Et la dernière fois que quelqu'un avait demandé à Mac de remettre un groupe sur les rails, c'était six mois auparavant. Mac avait fait partie d'un des groupes punks des origines, en 1976, mais un de ceux qui avaient oublié d'entrer dans la légende. Ils avaient quelques fans en Italie, et dans la plupart des pays qui constituaient la Yougoslavie l'époque, mais guère plus.
Nouvelle New rose.
Cet hiver-là, nous avions tous les six dormi par terre dans une chambre du minuscule appartement de la sœur de notre chanteuse à Highbury New Park, le ghetto nord. Emmitouflés comme des chrysalides dans nos sacs de couchage puants, on attendait le printemps pour pouvoir éclore comme des papillons.
Nouvelle Sic transit gloria mundi.
Plus tard cette nuit-là, allongé dan son lit, Coughlan écoutait avec gravité et résignation la dispute de ses voisins, dont les voix étaient saoules et les insultes mal articulées. Le cirque recommençait presque tous les soirs de week-end avec, en plus, les bourdonnements de la musique qui traversaient les murs, ceux qui lui rappelaient cette nuit, pendant la guerre, au cours de laquelle une bombe allemande avait réduit la maison de ses voisins en cendres.
Nouvelle L'île au pingouins
Toute personne sensée reconnaîtrait que sans lois ni agents de police préparés à faire le sale boulot avec vigilance, la société deviendrait une véritable jungle. Ceci dit, il y a encore trop d’âmes charitables qui aiment salir l’image de la police de Londres.
Ce que vous tenez entre les mains n’est pas une anthologie de nouvelles noires qui se déroulent à Londres, mais plutôt une anthologie de récits qui sont Londres. Ce qui se passe au fil de ces pages parlerait à ceux qui, par le passé, ont révélé la psyché de la ville par les mots , les arts plastiques, la musique, le théâtre ou la magie. Ce n’est pas tant que Londres a été la ville de William Blake, Charles Dickens, Samuel Pepys, Daniel Dafoe, Oscar Wilde, George Orwell , Dylan Thomas, Francis Bacon, Joe Strummer, Johnny Rotten ou du Dr. Johnson. Non, le fait est qu’elle l’est encore aujourd’hui.
Cathi Unsworth, Crime et establishment, p. 9
LE 5 septembre à quinze heures, j’étais censé être à la Soho House, sur Greek Street, pour rencontrer le réalisateur Jon Powell. Jon s’intéressait à un script que j’avais écrit, Rough House, sur des sales affaires qui s’étaient déroulées dans les années 1970 à Soho. Sa dernière réalisation, Anxiety – un film d’horreur aux faux airs de téléréalité – était entrée dans le top 10 du box-office. Autant dire que j’étais impatient et nerveux pendant le trajet en métro de Kilburn à Piccadilly Circus : je voulais vraiment que tout se passe au mieux. Le souci, c’est qu’il fallait absolument que je me mette quelque chose dans le ventre rapidement, pour faire taire mes gargouillements et lutter contre mon hypoglycémie, laquelle était en train de me rendre encore plus nerveux et crispé. J’avais de la chance. Il me restait une heure à tuer avant le fameux rendez-vous, et le Ristorante Il Pollo, qui sert les meilleures lasagnes de tout Soho, était tout près de Greek Street, là où je devais justement rencontrer le réalisateur.
London’s Burning, London Calling, Waterloo Sunset, The Guns of Brixton... Londres bat au rythme de la musique du monde, chacun de ses quartiers raconte ses propres légendes populaires au travers du bhangra, du reggae, du ska, du blues, du jazz, du fado, du flamenco, de l’électro, du hip-hop, du punk : à vous de choisir votre bande-son. (Cathi Unsworth, Introduction.)
À ma deuxième pinte, j’ai osé un regard furtif en sa direction. Elle m’observait et m’a fait un signe. J’étais fou. C’était quoi, ce bordel ? J’ai pris un Jack Daniel pour la route – je ne suis pas un grand buveur, c’est que cette merde se transforme rapidement en habitude, et j’ai des projets, moi, et devenir alcoolique n’en fait pas partie.
Elle s’est dirigée vers la porte et je lui ai demandé si elle s’en allait.
C’était ce que je voulais toujours, les faire partir le plus rapidement possible. Mais maintenant…
La main sur la hanche, elle m’a dit, les sourcils levés : « Quoi ? Tu pensais quand même pas qu’on allait repartir pour un tour ? Je crois que tu n’es plus vraiment à bloc à ce niveau-là, si tu vois c’que j’veux dire, et qu’il va te falloir une bonne semaine pour t’en remettre, non ? »
J’étais piqué au vif, pas une ne s’était plainte avant ça ; j’aurais dû lui dire de claquer la porte en partant, mais au lieu de ça, j’ai presque pleurniché : « Est-ce que je vais te revoir ? »
Les histoires de Londres transpirent de ses murs, suintent des fondations construites il y a deux mille ans par les Romains, remontent de ses égouts, de ses rivières souterraines, des tunnels de métro, elles filtrent des pavés. Elles se fraient un chemin dans les ruelles tortueuses qui se sont formées bien avant que le système implacable des rues quadrillées leur soit supplanté. Elles chuchotent leurs secrets sur les marchés, là où toutes les langues du monde ont été et sont parlées, là où tout est marchandise, des fruits et légumes jusqu’aux vies d’enfants.