- Ne t’arrête pas aux caprices de cet enfant gâté, me conseille-t-elle. Il va bouder cinq minutes avant d’oublier pourquoi il était furax.
- Je ne pensais pas Loan capable de se comporter de façon aussi… puérile. Il est tellement calme et réfléchi d’habitude !
- Il faut dire que la majorité du temps, il obtient absolument tout ce qu’il veut. Dans ces conditions, il ne retire aucun mérite à rester magnanime.
- Hum. C’est juste que je n’aime pas le voir comme ça. Tu es certaine de ne pas l’avoir trop brusqué ?
- Bah, moi tu sais, je dis toujours qu’avec les gosses, le seul truc qui fonctionne c’est un bon coup de pied au cul !
- Ton frère n’est plus un enfant !
- Vraiment ? me demande-t-elle avec malice.
Ai-je touché la corde sensible? Prends les choses en main, ma fille, au lieu de laisser le doute te torturer.
Il l'avait ramené chez lui pour une bonne raison : profiter d'elle.
Ce nain lubrique me reluque des chevilles jusqu'aux cuisses sans vergogne. Un peu de discrétion bon sang! Il se croit à la boucherie en train de choisir un morceau de viande pour le dîner de ce soir?
À partir de ce jour, son nom se réduirait à B6-244. Les professeurs de Rivelle Institut l’avaient choisi d’un commun accord pour intégrer le programme de mixité en raison de ses excellentes aptitudes scolaires. D’où venait l’idée d’une supériorité intellectuelle chez les ultra-sapiens ? B6-244 l’ignorait. Reposait-elle sur un quelconque fondement ? Elle espérait bien que non. De toute façon, elle ne tarderait pas à montrer à tous ces pédants génétiquement modifiés qu’elle possédait autant de matière grise qu’eux, voire davantage. Quand bien même ce n’était pas gagné d’avance, elle éprouvait une certaine fierté à représenter une classe sociale durement stigmatisée. Pourquoi les infra-sapiens ne méritaient-ils pas d’accéder à un enseignement de qualité ? Refuser d’intégrer des boursiers allait à l’encontre du bon sens et des droits fondamentaux de l’Homme. Frontverde pouvait se vanter d’appartenir aux meilleures écoles, elle ne restait pas moins de celles qui cautionnaient les inégalités de traitement. Du moins, pour l’instant.
B6-244 mit un certain temps avant de réaliser l’ampleur du bouleversement que représentait son engagement, mais elle se savait prête à présent. Perdre une partie de son identité s’avérait difficile à accepter. Néanmoins, elle l’endurerait, et ce jusqu’au bout, quel que soit l’accueil que lui réserveraient ses nouveaux camarades.
Je n'embrasserais jamais un homme pour lequel je ne ressens rien.
"Des changements s’opéraient également chez le maître des lieux. Il devenait moins exigeant, essayait de tempérer son humeur et ne s’évertuait plus à répandre le pop-corn au caramel sur le carrelage du salon pour la forcer à nettoyer derrière lui. Il ne bourrait pas non plus la panière à linge en se changeant trois fois par jour et, cerise sur le gâteau, elle reçut le jour de son anniversaire une énorme boîte de macarons, accompagnée d’une suspension de corvées. Comment connaissait-il sa date de naissance ? Elle préférait ne pas y penser, mais voilà, il lui accordait un minimum de considération."
Le fils Von Baren restait néanmoins convaincu d'une chose : le hasard avait fait de Sixtine la plus belle de toutes les femmes. Elle ne se voulait pas parfaite, mais elle était unique.
Avant, il ne requérait la présence de personne. Il se passait de tout et de tout le monde. A présent, il ne se voyait plus vivre sans elle.
J’ai cru que jamais plus je ne pourrais te dire combien je t’aime. Je t’aime, Bé, tu m’entends ? Je t’aime plus que tout...