout est habilement et parfaitement rendu.

Cette psychologie, ce sens de la perspective marquent aussi la troisième partie ; celle du duel final entre Miranda et le Chien (surnom du tueur envoyé à ses trousses) avec les descriptions de la chasse, du chasseur comme de la proie. Là aussi c'est pour le lecteur, l'occasion de retenir son souffle jusqu'à l'issue de ce combat.... et puis d'espérer pour l'avenir de Miranda....

Une belle lecture, une écriture de grande qualité, un sens de la psychologie des personnages et toujours un témoignage affuté sur une époque.... les mêmes atouts que dans son premier roman. Indiscutablement un auteur à suivre. Merci, le passage tant redouté d'un premier à un second titre est, ici, parfaitement assumé et l'essai est transformé
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Son " Zacharie Blondel, voleur de poule" m'avait déjà enthousiasmée. Avec " Miranda ", Philippe Cuisset confirme tout le bien que je pensais de son talent d'écrivain.
Il voit et raconte comme personne la dignité de ceux que nous ne regardons pas. Il écrit avec son coeur, avec ses tripes, les poings serrés, l'implacable destin de Miranda, qui, à bout de souffle, à bout de prières à la Santa Muerte, va s'embarquer dans un road-trip funeste, comme pour tenter une dernière fois sa chance sans trop y croire.
On sent à chaque page l'amour et le respect de l'auteur pour son héroïne. C'est beau. C'est fort. Je suis profondément touchée. Miranda ne me quittera plus jamais.
À découvrir de toute urgence.

#MIranda #PhilppeCuisset #Kyklos #Mexique #SantaMuerte #Gangs #livres #chroniques #lectures

Le quatrième de couverture :

Bien que Miranda soit essentiellement une héroïne de papier ou l'ombre indécise de quelques souvenirs vagues, je l'ai croisée au cours de l'automne 2017 à Reims sur un camp de réfugiés et de demandeurs d'asile.
Miranda n'est qu'une des innombrables figures de l'abandon qui s'échouent sur les plages, s'épuisent au pied de murs fraîchement érigés, disparaissent sur le fil ininterrompu de l'exil avant de mourir dans les mascarades savantes des études statistiques. M'est-elle apparue dès le début sous la forme d'un squelette ? Je l'ignore, mais il fallait bien que quelqu'un songe un jour à lui rendre un peu de sa chair.
Un roman qui outrepasse l'histoire de sa propre héroïne.
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
En réalité rien n’aura changé. Les mêmes filles seront vendues dès l’âge de quinze ans, le même tonnage de cocaïne partira vers les USA et le Vieux Monde, on aura simplement fait triompher le plus puissant des cartels. Les lois d’une économie mondialisée s’appliquent ainsi dans cet univers. Tout tend vers le monopole absolu et l’hégémonie totale. Ce nouveau totalitarisme dépourvu de bannière officielle, recouvert d’une myriade de symboles tatoués à même la peau ou gravé dans l’or des chevalières étranglant les doigts boudinés des mains meurtrières, ce nouvel ordre pèse à ce jour quarante milliards de dollars à l’année. Il est la toute puissance économique d’un pays agonisant d’overdoses et de folie. Les églises ne désemplissent plus, les asiles débordent, les hospices refusent du onde et les prisons sont pleines. Le pays tout entier vomit son surplus d’humanité pourrissante dans les rues des nouvelles cités maudites. L’air même que l’on respire a des relents de bile.
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L’humanité n’existe plus que sous des formes résiduelles, c’est la résurrection d’un autre monde que Miranda ne connaissait plus depuis l’enfance, une sorte de tissu usé jusqu’à la trame entièrement tendu vers la survivance à tout prix ; et cette civilisation dispersée et déployée dans des étendues insensées de plaines arides et de chaînes rocheuses a développé le sens du camouflage. Les derniers paysans hantent les coins d’ombre, les replis, les cavités. C’est une peuple d’insectes infatigables, de lézards obstinés qui se fossilise silencieusement, un peuple dont Miranda se devine orpheline. Ce pays traversé ne constitue rien pour elle qu’une terre d’exil dont l’«étrange hostilité se manifeste par l’absence : villages déserts, maisons vides, routes à l’abandon, terres en friches…
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La machine bien huilée tourne comme une horloge. Aucun raté, pas la moindre hésitation, chaque mexicain avance les yeux fermés sur des chemins balisés. Aucune faiblesse inutile, pas d’état d’âme superflu puisque la substance même de la mort suinte par tous les pores, traverse tous les tissus, se répand au-delà de toutes les frontières. Celle belle mécanique tragique pourra de poursuivre pendant des siècles et des siècles. Et qu’il en soit ainsi est tout naturel puisque l’indifférence ne cesse de nous anesthésier.
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L’indifférence face au malheur ne tient que parce que nous nous agrippons à cette pensée : la mort se contente de nous frôler de son aile et la vie, indolore et tenace, s’échappe au compte-goutte sans que nous nous en rendions réellement compte.
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Derrière ce masque puéril d’une froideur frénétique, le carnaval exhibe en réalité la puissance militaire des forces locales. Les troupes de chaque section avancent et animent le coeur maladif d’une ville sous perfusion. Camée depuis ses artères principales jusqu’aux moindres veinules de ses ruelles, la ville frontière gavée de poudre et d’alcool frelaté avance et crépite, rue après rue, comme une coulée de lave sur une forêt sèche. Elle prend des allures de boxeur groggy dont les yeux hallucinée fixent un horizon de haine. Somnambule et incandescente sur cette terre qui craquelle, la procession criarde se nourrissant de poussière ricoche sur les murs et se laisse dériver comme des algues mortes.
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